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Nom de guerre (field name) : « Archambaud » ou « Archambault »
Nom de code opérationnel pour la RAF et pour la centrale radio : BUTCHER (en français BOUCHER)
Autre pseudo : Gilbert Aubin
Famille
Son père : Anglais
Sa mère : Française
Biographie
1915. Naissance le à Saint-Cloud, Île-de-France, de Gilbert Norman.
Éducation en France et en Angleterre.
1940. Il entre dans l'armée, au Régiment d'infanterie légère de Durham. Il sert comme officier de liaison auprès du quartier général de l'armée du général Sikorski.
1942. Il est recruté comme agent du Special Operations Executive (SOE). En novembre ou décembre, il est parachuté en France, dans la région de Tours, pour rejoindre comme opérateur radio le réseau Prosper-PHYSICIAN nouvellement formé. Le réseau se développe au point de devenir le plus important du SOE section F (pour section française). Un second opérateur radio, Jack Agazarian, arrive fin décembre.
1943. Dans la nuit du 23 au , un peu après minuit, Norman est arrêté par la Gestapo à son domicile, boulevard Lannes, chez son ami d'enfance Nicolas Laurent[1], où il est hébergé depuis une semaine dans un appartement donnant de plain-pied sur l'avenue Henri-Martin), en même temps qu'Andrée Borrel « Denise ».
Arrestations de Gilbert Norman et d'Andrée Borrel
[Sources : Guillaume, p. 74 ; Maloubier, p. 160-161]
Entre minuit et minuit 15, on sonne à la grille du jardin, 75, boulevard Lannes. Nicolas Laurent se lève et va ouvrir la porte à un jeune homme, qui demande à parler à Gilbert de la part d'« Archambault ». Nicolas Laurent rentre, réveille Gilbert Norman et lui annonce qu'on le demande. L'heure insolite de cette visite les inquiète tous les deux ; mais, quand Nicolas Laurent ajoute : « On vous demande de la part d'Archambault », Gilbert rassuré se lève aussitôt. « Archambault » est le pseudo de Gilbert Norman, ignoré du couple Laurent. Gilbert Norman a dû conclure de cette phrase « de la part d'Archambault » que le visiteur était un messager important. Il met donc sa robe de chambre et va ouvrir la porte du jardin ; quinze hommes se précipitent sur lui et l'arrêtent.
L'entrée principale de l'immeuble au 96, avenue Henri-Martin, ne semble pas avoir été occupée par les Allemands. Au dire de Nicolas Laurent, les quinze hommes, qui vinrent en deux voitures, étaient aux aguets boulevard Lannes, et d'ailleurs, n'auraient pu encercler le pâté de maisons qui occupe un périmètre d'environ 300 m. Si l’inquiétude de Gilbert n'avait pas été entièrement dissipée par le nom d’Archambault, il aurait pu facilement, sinon s'échapper par la porte de l'avenue Henri-Martin, peut-être surveillée, mais tout au moins s'enfuir par les toits et trouver refuge dans un autre immeuble, au lieu de descendre spontanément recevoir cet insolite et mystérieux visiteur.
Puis les Allemands arrêtent Andrée Borrel, Nicolas Laurent et sa femme Maud.
Quelques heures plus tard, vers 10 h du matin, le 24, ce sera le cas également du chef du réseau Francis Suttill « Prosper » à son meublé près de la porte Saint-Denis[2]. Norman est amené au quartier général du Sicherheitsdienst (SD), au 84 Avenue Foch, Paris. Il est interrogé pendant plusieurs jours. Les Allemands utilisent son poste émetteur pour transmettre de faux messages au quartier général du SOE Section F à Londres, Baker Street. Norman tente d'avertir Londres qu'il est capturé, en omettant de donner aux Allemands le second contrôle de sécurité (disposition inconnue des Allemands). Mais il est effondré de constater que Londres ne comprend pas, répondant sèchement qu'il doit corriger son omission ! Les Allemands sont alors en mesure de mettre en place un piège qui conduit à la capture de Jack Agazarian, venu avec Nicolas Bodington (no 2 de la Section F) pour enquêter sur l'effondrement du réseau. Après des interrogatoires brutaux, Norman est envoyé au camp de concentration de Mauthausen.
1944. Norman est exécuté le .
Reconnaissance
Major Gilbert Norman est honoré :
au Brookwood Memorial, Surrey, Angleterre,
au mémorial de Valençay, Indre, comme étant l'un des 104 agents de la section F morts pour la France.
Paul Guillaume, La Sologne au temps de l'héroïsme et de la trahison, 394 pages, Orléans, Imprimerie nouvelle, 1946.
Anthony Cave Brown, La Guerre secrète, le rempart des mensonges, Pygmalion/Gérard Watelet, 1981.
Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN978-2-84734-329-8) / (EAN9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
Richard Seiler, La Tragédie du Réseau Prosper, Pygmalion, 2003.
John Vader, Nous n'avons pas joué, l'effondrement du réseau Prosper 1943, Le Capucin, 2002. Ce livre est la traduction française du livre Prosper double-cross, Sunrise Press, 1977, traduction, notes et annexes de Charles Le Brun.
Jacques Bureau, Un soldat menteur, Robert Laffont, 1992. Témoignage direct d'un membre du réseau.
Libre Résistance, bulletin d’information et de liaison, anciens des Réseaux de la Section F du S.O.E. (Special Operations Executive), Réseaux BUCKMASTER, no 30, 4e trimestre 2010, p. 8.
↑À Saint-Cloud, les jardins des deux familles, Norman et Laurent, étaient contigus et tout le monde se retrouvait à Biarritz pour les vacances. Nicolas Laurent, marié en premières noces à une Britannique, Maud Penning, s'est tout naturellement engagé dans le réseau Prosper-PHYSICIAN dès l'arrivée en mission de Gilbert.