Georges Rouquier est le fils d'un père aveyronnais et d'une mère languedocienne. Sa mère tient une épicerie et son père une laiterie qu'il gère avec un de ses oncles, et ils ont peu de temps à consacrer à leur fils[2]. Son père est tué à Verdun en ; sa mère est criblée de dettes et doit se séparer de son commerce[2]. À 16 ans, il devient linotypiste à Paris-Soir[3],[4] et tente une première fois sa chance au cinéma avec 2 500 francs pour réaliser Vendanges en 1929, mais il devra attendre 1942 pour que le producteur Étienne Lallier accepte de le financer et lance sa carrière[2].
Il s'est notamment rendu célèbre auprès des cinéphiles par ses documentaires originaux, et surtout par son diptyque de Farrebique (1947) et, 38 ans plus tard, Biquefarre, fictions tournées à Goutrens, avec des non-comédiens, de sa famille et du voisinage. Ces fictions documentées sont des chroniques de la vie paysanne dans le Rouergue de l'après-guerre. Malgré la polémique — Farrebique est notamment décrié par le dialoguiste de renom Henri Jeanson —, le film est projeté hors-compétition au Festival de Cannes, mais éliminé de la sélection officielle. Il obtient malgré tout un prix créé spécialement, le Prix de la critique internationale. Il est ensuite présenté en avant-première à l'Opéra de Paris, en présence de Paul Ramadier, président du Conseil, mandaté par le président Vincent Auriol, ainsi que de tous les Rouquier et de nombreux Aveyronnais de Paris.
La RKO Pictures, célèbre compagnie de distribution américaine, achète les droits du film, le distribue et le projette au cinéma Madeleine à Paris, en même temps que Saludos Amigos de Walt Disney, en sortie nationale. Farrebique passe en tête des entrées en une seule semaine et vaudra à Georges Rouquier, outre sa distinction à Cannes, Le Grand Prix du Cinéma Français, la Médaille d'or à Venise et le Grand Épi d'or à Rome.
Farrebique est étudié ensuite dans les universités américaines comme modèle du genre, ce qui explique que Coppola et Spielberg le soutiendront et qu'ainsi, et avec l'aide d'universitaires, il obtiendra un financement de capitaux américains du National Endowment for the Humanities pour son dernier long-métrage Biquefarre, en 1983, avec les mêmes personnages incarnés par les mêmes non-comédiens locaux, exposant, dans cette fiction documentaire, le monde paysan et ses problèmes au tournant des années 1980. C'est dans ces années d'évolution du monde agricole qu'il rencontre et influence Yves Garric[5].
Ses documentaires sur les métiers sont également appréciés, oscillant toujours entre fiction et réalité documentaire.
↑ ab et cMaria Rouquier Signorini, « Georges ROUQUIER », sur lips.org (consulté le ).
↑ a et b« Georges Rouquier, artisan-cinéaste / France Inter », sur France Inter (consulté le ) : « ...Ensuite, arrivé à Paris en 1925, travaillant la nuit dans les années trente comme linotypiste à Paris-Soir, ...Rouquier n’a jamais tourné contre son gré et a toujours voulu rendre à leur grandeur les vies minuscules. »
↑Encyclopaedia Universalis, Dictionnaire du Cinéma français : (Les Dictionnaires d'Universalis), Encyclopaedia Universalis, , 1496 p. (ISBN978-2-341-00273-8, lire en ligne), ...Georges Rouquier fut d'abord ouvrier typographe, puis linotypiste.
↑« Espace Georges-Rouquier », sur www.espacegeorgesrouquier.fr (consulté le ) : « Le cinéaste Georges Rouquier a réalisé et tourné à Goutrens, à 38 ans d’intervalle, deux films culte de l’histoire du cinéma, Farrebique (grand prix de la critique internationale à Cannes en 1946, médaille d’or à Venise en 1948, Grand Épi d’Or à Rome en 1953) et Biquefarre (Grand prix spécial du jury au festival de Venise en 1983). »
↑Cinéma, Fédération français des ciné-clubs, (lire en ligne)