Élevé à l'« École des manteaux bleus », dans la musique donc mais aussi une piété rigoureuse, George Peele y termine en , à l'âge de quatorze ans, ses études latines en remportant un prix[Ashley 7]. Il est un des deux élèves choisis par l'institut pour poursuivre des études au Broadgates Hall d'Oxford, qu'il rejoint dès la fin du mois[Ashley 7].
Sa mère Anne[Ashley 3] meurt l'année de son diplôme, durant l'été[Ashley 11]. Revenu à Londres, il voit sa pension, réglée par son père qui n'attendra pas un an et demi pour se remarier, lui être supprimée à la demande du conseil d'administration de l'Hospice du Christ, ce à partir du [Ashley 11].
Esprit cultivé et fin, George Peele est d'une complexion surprenante, jambes courtes, teint sombre, cheveux roux, souffre d'un strabisme, porte la barbe et parle d'une voix féminine et haut perchée[Ashley 11]. Il a vingt quatre ans et retourne à Oxford épouser Anne Cooke, héritière de sept ans sa cadette dont le père, un riche[2] marchand, décède en [Ashley 12]. Le couple aura deux filles[Ashley 13]. Le , c'est son père, après un an et trois mois de veuvage, qui se marie, avec une Christiane Widers[Ashley 13]. Père et fils ne se parleront plus.
En 1585, il est chargé, comme l'avait été deux fois son père, d'organiser le cortège(en) inaugural du Lord maire, en l'occurrence Wolstan Dixie(en). La cérémonie se déroule le . Le discours de bienvenue est de sa plume.
Le , son père décède[Ashley 4]. Sa veuve n'a pas les moyens de payer l'enterrement[Ashley 13]. Un an plus tard, George Peele commence lui aussi à connaître des difficultés pour maintenir son train de vie. Le , il contracte un prêt de vingt livres[Ashley 13]. Ces petits emprunts seront désormais récurrents[Ashley 13].
En 1590, il écrit et ordonne le spectacle donné au Cours des joutes, à Westminster, le de cette année pour le quarante deuxième Anniversaire de l'avènement(en) de la reine Élisabeth, c'est-à-dire la mort de la reine Marie. Le spectacle qu'il produit à l'occasion de cette joute de l'avènement(en) et qu'il intitule Polhymnia culmine et se clôt par un poème mis en musique et chanté par Mr. Hales, chantre admiré et musicien de la Reine[Dyce 3]. Un Adieu aux armes salue le champion de la Reine(en)Henri Lee prenant sa retraite et évoque les amours vieillissantes. C'est aujourd'hui une pièce d'anthologie de la poésie anglaise.
À Londres, George Peele mène une vie d'insouciance et la dot de sa femme est dilapidée[1]. Les immeubles[1] sont vendus. Le poète, cible des Puritains, est dénoncé, parfois avec complaisance, dans plusieurs pamphlets comme une figure du Londres dissolu, celle d'un filou dans la débrouille, violent et jouisseur. Dans cette légende qui lui est faite, les auteurs anonymes n'hésitent pas à lui resservir des anecdotes attribuées à François Villon[Ashley 18]. Il a effectivement pour compagnon de bombe Robert Greene, qui, l'incitant en 1592 à la repentance, évoque leurs « revirements dans la vie les plus extrêmes »[3]. Toutefois ses pièces sont jouées et même publiées.
À la suite de son revers de fortune, « Geo » se réfugie à Brentford, dans l'ouest londonien. Il y assure l'animation musicale dans la taverne des Trois Pigeons[Dyce 4] où se produira cinquante ans plus tard l'acteur John Lowin(en), dans l'échoppe d'un barbier chirurgien, Anthony Nit[Dyce 5], distrayant de son luth le client le temps d'une extraction dentaire, soupant aux crochets des uns ou des autres.
En 1593, il est payé trois livres, somme relativement importante, pour un compliment qu'il a tourné en vers pour la réception dans l'Ordre de la Jarretière de Henri Percy, comte de Northumberland qualifié pour l'occasion de Mécène, cérémonie qui se tient le de cette année.
Dix ans après sa mort, en 1607, parait une Prétendue joyeuse Farce de George Peele, facétie(en) qui inspirera Le Puritain(en), drame longtemps classé dans les Apocryphes(en) de Shakespeare dans lequel un avatar de George Peele est dépeint en charlatan trousseur de dots. Aujourd'hui, un des huit pavillons de l'Hospice du Christ à Horsham porte le nom de Peele, en l'honneur du père mais aussi en souvenir du fils.
« Lignes adressés à Thomas Watson », in Th. Watson, The Εκατομπαθια, Or Passionate Centurie of Love, préface, Gabriell Cawood, Londres, 1582.
« Un Adieu. Adressé pour la gloire et la bonne fortune des Généraux de nos forces Anglaises Monsieur Jean Norris et Monsieur Drake, Chevaliers, et leurs braves et déterminés compagnons. », .
« [...] une éducation classique de haut niveau et un goût pour les trouvailles à symétrie de grande envergure propres à une rhétorique de haut vol[7]. »
— Érudition et préciosité savante, voire gongorisme, qui distinguent, selon des critiques contemporains, Peele de Shakepeare.
« [...] équilibre intense de l'hésitation avec la force explosive (des mots). »
T. P. Logan & D. S. Smith, The Predecessors of Shakespeare: A Survey and Bibliography of Recent Studies in English Renaissance Drama, University of Nebraska Press, Lincoln (Nebraska), 1973.