Les espèces les plus utilisées pour leurs propriétés médicinales sont l'Aubépine monogyne, ou Aubépine à un style (Crataegus monogyna), et l'Aubépine épineuse, ou Aubépine à deux styles (Crataegus laevigata), tandis que l'Azérolier, ou Épine d'Espagne (Crataegus azarolus), est recherché pour ses fruits appelés cenelles.
Étymologie
Le mot cratægus est issu du latin, transcrit du mot grecκράταιγος / krátaigos, « épine, néflier », composé de κράτος / krátos signifiant « force » (allusion à la dureté du bois).
Le nombre d'espèces appartenant au genre est difficile à déterminer compte tenu de la facilité avec laquelle les différentes espèces d'aubépines s'hybrident entre elles en générant des variétés polyploïdes se reproduisant par apomixie. La classification dépend donc des différentes interprétations taxonomiques et varie de 200 à 1 200 espèces[5], sans compter les cultivars ornementaux.
Crataegus laevigata est plus précoce et possède des feuilles à 3 lobes moins découpées que Crataegus monogyna. Ces deux espèces s'hybrident cependant spontanément. Crataegus monogyna possède des fleurs à un seul style et des fruits à un seul noyau qui ressemblent à de petites pommes.
L'aubépine de Bouquetot, dans l'Eure, passe pour être une des plus anciennes de France, ayant été plantée près de l'église du village vers 1360.
Saint-Mars-sur-la-Futaie (Mayenne)
La plaque commémorative déclare que cet arbre serait « le plus vieux de France », daté, selon la tradition locale, du IIIe siècle.
Soulcoudus
Dans les années 1970, un facétieux jardinier municipal de la ville de Vigo en Espagne, Miguel Sulcudor, s’était passionné pour les greffes sur les aubépines. Sur des bases de Crataegus monogyna, il greffait de l’aubépine rose, du poirier, du néflier, en mélangeant sur un même arbre ces variétés. Il produisait ainsi des arbres qui donnaient des fruits d’un côté et des fleurs de l’autre. Il réalisait aussi des greffes en écusson sur un même tronc en panachant aubépine rose, poirier, néflier, ce qui donnait des arbres où chaque branche était différente. Il donna à ces créations le nom de Sulcudus et plusieurs dizaines de ce type d’arbres furent plantées dans les différents parcs et jardins de la ville. Faute d’entretien, beaucoup de ces arbres ont dégénéré et seul subsiste le greffon d’aubépine rose qui a supplanté le reste ; néanmoins, on peut encore admirer quelques magnifiques spécimens de Sulcudus dans le parc de Pontevedra où chaque année au mois de mai, ces arbres se couvrent de fleurs roses et blanches (aubépine et poirier) et qui dès août produisent profusions de belles poires pour le bonheur des promeneurs. En France, des greffeurs amateurs se sont inspirés des créations de Miguel Sulcudor et l'on peut trouver, notamment en Bretagne, sous le nom de « Soulcoudus » des aubépines donnant plusieurs sortes de fleurs et de fruits sur un même arbre.
La légende autour de l'aubépine de Glastonbury est chrétienne. Joseph d'Arimathie aurait planté son bâton sur la colline de Wearyall (Wearyall Hill) où il poussa pour devenir une magnifique aubépine. Cette aubépine est mentionnée pour la première fois dans Lyfe of Joseph of Arimathea [la vie anglo-saxonne en vers de Joseph d'Arématie] qui date du XVIe siècle. Cette aubépine fleurissait deux fois l'an. Une floraison peu après le solstice d'hiver sur le « vieux bois » et un autre au printemps sur le « jeune bois ». La floraison de l'hiver était considérée comme un miracle.
Glastonbury.—A vast concourse of people attended the noted thorn on Christmas-day, new style; but, to their great disappointment, there was no appearance of its blowing, which made them watch it narrowly the 5th of January, the Christmas-day, old style, when it blowed as usual.[8]
[Glastonbury.- Une foule de gens s'attendaient à voir le bouton fameux le jour de Noël, date moderne[Note 1] mais à leur grande déception il n'y avait aucune trace de sa floraison, c'est pour cette raison qu'ils la scrutaient anxieusement le 5 janvier, Noël ancien temps, et là elle fleurissait comme d'habitude.]
L'arbre fut abattu pendant la Première Révolution anglaise au milieu du XVIIe siècle. Un autre fut planté à sa place en 1951 mais celui-ci fut vandalisé en 2010[9].
Les feuilles sont en revanche tonicardiaques. Il est donc préférable de ne pas mélanger feuilles et fleurs dans une même infusion ou tisane.[réf. nécessaire]
Autres usages
Les fruits ont parfois été consommés en compote ou utilisés pour réaliser des confitures.
Les peuples natifs de l'ouest du Canada utilisaient les épines comme hameçons.
L'aubépine est donc liée au premier mai ou à la veille du premier mai. Ceci est peut-être dû au nom gaelique (celtique) de l'aubépine qui est "Buisson de Beltaine"[13].
La branche d'aubépine bien épointée serait souveraine contre les vampires quand elle leur transpercerait le cœur.
Les aubépines tiennent un rôle central dans À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, notamment dans Combray : « Je revenais devant les aubépines comme devant ces chefs-d'œuvre dont on croit qu'on saura mieux les voir quand on a cessé un moment de les regarder, mais j'avais beau me faire un écran de mes mains pour n'avoir qu'elles sous les yeux, le sentiment qu'elles éveillaient en moi restait obscur et vague, cherchant en vain à se dégager, à venir adhérer à leurs fleurs. Elles ne m'aidaient pas à l'éclaircir, et je ne pouvais demander à d'autres fleurs de le satisfaire. »
Marc Lavoine a interprété la chanson Rue des Acacias où il fait référence à une «rue des aubépines».
Biga Ranx et Pupajim reviennent sur leur enfance sur le morceau Aubépines.
Notes et références
Notes
↑Date moderne fait ici référence à la date du calendrier grégorien instauré en 1582 pour les catholiques, mais dans les pays protestants la mise en place s'est faite petit à petit. Le calendrier grégorien a décalé les dates de 10 jours. Le 25 décembre se trouvait donc être le 5 janvier.
↑« Au temps où il y avait encore des juments dans les fermes, elle avait le rôle tout à fait particulier de servir d’ostensoir au placenta de l’animal qui avait pouliné. Plusieurs explications sont aujourd’hui données à cette pratique d’où il ressort, finalement, que l’aubépine est un arbre porte-bonheur dont l’existence « sur le chemin de l’étalon » est lié à la fertilité des juments »[10].
↑Christensen, K. I. (1992), Revision of Crataegus sect. Crataegus and nothosect. Crataeguineae (Rosaceae-Maloideae) in the Old World, Systematic botany monographs, v. 35. Ann Arbor, Mich, American Society of Plant Taxonomists.
↑Luke Salkeld, « Vandals have hacked at the heart of Christianity: 2000-year-old Holy Thorn Tree of Glastonbury is cut down », Daily Mail Online, London, (lire en ligne, consulté le ).
↑Jean-François Simon, « La maison bretonne traditionnelle dans son environnement », Penn ar Bed, no 195, , p. 31 (lire en ligne).
↑(fr + et + de) Agroscope, « Feu bactérien », sur agroscope.admin.ch, (consulté le )
André Sabourin, « L’aubépine du Canada (Crataegus canadensis Sargent), une espèce à part entière, endémique au Québec et différente de l’aubépine subsoyeuse (Crataegus submollis Sargent) », Le Naturaliste canadien, vol. 142, no 1, , p. 6-15 (DOI10.7202/104201ar, lire en ligne).