Geoffrey Chaucer est le fils d'un marchand de vin londonien prospère, John Chaucer (vers – ). Il est vraisemblablement né dans Thames Street, au cœur du quartier de Vintry ward. Son parcours éducatif est incertain. Il est possible qu'il ait été scolarisé à l'aumônerie de la cathédrale Saint-Paul, mais rien ne permet d'affirmer qu'il soit jamais passé sur les bancs de l'université[1].
Chaucer est mentionné pour la première fois dans un document écrit en , comme serviteur dans la maisonnée de la comtesse d'Ulster Élisabeth de Burgh. Il combat en France, vraisemblablement sous les ordres du mari d'Élisabeth, le duc de Clarence Lionel d'Anvers. Fait prisonnier durant le siège de Reims, il est libéré le contre rançon. On retrouve sa trace en Navarre en , où il agit peut-être pour le compte du Prince Noir. Chaucer se marie vers avec Philippa Roet, une dame de compagnie de la reine Philippa de Hainaut. Il entre peu après dans la maison du roi Édouard III et commence à toucher une pension annuelle, sans compter les différents dons et indemnités qu'il reçoit par ailleurs[1].
Dans les années qui suivent, Chaucer se rend à plusieurs reprises sur le continent en qualité d'envoyé diplomatique. Le premier poème de Chaucer que l'on puisse dater avec certitude provient de cette période : il s'agit du Livre de la Duchesse, un hommage à l'épouse de Jean de Gand, Blanche de Lancastre, décédée en . Chaucer visite pour la première fois l'Italie de façon certaine en -, à l'occasion d'une mission diplomatique à Gênes. Il est possible qu'il s'y soit rendu dès , pour assister au mariage de Lionel d'Anvers avec Violante Visconti, la fille du duc de Milan, mais sa présence n'est pas attestée. Bien qu'il n'ait probablement pas rencontré en personne Pétrarque et Boccace lors de ses séjours italiens, il y découvre leurs œuvres, ainsi que celles de Dante, qui l'inspireront profondément[1].
De retour en Angleterre, Chaucer reçoit un logement gratuit à vie à Aldgate en , et il est nommé contrôleur des douanes du port de Londres. Il continue à voyager pour le compte du roi Richard II, notamment pour un second séjour en Italie en . Durant cette période, il écrit Le Palais de renommée (The House of Fame) et Le Parlement des oiseaux (The Parliament of Fowls). Il faut sans doute placer également ici Troïlus et Criseyde (Troylus and Criseyde), ainsi que sa traduction en prose du Consolation de la philosophie de Boèce. S'il était à Londres en , il aurait vu passer sous ses fenêtres les leaders de la Révolte des paysans[1].
Chaucer démissionne en et part pour le Kent, peut-être à Greenwich, où il représente la justice royale pendant quelques années. C'est peut-être de cette période que date La Légende des femmes vertueuses (The Legend of Good Women). Sa femme meurt vraisemblablement en . C'est probablement vers cette époque qu'il commence la rédaction des Contes de Canterbury. Il occupe divers postes administratifs durant la dernière décennie de sa vie : clerc des travaux royaux, garde forestier adjoint à North Petherton. Après la déposition de Richard II en , le nouveau roi Henri IV confirme les privilèges attribués à Chaucer, mais ce dernier disparaît des documents administratifs au cours de l'année . Sa pierre tombale dans le « Coin des poètes » dans l'abbaye de Westminster, gravée un siècle plus tard, date son décès du [1].
Chaucer laisse plusieurs enfants. Son fils Thomas connaît une carrière brillante dans le service public et marie sa fille Alice au duc de Suffolk William de la Pole. Un autre fils, Lewis, est principalement connu en tant que dédicataire du Traité de l'astrolabe rédigé par son père. On attribue parfois à Chaucer deux filles prénommées Agnes et Elizabeth, mais ce lien de parenté n'est pas clairement établi dans les sources[1].
G. K. Chesterton, Chaucer, Trad. de l'anglais par Roland Bourdariat, Paris, Gallimard, 1937.
Geoffrey Chaucer, André Crépin (trad.), Jean-Jacques Blanchot (trad.), Florence Bourgne (trad.), Guy Bourquin (trad.), Derek S. Brewer (trad.), Hélène Dauhy (trad.), Juliette Dor (trad.), Emmanuel Poulie (trad.) et James I. Wimsatt (trad.) (trad. de l'anglais), Les Contes de Canterbury et autres œuvres, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », , 1649 p. (ISBN978-2-221-10983-0).
(en) Geoffrey Chaucer et Larry D. Benson (éd.), The Riverside Chaucer, Oxford University Press, , 3e éd., 1327 p. (ISBN978-0-19-955209-2, lire en ligne).
(en) Douglas Gray, « Chaucer, Geoffrey (c.1340–1400) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne).
(en) John North, Chaucer's Universe, Oxford, Clarendon Press, .