Gaspard Mermillod est né en 1824 à Carouge dans le canton de Genève, en Suisse. Il est l'aîné des six enfants de Jacques Mermillod et Pernette Mégard, tous deux nés dans des familles d'agriculteurs du village de Bardonnex, à quelques kilomètres de la ville naissante de Carouge[1]. La famille tient une boulangerie et une auberge. L’une des sœurs du père de Gaspard Mermillod était bénédictine[2]. Un de ses frères est aussi devenu un religieux : Claude Mermillod dit père Alfred, né en 1830.
Il fait des recherches de fonds en Europe, auprès des catholiques, pour l’édification de l’église Notre-Dame à la place Cornavin. Les terrains sont mis à disposition par la ville à l’emplacement d’anciennes fortifications (la « ceinture Fazyste » des années 1850s). L’église est construite en 1852-1857, Gaspard Mermillod prononce le sermon lors de la dédicace le . Cette église est confisquée par les autorités en 1875, revendue à l’Église catholique en 1912, élevée au rang de basilique mineure en 1954.
Gaspard Mermillod est au centre d'une polémique entre le Saint-Siège et les autorités fédérales suisses concernant la restauration d'un évêché catholique dans la cité de Calvin. En 1873, Étienne Marilley qui est titulaire de l’ « évêché de Lausanne et Genève », démissionne concernant Genève, tout en conservant sa charge pour Lausanne (et en résidant à Fribourg). Pie IX érige un vicariat apostolique à Genève, le il en confie la charge à Gaspard Mermillod, qui avait jusqu’alors le titre de vicaire général.
Ce titre de « vicaire apostolique » fait craindre l’installation d’un évêque à Genève, le Journal de Genève y voit une « tentative de rébellion ». D’autre part, selon le Conseil fédéral, une telle nomination aurait dû être soumises à la Confédération selon la constitution. Le Conseil fédéral décide le bannissement de Gaspard Mermillod, la police le conduit à Ferney (Ain) le [3]. Mermillod s’installe en France voisine, d'abord à Ferney puis en 1880 à Monthoux (Haute-Savoie)[4]. Les relations s'apaisent avec l'élection de Léon XIII qui renonce au vicariat apostolique de Genève, et Gaspard Mermillod peut rentrer en Suisse en 1883 au terme de dix années d'exil.
Lors de la défaite, en 1870, de la France contre la Prusse, il déclare que la cause principale est le problème démographique français. Les pratiques de contraception amenant à une démographie faible se montraient un vrai danger. Gaspard Mermillod a dit lors d'un sermon : « Vous avez creusé des tombes avant de remplir les berceaux, et les soldats ont manqué »[5].
En 1889, Gaspard Mermillod apporte son appui à la fondation d'une faculté de théologie catholique à Fribourg. Il échoue cependant à en faire une université catholique « libre » placée sous l’égide épiscopale, selon le modèle des instituts catholiques français. L'université de Fribourg est en effet contrôlée par l'État, selon le projet du Fribourgeois Georges Python, alors directeur de l’instruction publique du canton. C'est un membre de l'Union de Fribourg, Gaspard Decurtins, qui est chargé du recrutement des premiers professeurs.
Le cardinal Mermillod décède quelques mois plus tard, à 67 ans. D'abord enterré au cimetière de Campo Verano, son corps est transféré en 1926 dans l'église paroissiale de Carouge[3].
Hommages
À l’occasion de l’accession de Gaspard au cardinalat, une brasserie de Fribourg donne à ses bières le nom de « Cardinal »[9]. Cette brasserie a existé de 1788 à 2012. La marque Cardinal est passée à Feldschlösschen Boissons SA, une filiale du groupe Carlsberg. Il y a un « Passage du Cardinal » à Fribourg, et à Carouge existe une avenue Cardinal-Mermillod.
Fribourg
Brasserie du Cardinal
Bière «Cardinal»
Passage du Cardinal
Trois plaques disposées dans la basilique Notre-Dame de Genève rappellent son souvenir. Une plaque en marbre porte un texte en latin, un bas-relief avec son portrait de profil, son blason avec la devise veritas et misericordia. À l’occasion du 60e de l’encyclique Rerum novarum en 1951, une plaque rend hommage à l’action sociale de Gaspard Mermillod. Positionnée symétriquement à la précédente, une plaque rappelle son bannissement en 1873, « il pria, agenouillé sur ce seuil, le baisa à trois reprises, puis se laissa emmener ».
Plaques dans la basilique Notre Dame à Genève
Hommage à son action sociale, 1951
Souvenir du bannissement
À l’occasion du 200e anniversaire de sa naissance, une exposition est présente dans la basilique Notre-Dame. Une première vitrine reproduit des images et photographies de la vie du cardinal, brièvement commentées. Des objets sont rassemblés dans une seconde vitrine : sceaux, cheveux, médailles, pantoufles, calotte, bénitier, etc.
Année Mermillod, basilique Notre Dame, 2024
Notes et références
↑Il est né six mois et demi après le mariage de ses parents le 5 mars 1824 à Compesières (paroisse comprenant Bardonnex). Sources : registres de l'état-civil, Archives d'État de Genève.
↑Philippe Chenaux, « Le cardinal Mermillod (1824-1892) : Entre la mémoire et l’oubli », Université de Genève, in Choisir, novembre 1991, p. 6-11.
↑ abc et dBenjamin Chaix, « 1824 : Le futur cardinal Mermillod naît à Carouge », Tribune de Genève, , p. 20 (lire en ligne, consulté le ).