Durant la Seconde Guerre mondiale, ses parents le font entrer aux chemins de fer, où ils étaient eux-mêmes employés, afin de lui éviter le STO[2]. Assujetti aux « trois-huit », le jeune Bacquier prend pour se changer les idées des cours de chant chez un professeur de Béziers, Mme Bastard, laquelle ne tarde pas à discerner ses qualités vocales[2]. Elle propose à ses parents de le présenter au Conservatoire de Paris. Il y est admis en 1945[3].
Il en sort en 1950 mais sa carrière peine à démarrer. Après s’être produit au cabaret et dans des salles de cinéma, il entre dans la troupe de La Monnaie à Bruxelles puis, en 1956, dans la troupe de la RTLN qui réunit l'Opéra-Comique et l'Opéra de Paris[3].
Remarqué par Gabriel Dussurget, directeur artistique de l’Opéra de Paris et fondateur du festival d’Aix-en-Provence, il se voit confier le rôle de Scarpia aux côtés de Renata Tebaldi dans Tosca puis le rôle-titre de Don Giovanni[2], qu’il aborde le 9 juillet 1960 pour la première fois sous la direction d’Alberto Erede. La télévision est présente et lance la longue carrière de Gabriel Bacquier.
Véritable « diseur » attaché à l'intelligibilité du texte, il donne de nombreux récitals de mélodies, du Carnegie Hall de New York au théâtre de la Ville à Paris.
Gabriel Bacquier meurt le 13 mai 2020 à son domicile de Lestre (Manche) à l’âge de 95 ans[4],[5].
Distinctions
En tant qu'ambassadeur du chant français, Gabriel Bacquier s'est vu décerner de nombreux prix et distinctions. Il a été honoré deux fois par les Victoires de la musique (en 1985 comme meilleur artiste lyrique et en 2002 pour l'ensemble de la carrière) et a reçu de multiples prix du disque ainsi que l’International Fidelio Medal of de Directors. L'Académie du disque lyrique lui a décerné le prix Herbert von Karajan (destiné à récompenser une carrière exceptionnelle discographique et théâtrale) en 2004 et deux Orphées d'or en 2004 et 2013.
Parmi ses autres récompenses, on peut citer le prix national du Disque et prix Charles-Panzéra en 1963, le prix Lily-Pons en 1966 et la Cigale d'or (félibre majoral) attribuée par le Festival d'Aix-en-Provence en 1975, et reçoit la médaille de vermeil de la Ville de Paris.
Parmi ses enregistrements importants, on peut aussi citer les intégrales de la trilogie de Mozart-da Ponte (Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte en 1962, 1968, 1971, 1974 et 1979), plusieurs opéras de Verdi, un récital de mélodies avec Jean Laforge et un récital d’airs d’opéra dirigé par Jésus Etcheverry (ces deux disques distribués par Universal).
Une compilation, L'Art de Gabriel Bacquier, regroupant des airs d'opéras, d'opérettes et des mélodies est parue chez Decca en 2012.