Fils de Jean Baron, fabricant de machines textiles, et de Rachel Perdraux, Jean-Paul Frédéric Tristan Baron est né en 1931 à Sedan. À neuf ans, en , il fuit avec sa famille l'avancée allemande. Sur les routes de l'exode, à proximité de Poix-Terron, il subit une attaque de Stukas, tombe dans le fossé, en réchappe mais demeure amnésique. À dix-sept ans, en 1948, il publie Orphée assassiné, son premier recueil de poésie sous le pseudonyme de Frédérick Tristan. Il se lie d'amitié avec des écrivains tels que Malcolm de Chazal, François Augiéras ou encore Gaston Criel. Croyant devoir choisir entre son avenir dans l'industrie textile, dans une continuité familiale, et sa passion pour l'écriture, il se voit répondre par André Breton, à la fin des années 1950 : « Si vous devez faire une œuvre, vous la ferez quand même »[1].
Devenu spécialiste de l'ingénierie textile, il est conduit par cette activité professionnelle à voyager beaucoup. Entre 1964 et 1986, il est envoyé en mission au Laos, au Viêt Nam, au Cambodge, en Chine, s'intéressant aux cultures, aux langues et aux systèmes de pensée des populations qu'il côtoie[1].
Dès ses publications des années 1950, il s'invente des doubles littéraires, d'autres vies et d'autres sensibilités. Il imagine notamment une femme de lettres et poétesse morte très jeune (née en 1932, morte en 1949), Danielle Sarréra, nom sous lequel il signe plusieurs recueils. Il crée également Adrien Salvat, préfaçant en 1978 l'ouvrage de Frédérick Tristan, La Geste serpentine[2],[3].
En 2010, les éditions Fayard publient son autobiographie sous le titre Réfugié de nulle part. Ces mémoires décrivent, en particulier, son enfance massacrée par la guerre, son adolescence révoltée et les rencontres littéraires qui lui ont permis de se reconstruire et d'écrire son œuvre, entre autres André Breton, Mircea Eliade, Henry Corbin, René Alleau, François Augiéras, Jean Paris, Antoine Faivre[6].
L'ensemble des archives de Frédérick Tristan (manuscrits, livres parus et traduits, documentations sonore et visuelle, critiques, etc.) est consultable à l'I.M.E.C.[11].
Outre le pseudonyme Frédérick Tristan, Jean-Paul Baron a utilisé deux autres noms de plume :
Dans sa jeunesse, celui de Danielle Sarréra, qui fut longtemps considérée comme une jeune poétesse dont l'œuvre (L'Ostiaque, L'Anthrope) faisait partie des textes poétiques importants du XXe siècle (cf. Robert Sabatier)[14].
Recueil de nouvelles et de textes courts écrits entre 1951 et 2004, en particulier Journal d'un autre (1975), Le Fils de Babel (1986) et Un monde comme ça (1992).
Le Passé recomposé, Pierre-Guillaume de Roux, 2017
Poésie
Poète, il a écrit des textes sous le pseudonyme de Danielle Sarréra : L'Ostiaque, L'Anthrope, 1951-1953 (Nouveau Commerce), et sous son nom Passage de l'ombre (Recherches graphiques). Pour La Finestra editrice il a publié Encres et Écritures (2010). Les éditions du Cherche-Midi ont republié en 1992 quelques-uns de ses poèmes de jeunesse dont L'Arbre à pain (1954).
Essais
Géants et gueux de Flandres, dix siècles de mythes et d'histoire, Balland, 1978.
Adaptation théâtrale du roman Le Singe égal du ciel, mise en scène Gil Galiot, 1999, Nanterre, avec la participation de l'Opéra de Pékin.
Frédérick Tristan - L'appel de l'Orient intérieur, Olivier Gissey, éd. Entrelacs, groupe Éditions Trédaniel.
Curiosa
Tragics, collages, San Lazzaro, 1961.
Les Sept Femmes de Barbe-Bleue, La Boîte noire, 1966.
Le fabuleux bestiaire de madame Berthe, Zulma, 2005.
Kaléidoscope, aphorismes, Moulin de l'étoile, 2007.
Emblèmes, Moulin de l'étoile, 2008.
Traductions
Son œuvre romanesque est traduite en vingt-deux langues dont l'anglais, l'espagnol, l'italien, le suédois, le norvégien, le flamand, l'allemand, le russe, le tchèque, l'ukrainien, l'hébreu...
↑Une rétrospective de son œuvre graphique en noir et blanc a été organisée à la Médiathèque de Rueil-Malmaison en octobre 2010 sous le nom Cabale graphique
Laurence Liban, « Les vies imaginaires de Frédérick Tristan », L'Express, (lire en ligne).
Jean-Didier Wagneur, « Bonjour Tristan. Autour d'obsèques et de gant retourné, rencontre avec un intempestif pour qui la réalité est à l'opposé de l'évidence, et « je » un pseudonyme. Frédérick Tristan. Les Obsèques prodigieuses d'Abraham Radjec. », Libération, (lire en ligne).
Philippe-Jean Catinchi, « Les visages et les masques de Frédérick Tristan », Le Monde, (lire en ligne).
Philippe-Jean Catinchi, « Frédérick Tristan et le picaresque apprentissage de la sagesse », Le Monde, (lire en ligne).
Les études particulières de type universitaire ont fait l'objet d'un recensement par Brigitte Massot en 1985 sous le titre Frédérick Tristan, avec une préface de François Nourissier, éd. Balland.