Fleur de lys

Fleur de lys.
Fleur de lys dans la couronne, ordre du Saint-Esprit et armoiries.

La fleur de lys, ou fleur de lis (⚜), est un meuble héraldique. C'est l'une des quatre figures les plus populaires avec les multiples croix, l'aigle et le lion. Elle est habituellement classée parmi les figures naturelles.

La fleur de lys ne représente pas le lys (Lilium sp.) que l'on trouve dans les jardins (utilisé plus rarement en héraldique sous le nom de lys de jardin). Certains auteurs comme Charles Bruneau y voient plutôt une représentation stylisée de l'iris des marais.

Du fait de sa valeur dans la tradition chrĂ©tienne, la fleur de lys Ă©tait symboliquement très prĂ©sente sous la forme d'aigrette trifide, dans l'Empire byzantin puis dans les royaumes francs et le royaume lombard. Ce symbole fut utilisĂ© par les souverains carolingiens puis par leurs successeurs, empereurs ottoniens et rois capĂ©tiens. C'est sous le règne de Louis VII que l'expression « fleur de lis Â» apparut et que les fleurs de lis d'or sur champ d'azur devinrent les armes de France et l'emblème spĂ©cifique des rois de France. Aujourd'hui dĂ©laissĂ©e en France, elle est encore en AmĂ©rique du Nord un symbole de la prĂ©sence francophone, en particulier au QuĂ©bec oĂą elle fait office de symbole national.

Une fleur de lys blanche est l'élément central du logo de l'emblème du scoutisme mondial choisi par son fondateur Baden Powell depuis sa création.

Sur les cartes anciennes la fleur de lys est traditionnellement utilisée pour indiquer le nord et souvent additionnée à une rose des vents sur les cartes marines.

Les fleurs de lys de France

LĂ©gendes sur l'origine des fleurs de lys de France

De nombreuses légendes ont cherché à expliquer l'origine des armes de France.

  • Clovis recevant la fleur de lys.
    Parmi les hypothèses donnant Ă  la fleur de lys des origines religieuses, on peut citer cette lĂ©gende hagiographique[1] : dans l'ancienne forĂŞt de Cruye (actuelle forĂŞt de Marly), près du château de Montjoie oĂą la tradition a fait sĂ©journer Clovis et son Ă©pouse, vivait près d'une fontaine un ermite que la très chrĂ©tienne reine Clotilde avait l'habitude de venir consulter. Un jour qu'elle Ă©tait en prière avec le saint homme, un ange leur serait apparu et lui aurait demandĂ© de remplacer l'Ă©cusson de son mari portant trois croissants ou trois crapauds par trois fleurs de lys qui brillaient d'une couleur d'or sur la plaine de l'actuel Joye-en-Val. On prĂŞtait Ă  Clovis avant sa conversion des armes Ă  trois crapauds[2].
  • Une autre lĂ©gende rapportĂ©e par Louis Girard rappelle que la fleur de lys est un iris stylisĂ© dont Clovis a fait sa fleur favorite : lors de la bataille de VouillĂ© en 507, les armĂ©es de Clovis sont repoussĂ©es dans les marĂ©cages de la Vienne par les Wisigoths d'Alaric II. Une biche au son de l'armĂ©e traverse alors la Vienne en crue au niveau d'un guĂ©[3] environnĂ© de grands iris dont les rhizomes contribuent Ă  la stabilisation des berges et vasières des cours d'eau, indiquant ainsi que ce passage au sol stable pouvait ĂŞtre franchi par les armĂ©es franques qui vont pouvoir battre les Wisigoths. Cette fleur, symbole de la victoire de Clovis, est dès lors adoptĂ©e par le roi des Francs[4].
  • Il a aussi Ă©tĂ© affirmĂ© que la fleur de lys serait un ancien symbole des Francs saliens qui Ă©taient originaires de Flandre oĂą l'iris Faux-Acore ou iris des marais (Iris pseudacorus L.), plante hĂ©lophyte Ă  fleurs jaunes spectaculaires, pousse en abondance sur les rives de la Lys[5], le cours d'eau le plus important de Flandre après l'Escaut. Le seigneur d'Armentières, une ville oĂą coule cette rivière, en fit le motif de son blason. Lors de l'annexion de son fief par le roi des Francs, celui-ci dĂ©cida Ă  son tour de l'ajouter Ă  son propre blason. Ainsi serait nĂ©e la « fleur de Lys Â», qui n'aurait pas Ă©tĂ© un lys mais un iris[6].
  • Pierre-BarthĂ©lemy Gheusi donne Ă  la fleur de lys une origine plus guerrière que botanique : ce serait un embout de javelot gaulois (ou encore l'Angon des Francs) avec pointe et crochets (voir l'analogie de forme avec ce sceptre fleurdelisĂ© du blason de Trieste – blasonnĂ© « Hallebarde Â» – et qui serait la lance de Saint Serge selon Ottfried Neubecker, Le Grand Livre de l'hĂ©raldique).

Le lys chez les Carolingiens

Le lys apparaît dans le monde franc à la fin du règne de Pépin le Bref (715-768) et au début de celui de Charlemagne (742-814), qui furent précisément en contact de plus en plus étroit avec les Lombards.

  • On a dĂ©couvert dans ce qui reste de l'Ă©glise de Saint-Denis, construite par l’abbĂ© Fulrad Ă  la fin du règne de PĂ©pin le Bref et au dĂ©but de celui de Charlemagne, des colonnes dont les bases Ă©taient ornĂ©es d'une frise de lys et rinceaux. Il y a Ă©tĂ© vu une influence de l'art aulique lombard[7].
  • Le Christ de l’évangĂ©liaire de Godescalc, peint vers 782 Ă  la cour de Charlemagne, est environnĂ© de lys blancs[8]. De nombreux manuscrits carolingiens prĂ©senteront des lys blanc et or, parfois sous la forme de rinceaux et associĂ©s au monde stellaire[8]. L'Ă©vangĂ©liaire de Charlemagne fut rĂ©alisĂ© après son second voyage Ă  Rome et chez les Lombards[9]
  • Les lys sont apprĂ©ciĂ©s par Charlemagne qui les place en tĂŞte du capitulaire De Villis, règlement des villae royales, grandes exploitations agricoles carolingiennes[10]. Dans l'Ancien Testament, le IVe livre d'Esdras montre de mĂŞme que Dieu a choisi le lys comme la première des fleurs (4 Esdras 5, 24) : voulant se placer dans la tradition de la royautĂ© biblique, les Carolingiens font cultiver le lys qui figure en tĂŞte des fleurs devant pousser dans les jardins royaux[11].
  • Sur la statuette Ă©questre du Louvre reprĂ©sentant Charlemagne ou Charles II le Chauve, le roi porte une couronne gemmĂ©e ornĂ©e de quatre aigrettes trifides et chaque chaussure est ornĂ©e d’un tel fleuron qui est, semble-t-il, un signe royal[12],[Note 1].
  • Vers 850, Sedulius de Liège chante « le lys royal [qui] règne du haut des sceptres Ă©tincelants Â» dans De rosae liliique certamine, vers 850.
  • Dès Charles II le Chauve, les lys d’or prolifèrent, d’un style très vĂ©gĂ©tal mais très simplifiĂ© sur les sceptres et les couronnes : ils prĂ©sentent trois pĂ©tales au lieu de six, comme le lys blanc des jardins des mosaĂŻques de Rome et Ravenne Ă©galement trois[13].
  • Les bulles impĂ©riales et royales de Charlemagne, Louis Ier le Pieux et Charles II le Chauve reprĂ©sentent le souverain coiffĂ© d’une couronne ornĂ©e d’une aigrette trifide[14] dont la forme est celle de la fleur de lys.
  • Les autres rois d'Europe imiteront les usages carolingiens : ainsi, en Angleterre, le roi Edgar le Pacifique (959-975) est peint en souverain carolingien dans le frontispice de sa charte de New-Minster, ce qui explique sa couronne Ă  trois lis d’or Ă  deux pĂ©tales ; d’autres couronnes anglaises destinĂ©es au Christ, Ă  la Vierge, au roi sont ornĂ©es de lys Ă  trois pĂ©tales ; les premiers empereurs du Saint-Empire utiliseront des sceptres dont la hampe est une tige vĂ©gĂ©tale[13].

Le lys chez les Capétiens

Fleur de lys, collĂ©e dans un manuscrit de mĂ©decine du XVIIe siècle.

Le lys sous les premiers Capétiens directs

Dès les premiers CapĂ©tiens directs, le lys est prĂ©sent dans la symbolique royale[15] : Hugues Capet a sur son sceau une couronne de trois lys ; Robert II le Pieux, sur son deuxième sceau en navette, porte une couronne fleurdelisĂ©e et tient un fleuron Ă  trois Ă©tages ; Philippe Ier est reprĂ©sentĂ© coiffĂ© d’une couronne Ă  trois lys avec dans sa main droite un fleuron du genre lotus Ă  trois pĂ©tales et un long sceptre Ă  lis[Note 2] ; sous Louis VI , est frappĂ© un denier dont la croix est cantonnĂ©e de deux lis sous forme de trois pĂ©tales sortant d’un triangle[Note 3] ; Louis VII, fut nommĂ© Ă  sa naissance Florus selon OrdĂ©ric Vital dans son Historia Ecclesiastica et son sceau le montre avec trois lis sur sa couronne.

Apparition de la fleur de lys sous Louis VII

Il semble que Louis VII ait joué un rôle déterminant dans l'adoption de la fleur de lys comme symbole spécifique de la royauté française. De fait, l'héraldique apparaît sous son règne et, à partir de Louis VII, le décor royal et étatique est criblé de fleurs de lys.

  • Avant Louis VII, Ă  la suite des souverains carolingiens, les premiers rois capĂ©tiens imitaient la robe talaire bleue semĂ©e d’astres et de constellations du grand prĂŞtre d’IsraĂ«l[Note 4]. On sait par Helgaud en sa Vie du roi Robert que Charles II le Chauve avait un ornement appelĂ© orbis terrarum. Le ciel cosmique a Ă©tĂ© changĂ© en ciel des Ă©lus, ciel spirituel, et le manteau royal est devenu bleu semĂ© de fleurs de lys d’or, composition assurĂ©e pour l’ordo de 1200 environ, reflet probable du sacre de Philippe II Auguste en 1179[11]. Ce changement se serait fait sous l'influence des idĂ©es que Bernard de Clairvaux a exprimĂ© dans ses Sermons sur le Cantique des cantiques, pour qui dans le monde spirituel, les Élus sont assimilables Ă  des lys[16],[17],[18] ; le lys n'est pas en lui-mĂŞme un symbole marial mais un signe de ressemblance avec le Christ[19]. Cette influence aurait pu transiter par l'intermĂ©diaire du frère du roi, le prince Henri, qui avant d'ĂŞtre archevĂŞque de Reims, fut simple moine Ă  Clairvaux entre 1145 et 1149[20] ; dans cette optique, le Cosmos du vĂŞtement du roi ne doit plus ĂŞtre celui du monde matĂ©riel des astres, mais le monde spirituel des saints ; dès lors, une bannière semĂ©e de lys peut concrĂ©tiser la parole de la Sagesse selon laquelle tout l'Univers (spirituel) combat avec le juste[21]. Dès avant Bernard de Clairvaux, le ciel fleuri, Ă©vocation des Ă©lus, est omniprĂ©sent dans l'art occidental, par exemple dans la Chanson de Roland, ou sur les Ă©glises comme celle de la Lande de Fronsac[22]. Sur les vĂŞtements du sacre de Jean II le Bon, les deux cosmos matĂ©riel et spirituel coexistent[23]. De fait, les vĂŞtements du sacre français ont un dĂ©cor identique aux armes du roi, ce qui n'arrive dans aucun autre pays[24].
  • Le nom fleur de lys apparaĂ®t sous le règne de Louis VII, dans Érec et Énide peu après 1160[11] et on peut remarquer que ce terme est phonĂ©tiquement identique, en tout cas très proche de « Flor de Loys Â» (Fleur du Roi Louis), Louis VII ayant en fait adoptĂ© comme blason l'Iris des marais mais l'assonance entre « Flor de Loys Â» (l'iris) et « Flor de Lys Â» a perpĂ©tuĂ© une Ă©quivoque historique[25].
  • Le gisant de Louis VII Ă  l’abbaye cistercienne de Sainte-Marie de Barbeau. Le tombeau date de 1180-1206 : la dalmatique du roi y est ornĂ©e de bandes dĂ©corĂ©es d’un rĂ©seau losangĂ© comblĂ© de fleurs de lis, de mĂŞme que la tunique ; on peut penser que son Ă©pouse Adèle de Champagne n’aurait pas fait installer des fleurs de lis sur la tombe de son mari si celui-ci ne les avait pas assumĂ©es[26]. La fusĂ©e de l'Ă©pĂ©e Joyeuse, qui est contemporaine, prĂ©sente la mĂŞme symbolique fleurdelisĂ©e[24].
  • Tous les descendants de Louis VII eurent des armes liliacĂ©es alors que les descendants des frères de ce roi (Maisons de Dreux et Courtenay) et de ses cousins (Maisons de Vermandois et Bourgogne) n’ont pas eu de fleur de lis[27].

Les armes de France depuis Louis VII

Le baron François-Marie-Claude Richard de Hautesierck (1713-1789) fit établir cette borne-frontière portant fleur de lys près de la cité Bois-Richard de L'Hôpital (Moselle). Cette borne a été déplacée et se trouve placée près de l'église de Lauterbach (Sarre).

Représentations

Les fleurs de lys sont couramment reprĂ©sentĂ©es sous une forme stylisĂ©e, jaune sur fond bleu : d'azur semĂ© de lys d'or ou d'azur Ă  trois lys d'or pour la version « moderne Â».

  • Philippe II Auguste utilise une bannière bleue fleurdelisĂ©e d’or bleue dès 1191 lors de la Troisième croisade et l’un de ses baillis porte l’écu fleurdelisĂ© en 1207[11].
  • L’aspect botanique et floral de ce symbole royal apparaĂ®t, notamment, dans les fines nervures sur les fleurs de lys des contre-sceaux des rois de France Ă  partir de Philippe II Auguste : le graveur de ce roi a mis deux Ă©tamines stylisĂ©es qui apparaissent aussi dans la fleur tenue par la main droite de ce roi sur son sceau de majestĂ©[28]. Un emploi du semis de lys attestĂ© se trouve sur un sceau du fils de Philippe II Auguste, le prince Louis, futur Louis VIII, en 1211. Le semis qui est remplacĂ© en 1375 par trois fleurs de lys.
  • La France du Moyen Ă‚ge sera symbolisĂ©e par des pavillons aux armes de France sur les portulans : des navires ont utilisĂ© cet emblème dès 1270 sur un manuscrit[11]. Ainsi, Les armes d'azur semĂ© de fleur de lys d'or et d'azur Ă  trois fleurs de lys d'or sont si Ă©troitement liĂ©es Ă  la monarchie française que la langue du blason utilise les expressions de France ancien (pour le semĂ©) et de France moderne (pour les trois fleurs de lys) pour Ă©conomiser une description archi-connue de tous. On trouve notamment le chef de France (suivant les Ă©poques et les villes, de France ancien ou de France moderne) souvent accordĂ© en augmentation par les rois de France Ă  des villes « fidèles Â» Ă  la couronne, comme Lyon, Angers, Tours, Poitiers, FrĂ©jus, Le Havre, Laon mais aussi la bande de France ou le chevron de France.
  • En France, les bonnes villes, c’est-Ă -dire celles qui avaient le droit de se faire reprĂ©senter par leurs « mayeurs Â» (ou maires) au sacre du roi de France, avaient le droit de porter sur leur blason un chef de France, c’est-Ă -dire « d'azur semĂ© de fleurs de lys d'or Â» (France ancien) ou « d'azur Ă  trois fleurs de lys d'or Â» (France moderne). Le chef de France est une augmentation accordĂ©e aux armes de ces villes. Un terme proche est l'expression chef d'Anjou qui dĂ©signe un chef d'azur fleur-de-lysĂ© d'or brisĂ© d'un lambel de gueules utilisĂ© surtout dans l'hĂ©raldique italienne. InspirĂ© des armes des Anjou rois de Naples, il marque la fidĂ©litĂ© ou l'alliance politique de certaines familles avec cette dynastie.
  • C'est Charles V qui rĂ©duisit le nombre de fleurs de lys Ă  trois (1376), en l'honneur de la Sainte TrinitĂ©[29]. Le passage de France ancien Ă  moderne a conduit Ă  de nombreuses armes irrĂ©gulières, Ă  enquerre. En effet, le fleurdelisĂ© primitif est un semis, qui n'est pas soumis Ă  la règle de contrariĂ©tĂ© des couleurs. Il peut donc ĂŞtre associĂ© Ă  des pièces ou des meubles de tout fond. En revanche, la France moderne est un Ă©mail (azur) chargĂ© de meubles, qui ne peut en principe recevoir que des charges d'or ou d'argent. Les charges Ă©taient très souvent de gueules (bâton du Bourbonnais, lambel de l'Artois, bande de la Marche, chef du Lyonnais, bordure du Berry, sautoir de Langres).

Symbolisme

  • Dans la Bible, Ă  l'entrĂ©e du Temple de Salomon "Les chapiteaux qui Ă©taient sur le sommet des colonnes, dans le portique, figuraient des lis et avaient quatre coudĂ©es." (1 Rois 7:19). Le lys forme une corolle pure ouverte vers le haut symbolisant la rĂ©ception du divin. Le quatre est le symbole de la Terre. Le Livre des Rois confère au lys la symbolique du terrestre recevant le divin.
  • Sous le règne de Charles V, le rĂ©dacteur de la Charte de Limay indiquait que les fleurs de lis Ă©taient « trois pour exprimer la TrinitĂ©, afin que, Ă  la façon oĂą le Père, le Verbe et l’Esprit des trois fleurs prĂ©figurent mystĂ©rieusement un signe unique ; et Ă  la manière oĂą le soleil de la divinitĂ© illumine du haut de l’empyrĂ©e le monde entier, ainsi les trois fleurs d’or, placĂ©es sur un champ cĂ©leste ou d’azur resplendissent plus glorieusement sur toute la terre et Ă©blouissent d’une clartĂ© vive, et afin que le sens du signe s’adapte correctement aux personnes de la TrinitĂ©, la puissance des armes, la science des lettres et la clĂ©mence des princes correspondent très parfaitement au groupe des trois lis par lesquels le royaume de France a brillĂ© aujourd’hui et conserve en cela les marques de la TrinitĂ©. Telle est l’excellence et le prestige du roi envers lequel l’indivisible TrinitĂ© manifeste une si grande volontĂ© qu’elle a acceptĂ© de lui consacrer sa propre image et de ce fait, le royaume n’est soumis Ă  l’autoritĂ© d’aucun prince sur terre et semble s’être placĂ© sous sa protection propre et privilĂ©giĂ©e. Â»[30]
  • Dans un texte paru un siècle plus tard, il est prĂ©cisĂ© que « les fleurs de lys sont au nombre de trois parce que ce nombre est complet, qu’il contient en lui le commencement, le milieu et la fin ; de mĂŞme que dans la très Sainte-TrinitĂ©, au Père est attribuĂ©e la puissance, au Fils la sagesse et au Saint-Esprit la clĂ©mence, attribut nĂ©cessaire du prince. Aussi dans les fleurs de lis, celle du milieu signifie la foi chrĂ©tienne, celle de droite le clergĂ©, celle de gauche l’armĂ©e. Â»[30]

Abolition de la fleur de lys comme symbole de la France

La fleur de lys hors des armes de France

Une fleur d'iris des marais, Iris pseudacorus.

La fleur de lys se retrouve notamment sur des villes dont le nom évoque les mots lys ou fleurs, on parle d'armes parlantes. On la retrouve aussi dans des armes ou des drapeaux indiquant une origine dans la France royale, notamment chez les Franco-Américains.

  • Ă€ l'origine le blason de Lille est un iris des marais (d'argent sur champs de gueules, analogue Ă  celui d'or sur azur de Bruxelles-Capitale). La transformation en lys (aux formes très proches) serait due Ă  une intervention de Louis XIV Ă  la prise de la ville, en en faisant, volontairement ou non, des armes parlantes (Lille, lilium). Il ne s'agit pas d'une augmentation, et d'ailleurs la fleur de lis lilloise est d'argent (alors que le lis royal est d'or) et florencĂ©e (peut-ĂŞtre un rappel de l'iris primitif), comme celle de Florence (lys de Florence en totale symĂ©trie quant aux couleurs, ce lys avec des boutons entre les fleurons n'apparaĂ®t qu'au XIe siècle) (le lis florencĂ© de l'administration des Postes n'est pas très exubĂ©rant, nĂ©anmoins les petites boules au bout des feuilles le dĂ©marquent du lis royal).
  • Fleur de lys indiquant le nord sur une carte
    Les villes de Deûlémont et d'Armentières, très proches de Lille, ont le symbole floral dans leurs armes, elles sont traversées par la Lys.
  • Le , un nouveau drapeau du QuĂ©bec portant la fleur de lys est adoptĂ©[31].
  • La ville de QuĂ©bec est l'une des villes nord-amĂ©ricaine les plus fleuries de lys. Dans le seul secteur de la vieille ville, plus de 650 fleurs de lys ornent l'extĂ©rieur des Ă©difices : frontons, portes, enseignes commerciales, boĂ®tes Ă  fleurs, clĂ´tures, etc. Ă€ l'occasion du 400e anniversaire de la fondation de QuĂ©bec en 2008, une fresque[32] regroupant les 400 plus belles a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e.
  • La fleur de lys figure sur le drapeau de la ville de Saint-Louis dans l'État du Missouri aux États-Unis. Elle est un hĂ©ritage de la prĂ©sence française dans la rĂ©gion de la rive orientale du Mississippi. La ville de Saint Louis doit d'ailleurs son nom Ă  Louis IX de France.
  • Le drapeau franco-ontarien, dĂ©ployĂ© officiellement pour la première fois le Ă  l'universitĂ© de Sudbury, possède une fleur de lys qui rappelle l'appartenance des Franco-Ontariens au peuple canadien français[Note 5].
  • Le drapeau d'Acadiane et du peuple cadien contient le fleur de lys grâce Ă  l'hĂ©ritage partiellement français des cadiens.

D'autres villes, familles, organisations, villes, provinces ou États utilisent ou ont utilisĂ© ce symbole. On peut citer par exemple :

Le lys hors du monde franc

Le meuble héraldique

Composants

La fleur de lis est constituĂ©e de :

  • Trois pĂ©tales, un central, droit, accompagnĂ© de chaque cĂ´tĂ© d'un pĂ©tale plus court et courbĂ© vers l'extĂ©rieur.
    • Les pĂ©tales sont le plus souvent directement accolĂ©s Ă  leur base, mais pas nĂ©cessairement. Cette caractĂ©ristique n'est pas significative et ne se blasonne pas.
    • Les pĂ©tales sont parfois nervurĂ©s d'un trait, plus rarement d'une couleur diffĂ©rente - ce qui dans ce dernier cas doit se blasonner.
  • Une barrette horizontale (ou « traverse Â», parfois « douille Â»), Ă  blasonner si d'une couleur diffĂ©rente.
  • Un pied, formĂ© par le prolongement des pĂ©tales ou par une seule pièce trilobe. Ce pied peut ĂŞtre absent, la fleur de lis est alors dite « coupĂ©e Â» ou « au pied nourri Â» (ou simplement « nourrie Â»).

La fleur de lis peut être enrichie de quelques accessoires et produire des variantes sans que soit modifiée sa nature fondamentale (voir quelques exemples dans la galerie ci-dessous).

La fleur de lis, meuble de meuble

La fleur de lis intervient assez peu dans les autres meubles. Ci-contre une croix et un trĂŞcheur fleurdelysĂ©s ou fleurdelisĂ©s (mais on dit aussi florencĂ©s). Le double trĂŞcheur fleurdelisĂ© et contre-fleurdelisĂ© du blason des rois d'Écosse est passĂ© dans le langage hĂ©raldique de ce pays sous le nom de « trĂŞcheur royal Â» (royal tressure). Il est souvent employĂ© comme augmentation.

Ă€ noter que pour la croix comme pour le sceptre de Trieste, la fleur de lis perd sa partie infĂ©rieure. Elle est dite « nourrie Â» ou « au pied nourri Â» (on ne voit pas ses racines, si on les voyait elle ne serait plus « nourrie Â»). Le terme de « au pied coupĂ© Â» concernant tout vĂ©gĂ©tal reprĂ©sentĂ© sans racine est parfois utilisĂ© pour la fleur de lis Ă  la place de son terme spĂ©cifique.

Différentes représentations

Suivant les époques et les modes, la fleur de lys (comme pratiquement tous les autres meubles héraldiques) s'est vue figurée - et parfois défigurée - selon une très grande variété de styles, des plus simples silhouettes jusqu'aux représentations détaillées, en passant par des figures surchargées, peu compatibles avec la nature de l'héraldique, qui ne manipule que des symboles. Même certaines villes ont adopté leur propre style de fleur de lys (voir galerie).

Galerie

Drapeaux avec fleurs de lys
Drapeaux des provinces françaises avec fleurs de lys (symbole du rattachement au royaume de France)


Armes avec fleurs de lys
Différents types de fleur de lys

Encodage informatique

Encodage informatique du caractères de fleur de lys
nom glyphe code HTML décimal code HTML hexadécimal Unicode
fleur-de-lis
âšś
⚜ ⚜ U+269C

Notes et références

Notes

  1. ↑ Plus tard, les chevaliers porteront leurs armes au même endroit.
  2. ↑ Philippe Ier eut un fils nommé Florus.
  3. ↑ Sur les monnaies royales, la reprĂ©sentation de fleur de lys sortant d'un triangle perdurera jusqu'Ă  Jean II le Bon ; on les retrouve aussi ce type de reprĂ©sentation sur la fresque de l'ancienne commanderie du Temple de Cressac (du Dognon, Charente) peinte vers 1170-1180 ; la fleur de lis d'or peut ĂŞtre assimilĂ©e Ă  un sceptre d'or et dans ce cas, le triangle pourrait ĂŞtre selon HervĂ© Pinoteau le culot d'insertion de la hampe.
  4. ↑ Un passage du Livre de la Sagesse 18-24, apprend que la robe talaire du grand prêtre figurait tout l’univers, en latin totus orbis terrarum.
  5. ↑ Les différentes communautés francophones du Canada utilisent la fleur de lys comme témoignage de leur appartenance à la francophonie en la plaçant sur leur drapeau.
  6. ↑ Les organisations et événements scouts reprennent la fleur de lys dans leur logo, voir par exemple le Symbole du Jamboree Mondial Scout 1947.

Références

  1. ↑ Pernette Rickli-Gros et Béatrice Obergfell, Genève et ses mystères - Flâneries insolites dans l'histoire, 2007.
  2. ↑ On peut lire (orthographe respectĂ©e:), dans TraitĂ© singulier du blason par Gilles-AndrĂ© de la Roque Ă©ditĂ© Ă  Paris chez SĂ©bastien Mabre-Cramoisy, Imprimeur du Roy, rue Saint-Jacques, aĹ­ Cigognes. M. DC. LXXIII, Avec privilège de Sa MajestĂ© : Page 41 : Barthelemi ChassanĂ©e (BarthĂ©lemy de Chasseneuz), après avoir parlĂ© de la Verge de Justice, & du Sceptre ou Baston de commandement, qui est ornĂ© Ă  la cime d'une Fleur de Lis, dit que le Roi de France ne peut concĂ©der le port de ses Armes, parce qu'elles lui appartiennent, non par coutume, mais par rĂ©vĂ©lation divine, faite Ă  Clovis, de prendre les Fleurs de Lis envoiĂ©es du ciel au lieu des trois Crapaux…
    Page 42 : Robert Gaguin dit expressĂ©ment que la vie de Clovis premier Roi ChrĂ©tien en France, qu'il a appris de la renommĂ©e, que les trois Crapaux que le Rois de France portoient pour leurs Armes, furent changez aux Fleurs de Lis d'or en champ d'azur, envoiĂ©es du Ciel lors du BaptĂŞme de Clovis…
    Mais certains auteurs parlent de 3 croissants, d'autres de 3 abeilles….
  3. ↑ Le « GuĂ© de la biche Â» qui existe toujours sous le nom de « Pas de la biche Â» au niveau de Châtellerault.
  4. ↑ Jean-Baptiste de Vilmorin, Marcel ClĂ©bant, Le jardin des hommes : vagabondages Ă  travers l'origine et l'histoire des plantes cultivĂ©es, Éditions Belfond, , p. 263.
  5. ↑ Relevons Ă©galement que le nom de cette fleur est « gele lis Â» en nĂ©erlandais moderne, or la langue nĂ©erlandaise et le flamand sont issus du bas-francique que parlaient les Francs saliens. (nl) Voir l'article « Gele lis Â» sur WikipĂ©dia en nĂ©erlandais..
  6. ↑ La Venise Verte, par Jacques Sigot et J-Pierre Rault, éditions CMD 1997.
  7. ↑ Miljenko Jurkovic, « Quelques rĂ©flexions sur la basilique carolingienne de Saint-Denis : une Ĺ“uvre d’esprit palĂ©o-chrĂ©tien Â» , L’abbĂ© Suger, le manifeste gothique de Saint-Denis et la pensĂ©e victorine (« Rencontres mĂ©diĂ©vales europĂ©ennes Â» 1), actes du colloque de la Fondation Singer-Polignac en 2000, Turnhout, 2001, p. 37-57.
  8. ↑ a b et c Pinoteau 2004, p. 91.
  9. ↑ Marie-Pierre Laffitte, Charlotte Denoël, Patricia Roger, Art de l'enluminure, mars-avril-mai 2007, Dijon.
  10. ↑ Pinoteau 2004, p. 105.
  11. ↑ a b c d e et f Encyclopædia Universalis, p. 1132.
  12. ↑ Pinoteau 2004, p. 109.
  13. ↑ a et b Pinoteau 2004, p. 435.
  14. ↑ Pinoteau 2004, p. 194.
  15. ↑ Pinoteau 2004, p. 436-438>.
  16. ↑ HervĂ© Pinoteau, Thesaurus Index de l'Encyclopædia Universalis, Paris, 1975, t. 2, p. 1132.
  17. ↑ Hervé Pinoteau, Héraldique Capétienne, Introduction, 1979, p. II.
  18. ↑ Hervé Pinoteau, Communication à la Société nationale des Antiquaires de France le 14 mai 1980.
  19. ↑ HervĂ© Pinoteau, Nouvelles Ă©tudes dynastiques : hĂ©raldique, vexillologie, phalĂ©ristique (avec la collaboration de Jean de Vaulchier), Le lĂ©opard d'or, 2014, p. 21.
  20. ↑ HervĂ© Pinoteau, Nouvelles Ă©tudes dynastiques : hĂ©raldique, vexillologie, phalĂ©ristique (avec la collaboration de Jean de Vaulchier), Le lĂ©opard d'or, 2014, p. 19.
  21. ↑ Livre de la Sagesse, 5, 18-21.
  22. ↑ Pinoteau 2004, p. 333.
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Voir aussi

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Bibliographie

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  • Max Prinet, « Les variations du nombre des fleurs de lis dans les armes de France Â», Bulletin Monumental, t. 75,‎ , p. 469-488 (lire en ligne)
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