Saint Ferjeux et saint Ferréol sont les saints patrons de Besançon, fêtés liturgiquement le 16 juin. Ils sont représentés dans de nombreuses églises de Besançon et de Franche-Comté.
Iconographie
Les deux frères sont habituellement représentés ensemble, l'un faisant pendant à l'autre. Ils sont le plus souvent céphalophores et tiennent à la main la palme des martyrs. Ferjeux porte la dalmatique, vêtement propre des diacres, et Ferréol la chasuble, ce qui permet de les distinguer.
Dans certaines représentations Ferréol porte des attributs épiscopaux, comme la dalmaticelle, voire la mitre[2]. Cela tend à rapprocher l'histoire de Ferréol et Ferjeux des missions du christianisme primitif au cours desquelles on envoyait ensemble un évêque et son diacre.
La grotte est toujours visible dans la crypte de l'édifice actuel. La basilique remplace une chapelle ancienne dont on trouve les traces au début du Moyen Âge.
La passion de Ferréol et Ferjeux contient toutefois des indications locales : la mention de clous — alênes — enfoncés dans les articulations du corps et de la décapitation. Ces mentions qui apparaissent dans le récit de la passion et dans celui un peu plus tardif de l'invention des reliques. Selon ce dernier texte c'est vers 370 que l'évêque Anianus aurait retrouvé les corps des deux saints martyrs et reconnu leur statut de martyrs en raison des clous qui étaient enfoncés dans les crânes des deux corps[10]. Diverses indications montrent que les individus inhumés appartenaient à un cimetière public, la présence des clous renvoie à des pratiques funéraires qui ne concernent pas la persécution chrétienne et sont connues par ailleurs[11],[12], notamment au cimetière de la Viotte à Besançon[13].
Yves Jeannin critique l'historicité de ces récits de la passion des deux martyrs (c'est à l’évêque Amans de Rodez et de son entourage vers 500 qu'il faudrait attribuer l'invention des reliques[14],[15]). Selon lui « la Passion de Ferréol et Ferjeux serait purement imaginaire »[16]. Le récit de l'invention des reliques renvoie sans doute à des réalités du début du VIe siècle à un moment où les communautés chrétiennes s'affirmaient et se donnaient une identité locale. Il est donc difficile de prouver historiquement concrètement, que la christianisation de Besançon et de la Franche-Comté se soit faite plus tardivement que ne le dit l'histoire du christianisme avec sa légende.
Notes et références
↑Léon Cristiani, « Liste chronologique des saints de France, des origines à l'avènement des carolingiens (essai critique) », Revue d'histoire de l'église de France, t. 31, no 118, , p. 9
↑Vincent Petit, Catholiques et Comtois : Liturgie diocésaine et identité régionale au XIXe siècle, Paris, Cerf, , 708 p. (ISBN978-2-204-09395-8), p. 596
↑Locatelli René et Maurice Rey (sous la dir. de), Histoire des diocèses de Besançon et de Saint-Claude, Paris, Beauchesne, , p. 13
↑Bertrand de Vregille, « La Plus Ancienne Version de la passion des saints Ferréol et Ferjeux », Autour de Lactance, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, , p. 186 (ISBN2-84-867-029-0)
↑ Yves Jeannin, « Le peuple christianisé à la recherche de « ses martyrs » : le cas de Besançon », Mélanges Pierre Lévêque, Besançon, 1992, p. 127-138, ici p. 127
↑Y. Jeannin, 1992, p. 128 ; la tradition hagiographique sur Ferréol et Ferjeux est particulièrement bien connue en raison des travaux que lui a consacrés Bernard de Vregille
↑Bertrand de Vregille, « La Plus Ancienne Version de la passion des saints Ferréol et Ferjeux », Autour de Lactance, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, , p. 184-186 (ISBN2-84-867-029-0)