La famille de Nice-Orange ou d'Orange-Nice, dite parfois simplement de Nice ou d'Orange, mais aussi d'Orange-Mévouillon, est une lignée provençale des XIe – XIIe siècles, issue du mariage d'Odile et Laugier, à l'origine notamment des familles vicomtales de Nice et d'Orange.
Nom
Les premiers membres de la lignée sont souvent associés à l'épithète de Nice, mais lorsque l'on parle de la famille ou de la lignée, les expressions varient.
Le médiéviste Jean-Pierre Poly (1976)[1], l'archiviste-paléographe Alain Venturini (1992, 2007)[2],[3] ou encore la médiéviste Mariacristina Varano (2011)[4] utilisent les noms d'Orange ou d'Orange-Mévouillon. Cette dernière, citant notamment la thèse d'Estienne (1999)[5], relève que Laugier« [appartient] à la puissante famille des Orange-Mévouillon, souche de la lignée vicomtale de Nice et des sires d'Orange. »[4]
L'historienne Eliana Magnani (1999) utilise Nice-Orange pour désigner la famille de Raimbaud/Rambaud auquel elle associe, dans son texte les épithètes de Nice ou d'Orange et de Nice-Orange[6].
D'autres formes sont parfois utilisées, ainsi Venturini (2007) appelle aussi les descendants d'Odile et Laugier les Orange-Gréolières[3].
Histoire
Origines
Au Xe siècle, Guillaume le Libérateur après avoir vaincu les Maures à la bataille de Tourtour, distribue les terres reconquises terra nullius à ses compagnons d'armes et vassaux. La région niçoise revient à Annon, seigneur de Vence (dit de Reillane-Vence). Sa fille, Odile, épouse en premières noces, Miron[2],[9]. Venturini (1992) précise que ce mariage serait une promotion pour Miron, puisqu'il aurait un rang inférieur à celui de son épouse[2]. Bien que certains auteurs lui donne la qualité de vicomte, il n'est jamais associé à ce titre dans les documents[10]. Les deux époux s'implantent à Sisteron et sa région, obtenant notamment le contrôle de l'évêché[11],[9]. Ce premier mariage est à l'origine des vicomtes de Sisteron[10]. Appartenant à la clientèle du comte Guillaume Ier, Odile et Miron ont obtenu des terres dans le pays niçois[4].
Odile se remarie avec Laugier, vers 1002/03[11],[9]. Ce dernier semble originaire du comtat Venaissin et il possède également des terres en pays niçois[4] (sur les hypothèses concernant sa filiation voir l'article connexe). Cette implantation leur vaut d'être considérés comme une puissance vicomtale, « [exerçant] les attributions de la puissance publique et surtout d'en percevoir les revenus »[3].
Raimbaud/Rambaud et Rostain/Rostaing, issus du deuxième mariage, héritent de la majeure partie des possessions de leur mère, située sur les deux rives du Var[2]. Le premier obtient les terres autour de Vence et celles situées au sud, tandis que son frère hérite des terres dans le haut-pays, notamment Gréolières, dont le château n'a pas encore été édifié au moment du partage[2].
Vicomtes de Nice
Les descendants du vicomte Rostaing et de son fils Laugier Rostaing cèdent à l'évêque leurs droits sur Nice[12].
Gerberge (Gisberge, Girberga, morte après 1063, non mentionnée en 999), ∞ Bérenger, vicomte [d'Avignon], sept fils, dont les vicomtes d'Avignon et de Sisteron, et les seigneurs de Posquières et d'Uzès[13],[14]
Laugier[9] (Leodegar) [d’Apt], surnommé le Roux ou Laugier Rufus,
∞ Amancia, fille d'Audibert de Lacoste, branche cadette des Castellane-Lacoste (Mazel, 2002)[8]. Héritier du castrum de Saignon, certainement donné par son père[8].
↑Marie-Pierre Estienne, Les réseaux castraux et l'évolution de l'architecture castrale dans les Baronnies de Mevouillon et de Montauban de la fin du Xe siècle à 1317 (thèse de doctorat en Art et archéologie), (lire en ligne), p. 50 et ss..
↑Magnani 1999, p. pp. 75-77, « 4. 1. 1. Les Nice-Orange, seigneurs de l'évêché de Sisteron et de l'abbaye de Saint-Pons », pp. 80-82.
↑ a et bFlorian Mazel, « Réforme de l'Église et domination urbaine : aux origines de l'hégémonie des Agoult-Simiane en pays d'Apt (XIe – XIIe siècles av. J.-C.) », Religion et société urbaine au Moyen-Age, Publications de la Sorbonne, , p. 43-68 (ISBN2859443924, lire en ligne).
↑ abcd et eFlorian Mazel, La noblesse et l'Église en Provence, fin Xe – début XIVe siècle, Paris, éditions du CTHS, (ISBN2-7355-0503-0), p. 230-231.
↑ abcdefghi et jJean-Hervé Foulon, Mariacristina Varano, « Réforme et épiscopat en Provence. Étude comparée des cas de Gap et de Sisteron au milieu du XIe siècle », Cahiers de Fanjeaux, no 48, , p. 311-342, dont page 319 (lire en ligne).
↑ ab et cMarie-Pierre Estienne, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies Xe – XVe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 287 p. (ISBN978-2-82182-761-5, lire en ligne). ([PDF] lire en ligne).
↑Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne), pp. 377-383.
↑Europäische StammtafelnXIV 9 les seigneurs d'Ap et Faire mémoire: souvenir et commémoration au Moyen Age : séminaire Sociétés, idéologies et croyances au Moyen Age, Par Claude Carozzi, Idéologi Séminaire Sociétés, Huguette Taviani-Carozzi, Université de Provence Equipe de recherche "Sociétés, idéologies et croyances au Moyen Age", Collaborateur Claude Carozzi, Huguette Taviani-Carozzi, Publié par Publications de l'Université de Provence, 1999, p.224.
Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne), pp. 365-366, p. 375.
René Poupardin, Le royaume de Bourgogne (888-1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles, Paris, H. Champion, , 509 p. (lire en ligne), pp. 295-296, p. 494.
Articles et ouvrages récents
Guillaume Clamens, « La Famille des seigneurs de Nice : Origines et Généalogie (999-1154) », Archéam, no 16, , pp. 26-61 (lire en ligne).
Marie-Pierre Estienne, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies Xe – XVe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 287 p. (ISBN978-2-82182-761-5, lire en ligne). ([PDF] lire en ligne).
Eliana Magnani, Monastères et aristocratie en Provence - milieu Xe - début XIIe siècle, vol. 10, Lit Verlag, coll. « Vita Regularis. Ordnungen und Deutungen religiosen Leben im Mittelalter », , 610 p. (ISBN3-8258-3663-0, lire en ligne).
Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale : 879-1166, contribution à l'étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, , 431 p. (lire en ligne), p. 93.
Mariacristina Varano (thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I), Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, , 1007 + 132 (lire en ligne [PDF]).
Alain Venturini, « Chapitre V - Le temps des Reillane-Vence », dans Georges Castellan (sous la dir.), Histoire de Vence et du Pays Vençois, Aix-en-Provence, (lire en ligne).
Alain Venturini, « Naissance et affirmation du Consulat de Nice », Recherches Régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, no 185, , p. 5-19 (lire en ligne [PDF]).