La famille Journu, originaire de Villefranche-sur-Saône, s'installe dans la ville de Lyon, puis dans celle de Bordeaux au début du XVIIIe siècle. Elle se lance alors dans le négoce et dans l'armement de navires vers les Indes et les Antilles, et obtient rapidement une place distinguée dans la bourgeoisie bordelaise. Elle est à l'origine de cinq expéditions de traite négrière entre 1787 et 1792[1].
Né à Lyon, Claude Journu est marchand droguiste (épicerie) au début du XVIIIe siècle. Il se diversifie ensuite dans le commerce de l’indigo et du sucre venus des plantations coloniales. Son comptoir est d'abord situé 73 rue de La Rousselle, au cœur du quartier qui fait vivre le marché bordelais des produits coloniaux. Il s’insère encore plus dans le système de production et d’échanges caribéen quand il devient raffineur de sucre, avec sa propre usine sucrière en 1730[3].
Il aura un très grand nombre d'enfants. Les registres d'État civil en mentionnent 18[2]. Parmi eux, ses fils Bonaventure, Bernard et Jean-Baptiste, reprendront son négoce. Ce dernier s’installe à la colonie de Saint-Domingue comme représentant de la maison Journu, dans les années 1770[3].
Bonaventure Journu (1717-1781)
Fils de Claude Journu, Bonaventure Journu est un richissime négociant et armateur. Il est consul en 1762, et juge en 1776, à la Bourse de Bordeaux.
Il épouse une « fille de la famille de gros négociants Fonfrède, ce qui ouvre la voie à une coopération étroite entre les deux sociétés familiales. Ils essaiment dans plusieurs ports qui participent au grand commerce de produits coloniaux avec tout un réseau de commissionnaires représentant la maison : Marseille, Nantes, Amsterdam, Le Cap français à Haïti (Cap-Haïtien) »[3].
Il fait construire par les architectes Durand, en 1782, un hôtel particulier sis Fossés du Chapeau-Rouge (aujourd'hui 3 cours du Chapeau Rouge), doté d’une riche collection de peintures[3].
Bonaventure et son frère Jean-Baptiste font partie des plus grands négociants de la ville et figurent être les deux plus imposés à la capitation à Bordeaux en 1777[3].
Sa fortune est telle qu'Oudot de Dainville la décrit en ces termes : « Le vent qui poussait ses navires sur la mer des Indes ou vers les Antilles semblait abattre les pluies d’or sur sa demeure »[4].
Il s'ennoblit en achetant une charge de conseiller-secrétaire du roi « en la chancellerie près le parlement de Dijon ».
Olivier Journu (1724-1764)
Fils de Claude Journu, il est négociant.
Jacques Journu, dit Abbé Journu-Dumoncey (1733-1791)
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Le , Bernard épouse Geneviève-Monique Auber, riche créole de Port-de-Paix, à Saint-Domingue. Ce mariage apporte au couple 1,4 million de livres, une dot de 290 000 livres et fait de lui un planteur.
Il lègue à la ville les riches collections d’histoire naturelle acquises par son père Bonaventure Journu. Celles-ci constituent le premier fonds du Museum d’histoire naturelle de Bordeaux[8]. En 1864, il obtient son nom de rue en raison de sa position notabiliaire[8] mais au début des années 2000, cet honneur est contesté en raison de son implication dans la traite négrière[9].
Il est guillotiné en 1794, accusé entre autres d'avoir « taxé de fanatisme l'amour des nègres pour la liberté »[10], et pour avoir critiqué les assignats en cours d’inflation et de dépréciation[3].
↑Eric Saugera, Bordeaux port négrier, XVIIe – XIXe siècles, Paris, Karthala, nouvelle édition revue et complétée, 2002, 382 p. (ISBN978-2-86537-584-4, lire en ligne)
↑ a et bAlbert Rèche, Naissance et vie des quartiers de Bordeaux : mille ans de vie quotidienne, L'horizon chimérique, (lire en ligne), p. 124