La famille Arghutyan-Yerkaynabazuk (arménien : Արղության-Երկայնաբազուկ), Mkhargrdzeli-Arghutashvili (géorgien : მხარგრძელი-არღუთაშვილი) est une famille connue plus tard sous le nom de Argoutinsky-Dolgoroukoff (ou Argoutinsky-Dolgoroukov, russe : Аргутинский-Долгоруков). Est une famille noble arméno-géorgienne dont le double nom de famille indique leur descendance d’Arghout (mort en 1506) et de la famille médiévale Mkhargrdzeli (Zaqaryan-Zachariads) dont fut partie Zakarie II Zakarian(en) Shansché Ier le Grand, prince de Lori-Somkhéti et Grand-connétable de Géorgie, roi de la Principauté arménienne de Zakarid au XIe siècle. « Dolgoroukov » est une traduction russe directe de « Mkhargdzeli », ce qui signifie littéralement en géorgien « long bras », qui fut accordé par le tsarPaul Ier en 1800[1].
L'empereur Paul Ier avait élevé le 22 mars 1800 l'archevêque Hosvep Arghouthian et toute sa famille à la dignité de prince russe pour le remercier des services rendus à la Russie, en lui permettant d'ajouter à son nom celui de Dolgorouki, les deux noms, en arménien et en russe, ayant le même sens : « long bras ». Les Arghoutian affirmaient descendre du roi perse Artaxerxès Ier, surnommé « longue main »[2],[3],[4].
Diaspora de la famille
La famille Mkhargrdzeli-Arghoutachvili est originaire de la région de Lorri et notamment de Sanahin.
À partir du XIXe siècle, la plus grande partie des membres de la famille Argoutinsky-Dolgoroukoff vit dans la région de Tiflis.
Entre 1820 et 1855, Moïsseï A.-D. est major au Caucase puis gouverneur de Erevan, il participa à plusieurs guerres dans ces régions. Il est enterré à Sanahin[5].
En 1822, un membre de la famille traduit à Sanahin un ancien manuscrit de l'arménien vers le russe[6].
Le matin du 10 octobre 1897, on retrouve dans les journaux, venant par le train Express-Orient, des traces de l'arrivée à Paris d'un des princes Wladimir Argoutinsky-Dolgoroukoff[7].
Lors de la Seconde Guerre mondiale, au printemps 1943, la diaspora familiale de Nice se déplace à Paris (en train via la gare de Lyon) et s'y établit, notamment dans les VIIIe, XVe et XVIIe arrondissements de la ville[14],[8].
Histoire
Origines
Au XIe siècle, pendant le règne de Tamara, reine de la Géorgie les frères Hovannes et Zakaria Argoutian-Yerganadapazouc étaient chefs d’armée en Géorgie. Les deux noms sont liés directement à toutes les réussites des campagnes militaires de la reine Tamara de Géorgie. Le père de ces deux frères, Sarkis, et le grand-père, Avak-Sarkis sont connus dans l’histoire de la Géorgie déjà comme grands administrateurs, actifs pour le pays. De la même famille est également issu l’écrivain connu Sarkis de Thorveli-Dolgorouki.
L’historien Guiragos-Khanzaguetzi raconte que c’est grâce à l’intervention de Zakaria qu’a eu lieu les réunions arméniques entre 1205 et 1207 a Lorri. Les descendants de Zakaria ont gouverné la Province de Kars, et toute cette période est connu dans l’histoire comme la domination des Zakaria ; devenues Zakarian; période riche.
Le fondateur de la famille, Arghout, s'établit à Lorri, dans le nord de l'Arménie, alors sous suzeraineté géorgienne, à la fin du XVe siècle. Ses descendants ont été accueillis parmi la classe supérieure (aznaouri) de Géorgie et ont été établis à Sanahin, où se trouvait l'abbaye dynastique de la famille.
Certaines sources indiquent également une origine remontant à « Karpaniel Archakoun » (russe : Карпаниеля Аршакуна) qui en 1062 était propriétaire de la ville et de la forteresse de Lorri[15],[16], en Géorgie[17].
Contrairement à l'opinion communément admise, l'historien russe Piotr Dolgoroukov (historien)(en) (1816-1868) (qui ne fait pas partie de la famille Argoutinsky-Dolgoroukoff, mais des Dolgoroukov une autre famille princière russe) avait avancé l'hypothèse d'une origine en commun avec la famille rurikide et avait tenté de la retracer jusqu'au prince Iouri Dolgorouki du XIIe siècle[18].
La famille devient princière
Le plus illustre de la famille est le Catholicos, le prélatHovsep (Joseph) né a Tiflis en 1743 et mort en 1801. Sa mort est due à un accident alors qu’il allait de Tiflis à Etefmadzine, pour prendre possession du trône. Les historiens russes rappellent qu’il était un des plus grands personnages de son temps.
Pendant longtemps, il fut prélat des Arméniens de toutes les Russies, et son savoir-faire a toujours été mis au service des communautés arméniennes. Il connaissait parfaitement les problèmes orientaux ; et il apportait son soutien aux armées russes en particulier au niveau du Haut Commandement en contribuant à leur réussite stratégique dans les conflits russo-perses ; et russo-turcs. Il était pour les relations particulières avec la tsarineCatherine II ; grâce à elle, on a fondé la ville arménienne de Noz-Nakhitchevan. De plus il a fondé aussi la ville de Grégoriopol, ainsi nommée du prénom du favori de Catherine II : Grégory Potiemkine. De ce fait, ces deux villes ont joui d’avantages fiscaux.
Comme reconnaissance pour les services rendus à l’Empire russe, le tsarPaul Ier a donné le titre de prince (knèze) a Hovsep (Joseph) ; à ses cousins et à tous leurs descendants. Paul a rétabli les armoiries des familles princières Argoutians, composées déjà des anciens signes des éléments familiaux ; comprenant ainsi les faucons et le lion et y ajoutant au centre le monogramme du tsar[19]. Le titre princier fut confirmé par l'empire russe le 6 mars 1819, le 15 décembre 1838 et le 14 novembre 1857[20],[21].
Avant Paul Ier, l'impératrice Catherine II avait donné à la famille Argoutian 12 000 hectares de terre autour de Grégoriopolis où a été installée une agglomération appelé Zakarievka (située dans la province d'Odessa)[22] en l’honneur du prénom d’un des frères.
Une dynastie influente
Le Catholicos Hovsep a laissé trois volumes de manuscrits (800 pages) édités avant la Révolution de 1917. Sa correspondance est tellement importante pour l’histoire arménienne qu’elle a aussi été éditée par le Vartakod Kud Aghanian sous le titre Mémoire de l’histoire arménienne. C’était aussi le souhait du prince Boris Argoutian. Il a d’ailleurs assumé tous les frais d’édition entre 1850 jusqu’en 1900.
Le commandant Movses Yorganapazouk Argoutian fut aussi très populaire pendant les guerres que la Russie a menées dans le Caucase[23]. La Russie, reconnaissante, a érigé sa statue dans la capitale du Daghestan en 1879 ; la ville de Temir-Khan-Choura, avec cette inscription sur la plaque : « Conquérant du Caucase de l’Est ». C’était la seule et unique statue d’un Arménien dans toutes les Russies.
De cette dynastie est aussi issu le prince Nicolas Barseghyan Argoutinsky-Dolgoroukoff mort en 1916 ; il avait été élu trois fois maire de Tiflis. Il avait aussi le titre de grand chambellan de la famille d'Alexandre III. Il avait une place particulière auprès du gouvernement général de Tiflis. Il a fondé la première école pour les sourds-muets de Tiflis. Il avait fondé une bibliothèque personnelle très riche de 10 000 volumes. Ses descendants l’ont donnée au gouvernement arménien (bolchévique) avant de quitter le pays en 1920. Cette bibliothèque fait encore partie de la richesse de la Bibliothèque nationale d'Arménie.
Le prince Nicolas A.D. était marié avec Marie Mirzoff, la fille d’un notable russe-arménien : Hovannes Mirzoyantz. Cette princesse très courtoise, très accueillante était très aimée et appréciée de son entourage. Morte en 1919, elle a légué 40 000 roubles arméniens à la cathédrale de Tiflis, et 20 000 pour le couvent de Tiflis. Ces legs n’ont pas été exécutés à cause de la révolution bolchévique de 1917.
Le prince Boris Argoutinsky-Dolgoroukov, fils de Nicolas, juriste à l’Université d’Odessa, était gentilhomme de la chambre de Nicolas II. Il était aussi chef des notables de la ville de Tiraspol. Il a occupé plusieurs postes important en Europe. Il était adjoint du vice-roi Nicolas, le Grand-duc qui a renoncé à ses droits après l'assassinat de son neveu Nicolas II et de la famille impériale et est parti en exil. Boris avait une très belle attitude envers la communauté arménienne et la littérature. Il a eu des succès littéraires et a été mécène. Il a été marié avec une notable, Mlle Soukhomlina, qui connaissait profondément la littérature arménienne.
Beaucoup d'autres membres de la familles occuperont des postes important au sein de l'armée, tel que colonel dans la garde de hussard du Tsar, Lieutenant général ou des fonctions civiles importantes tel que secrétaire provincial ou maire de villes importantes.
Personnalités
Retrouvez ci-dessous une liste non exhaustive des membres importants de la famille Argoutinsky-Dolgoroukoff.
À noter que les noms ne sont pas fixes : Hovsep se dit aussi Iossif ou Joseph, Peter se dit Pierre ou Piotr, Movses se dit aussi Moïse ou Moïsseï, etc.
Il en est de même pour l'écriture des noms de familles, les plus courantes sont : Argoutinsky-Dolgoroukoff, Argutinsky-Dolgorukov, Argutinsky-Dolgorukow, Arghutinsky-Dolgoruky...
Liste des descendants de la dynastie Argoutinsky-Dolgoroukoff
(hy) Կ. Ռ. Փահլևանյան (K. R. Pahlévian), « Արգուտինսկի-Դոլգորուկով իշխանական րնտանիքի ներդրումը Առաջին աշխարհամարտում ռուսական զորքերի հաղթանակի գործում » [« La contribution de l'armée princière Aroutinsky-Dolgoroukoff à la victoire des troupes russes pendant la Première Guerre mondiale »], Herald of the Social Sciences, Académie nationale des sciences de la République d'Arménie, (ISSN0320-8117, lire en ligne)
(ru) Fokin Pavel Evgenievich, Galerie de portraits de héros culturels du tournant des XIXe et XXe siècles. Volume 1. AI, vol. 1 : A-I (lire en ligne), "ARGUTINSKIY-DOLGORUKOV Vladimir Nikolaevich"
Vlastov, Georgij Konstantinovič, Ombres du passé : souvenirs d'un officier du Caucase, A. Bertrand (Paris), (lire en ligne)
(en) Maria Ponomarenko, « Mapping Art Collecting in Europe, 1860-1940 - Chapter 3 An Enlightened Amateur: Prince Wladimir Argoutinsky-Dolgoroukoff (...) », BRILL, (DOIhttps://doi.org/10.30965/9783657795437_004)
Princesse Marta Argoutinsky-Dolgoroukoff et Suzanne Paquelin, Catherine Ière de Russie et son petit-fils Pierre II, Paris, Les Livre Nouveaux, , 180 p.
↑Jacques de Morgan (préf. Gustave Schlumberger), Histoire du peuple arménien depuis les temps les plus reculés de ses annales jusqu'à nos jours, (lire en ligne)
↑(en) The Portfolio, Or, a Collection of State Papers: Illustrative of the History of Our Times, James Ridgway and Sons, (lire en ligne)
↑Henri Cordier (1849-1925) Auteur du texte, Bibliotheca sinica. Dictionnaire bibliographique des ouvrages relatifs à l'Empire chinois. Tome 2, 1878-1895 (lire en ligne), p. 931
↑ a et bArchives de l'état civil de la ville de Paris (1921-1978)
↑Archives des Alpes-Maritimes, Annuaires de Nice, Liste des habitants de Nice par rues, Nice, , version digitale: 371 (lire en ligne), p. 304 (v. digitale: p. 82)
↑« Renseignements Mondains », Le Figaro, no 297, , p. 2 (lire en ligne) :
« Arrivé à Londres et descendu au Carlton Hotel : (...) Prince Vladimir Argoutinsky-Dolgoroukoff (...) »
↑« Liste des Autorités, Professeurs, Étudiants et Auditeurs - Semestre d'été 1912 », Université de Genève, , p. 84 (lire en ligne [archive])
↑ a et bTémoignage oral (février 2019, Île-de-France) d'un membre de la famille ayant vécu à cette période et présente lors du voyage Nice-Paris en mars 1943.
↑« À la frontière entre Arménie et Géorgie est disputée, pour une partie des districts de Bortchalo et de Lori, une brève guerre entre les deux pays du 13 au 31décembre1918. La médiation britannique, du 9 au 17janvier1919, institue le « territoire neutre de Bortchalo et de Lori », à double tutelle administrative, arménienne et géorgienne » (Wikipédia)
↑Comptes-rendus du XIIe Congrès international de médecine (Moscou, 7 [19]-14 [26] août 1897). Volume 1 / publiés par le comité exécutif sous la rédaction du secrétaire général W. Roth, 1898-1900 (lire en ligne)