Une exposition coloniale est une variété d'exposition internationale organisée dans la deuxième moitié du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle dans les empires coloniaux européens.
Destinées à soutenir le commerce, les expositions coloniales ont également pour but de renforcer le soutien populaire des habitants de la métropole au processus de colonisation pendant la période du nouvel impérialisme : plusieurs expositions coloniales se caractérisent par des reconstitutions spectaculaires des environnements naturels et des monuments d'Afrique, d'Asie ou d'Océanie, permettant aux visiteurs de découvrir différentes facettes des colonies, soigneusement mises en scène. Certaines font usage de zoos humains.
En France, la mise en scène des colonies se tient tout d'abord lors des expositions universelles de Paris puis progressivement dans des manifestations spécifiques : expositions internationales et coloniales de Rouen (1896) et Rochefort (1898), et surtout exposition coloniale de Marseille en 1906, au cours de laquelle est créé un comité national des expositions coloniales en France, aux colonies et à l'étranger, chargé d'organiser régulièrement ce genre d'expositions. En 1931, la France possède le deuxième empire colonial de la planète après le Royaume-Uni, qui compte près de 42 millions d'habitants sur plus de 12 millions de km² : cette année là, l'exposition coloniale internationale se tient à Paris pendant 6 mois et vend 33 millions de tickets pour 8 millions de visiteurs. Elle inclut des dizaines de musées temporaires, des reproductions architecturales s'inspirant des territoires colonisés, un parc zoologique et plusieurs édifices permanents. Elle compte également des villages indigènes reconstitués, où des habitants sont contraints d'être leurs propres acteurs pour l'édification des visiteurs.
L'empire du Japon organise plusieurs expositions coloniales dans l'archipel métropolitain, mais également dans ses colonies de Corée et Taïwan. Leurs objectifs sont néanmoins comparables à leurs équivalents européens : mettre en avant les réalisations économiques et le progrès social censément apportés par la domination japonaise.
La Seconde Guerre mondiale met un terme aux expositions coloniales : les années qui suivent lancent le processus de décolonisation et de démantèlement des empires coloniaux européens. La dernière exposition coloniale, la foire coloniale, se tient à Bruxelles en 1948.
Le Bureau international des expositions, créé en 1928 pour superviser les expositions internationales, ne reconnaît aucune exposition coloniale (exceptées les expositions universelles, comme celle de Paris en 1889), même de façon rétroactive ou comme exposition spécialisée.
Du 15 avril au 15 novembre ; lancée et dirigée par Jules Charles-Roux. Elle attire 1 800 000 visiteurs venus visiter une cinquantaine de palais et de pavillons.
↑Odon Abbal, L'Exposition coloniale de 1889 : La Guyane présentée aux Français, Matoury, Ibis Rouge, , 110 p. (ISBN978-2-84450-382-4)
↑Bertrand Lemoine, Cinquantenaire de l'Exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne, Paris, Institut français d'architecture, (ISBN285346041X)
Catherine Hodeir, Catalogue de l'exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne, Paris 1937, cinquantenaire, Paris, Institut français d'architecture, , « La France d'Outre-Mer »
(en) Catherine Hodeir, Images and Empires: Visuality in Colonial and Postcolonial Africa, Berkeley, University of California Press, (ISBN0-520-22949-5, DOI10.1525/california/9780520229488.003.0010), « Decentering the Gaze at French Colonial Exhibitions », p. 233-252
Catherine Hodeir et Michel Pierre, L'Exposition coloniale, Paris/Bruxelles, Archipoche, , 3e éd. (1re éd. 1991)
(en) Catherine Hodeir, The Invention of Race. Scientific and Popular Representations, New York / Londres, Routledge, (ISBN9780367208646), « Human Exhibitions at World's Fairs: Between Scientific Categorization and Exoticism? The French Presence at Midway Plaisance, World's Columbian Exposition, Chicago 1893 »
Christelle Lozère, Les Salons coloniaux en province (1850-1896), Paris, Mare & Martin,
Olivier Razac, L'Écran et le Zoo : Spectacle et domestication, des expositions coloniales à Loft Story, Paris, Denoël, , 211 p. (ISBN2-207-25170-5)