En mathématiques, un espace d'Eilenberg-MacLane[1] est un espace topologique ayant un seul groupe d'homotopie non trivial. Ce type d'espace joue un rôle de composant élémentaire en théorie de l'homotopie, puisqu'il jouit d'une forme d'unicité et intervient dans des procédés de reconstruction d'espaces plus complexes (il en est ainsi des tours de Postnikov).
Soient G un groupe et n un entier strictement positif. Un espace connexeX est appelé un espace d'Eilenberg-MacLane de type K(G, n) si son negroupe d'homotopie πn(X) est isomorphe à G et si tous ses autres groupes d'homotopie sont triviaux. Si n > 1, G doit être abélien. Moyennant quoi, il existe toujours un CW-complexe de type K(G, n)[4]. Il est unique à homotopie faible d'équivalence près, c'est pourquoi tout espace de ce type est simplement noté K(G, n).
L'espace projectif réel de dimension infinie P∞(ℝ) est un K(ℤ2, 1).
Le bouquet de k cercles(en) (S1)∨k est un K(Fk, 1), où Fkdésigne le groupe libre sur k générateurs. Plus généralement, si X et Y sont des CW-complexes de types respectifs K(G, 1) et K(H, 1), leur wedgeX∨Y est un K(G∗H, 1).
D'autres exemples s'en déduisent en utilisant la propriété élémentaire : K(G, n) × K(H, n) = K(G × H, n).
On peut construire un K(G, n) un étage après l'autre, en tant que CW complexe, en commençant par un bouquet de n-sphères, une par générateur du groupe G, puis en recollant des cellules de proche en proche, en chaque dimension, pour tuer l'homotopie excédentaire.
Propriétés
Les groupes de cohomologie d'un K(G, 1) coïncident avec ceux du groupe G[7].
l'élément u ∈ Hn(K(G, n);G) correspondant à l'identité de G fournit par fonctorialité, pour tout CW-complexe X, une bijection naturelle f ↦ f*u, de l'ensemble [X, K(G, n)] des classes d'homotopie d'applications continues de X dans K(G, n) dans le ne groupe de cohomologie singulière Hn(X;G) de X.
Une autre version de ce résultat[8] établit une bijection avec le ne groupe de cohomologie de Čech pour X paracompact et G dénombrable, ou pour X paracompact et compactement engendré et G arbitraire. Un résultat ultérieur[9] établit une bijection avec le ne groupe de cohomologie « numerable » de Čech pour X et G (abélien) arbitraires.
Tout CW-complexe possède une tour de Postnikov, c'est-à-dire qu'il est faiblement homotopiquement équivalent à la limite projective d'une suite de fibrations dont les fibres sont des espaces d'Eilenberg-MacLane.
Les groupes de cohomologie des espaces d'Eilenberg-MacLane peuvent servir à classifier toutes les opérations cohomologiques.
↑Mac Lane ayant (co-)signé ses premières publications « MacLane » (sans espace), en particulier celles concernant cette notion, l'usage est de typographier ainsi son nom dans ce contexte.
↑(en) S. Eilenberg et S. MacLane, « Relations between homology and homotopy groups of spaces », Ann. Math., vol. 46, , p. 480-509, lien Math Reviews.
↑(en) S. Eilenberg et S. MacLane, « Relations between homology and homotopy groups of spaces. II », Ann. Math., vol. 51, , p. 514-533.