Issu de la petite bourgeoisie, c'est influencé par ses parents (sa mère faisait partie des chœurs de la Peoples Independent Church of Christ de Los Angeles) qu'Eric Dolphy[2],[3] fait ses premiers pas dans monde de la musique. Il commence par l’harmonica puis évolue vers la clarinette à l’âge de 8 ans. Plus tard, il s'initie au hautbois et remporte même un concours qui lui permet de s'inscrire à l'université du Sud de la Californie. Puis, influencé par de grands noms du jazz tels Duke Ellington, Fats Waller ou Coleman Hawkins, il ressent le besoin de s'essayer au saxophone alto ainsi qu’à la flûte traversière[4]. Le jeune Eric est alors âgé de 15 ans[5],[6].
Début de carrière
Il commence sa carrière en 1948-1949[7], en se produisant dans des orchestres de bebop comme les Roy Porter and his 17 Beboppers[8], mais ne commence à se faire réellement connaître que vers 1958[9], année où il est engagé par le batteur Chico Hamilton[10]. Hamilton dirige à l'époque une petite formation assez atypique, incluant guitare et violoncelle, qui produit une musique assez expérimentale. C'est ensemble qu'ils jouent le magnifique Ellington Suite[11]. Mais le jeu de Dolphy ne plait pas au producteur qui demande son remplacement[12].
En 1959, Eric Dolphy s'installe à New-York et rejoint le quartet du contrebassiste Charles Mingus où, plus encore que chez Hamilton, il peut se livrer à ses audaces musicales[13]. C'est cette même année qu'il enregistre son premier album Outward Bound[14]. Il enregistre aussi avec Ken McIntyre (Looking Ahead). Il est alors en plein milieu de l'avant-garde du jazz[6].
Il enregistre des albums remarquables sous son nom où, outre ses qualités d'instrumentiste, il prouve qu'il est aussi un excellent compositeur : Out There (1960), At The Five Spot (1961), Out to Lunch! (1964), etc.
Mort
En 1964, il meurt à Berlin-Ouest, au cours d'une tournée européenne, d'une crise cardiaque consécutive à un diabète, à l'âge de 36 ans[6].
Style
La carrière d'Eric Dolphy se distingue d'abord par sa brièveté : l'essentiel de ses enregistrents s'étale sur seulement six ans[6].
Selon Jean-Louis Comolli, Eric Dolphy est dans l'histoire du jazz un « passeur ». En effet, ce multi-instrumentiste est un des musiciens qui a rendu possible le passage du bebop au free jazz en cassant le cadre du « solo tonal » et en tournant définitivement le dos au « beau son »[19]. C'est également l'un des premiers jazzmen à s'être détourné du thème, et notamment à penser l'improvisation de manière indépendante d'un thème[20].
Il indique notamment son intérêt pour le chant des oiseaux dans son approche des micro-intervalles joués à la flûte:
« C'est comme ça que font les oiseaux. […] Les oiseaux ont des notes entre nos notes – vous essayez d'imiter ce qu'ils font et, peut-être que c'est un truc entre les notes fa et fa dièse, et vous devrez monter ou descendre la hauteur de la note. C'est vraiment quelque chose ! Et donc, quand tu joues, ça vient[21]. »
Chico Hamilton : Gongs East ! ; Chico Hamilton Quintet featuring Eric Dolphy
Charles Mingus : Mingus Revisited ; Mingus at Antibes ; Charles Mingus presents Charles Mingus ; Mysterious Blues (1960) ; Reincarnation of a Lovebird, Original Faubus Fables ; The Complete Town Hall Concert ; Goodbye Pork Pie Hat ; Live in Oslo 1964 ; Meditations on Integration ; Live in Copenhagen ; The Great Concert, Paris 1964 ; In Europe
Mike Zwerin & The Sextet of Orchestra USA : Theatre Music of Kurt Weill
DVD
Eric Dolphy In Europe 1961-1964 (Improjazz/Socadisc). En un DVD, la filmographie (quasi) complète d'Eric Dolphy.
Eric Dolphy Last Date (K-films). Un documentaire avec la musique extraite de son dernier album.
Hommages
Plusieurs musiciens ont composé des morceaux en hommage à Eric Dolphy :
Charles Mingus, So long Eric, sur son album Town Hall Concert(en) (1964). Le morceau n'a pas été composé à la mort de Dolphy, mais pour saluer le départ du musicien du groupe de Mingus. Dolphy joue sur ce morceau[29].
↑(en) Don DeMichael, « John Coltrane and Eric Dolphy Answer the Jazz Critics », Downbeat, (lire en ligne, consulté le ) :
« 'That's the way birds do', he said. 'Birds have notes in between our notes - you try to imitate something they do and, like, maybe it's between F and F-sharp, and you'll have to go up or come down on the pitch. It's really something! And so, when you get playing, this comes.' »