Nommé lieutenant en 1833 puis capitaine en 1837, il est envoyé en Algérie en août. Au cours des expéditions liées à la conquête de l’Algérie, il est un remarquable officier d'artillerie. Il participe au siège de Constantine en octobre 1837 et sa conduite lui vaut d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur. Après les expéditions de Médéa et Milianah, il est promu officier de la Légion d'honneur en juin 1840. Il rentre en France en février 1841.
Lors de la campagne d'Italie de 1859, il est affecté au Grand Quartier Général de l’armée en tant que commandant en chef de l’artillerie sous les ordres du Maréchal Vaillant, Major-Général[4]. En récompense de sa conduite, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur le 25 juin 1859.
Président du comité de l’Artillerie
Il devient ensuite aide de camp de Napoléon III, puis Président du comité de l’Artillerie de 1864 à 1866. Dès lors, il ne quitte pas le cercle restreint des généraux siégeant aux diverses commissions d’études de l’armée. Ses avis ne sont pas toujours judicieux[5],[6]. Parmi les mesures discutables dont il porte la responsabilité, on peut citer la diminution des réglages de distances d’éclatement des obus à shrapnell, principales munitions de l’artillerie de campagne. L’effet sur la précision des batteries françaises au cours de la campagne de 1870 allait en être particulièrement désastreux[5],[7],[8].
Le 21 décembre 1866, il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur puis le 28 décembre 1867 il est décoré de la médaille militaire en tant qu'officier général[9].
Ministre de la Guerre
Au début de 1869, il prend le commandement du VIe corps à Toulouse qu’il quitte huit mois plus tard, devenant ministre de la Guerre à la suite du décès du maréchal Niel. Confirmé dans sa fonction par le cabinet d’Émile Ollivier, il atteint l’apogée de sa carrière lors de son élévation à la dignité de maréchal et de sa nomination comme sénateur du Second Empire en mars 1870[10].
Les douze mois d’activités d’Edmond Le Bœuf à la tête du ministère de la Guerre laissent une impression d’inachevée et sont sévèrement jugés par les historiens militaires[5],[11]. Contrairement à son prédécesseur, le maréchal Le Bœuf cherche constamment à ménager Napoléon III et à s’éviter tout conflit avec un corps législatif peu enclin à augmenter les dépenses militaires[12],[5]. Selon Charles Thoumas, alors sous ses ordres au bureau de l’artillerie, Edmond Le Bœuf n’était pas convaincu de l’imminence d’une guerre avec la Prusse[12]. Il se borne à superviser l’évolution des effectifs en hommes ainsi que la gestion des matériels et munitions[12]. Malheureusement, il ne se soucie guère des aspects techniques liés à leurs acheminements en temps de guerre[11],[13], se reposant trop, pour cela, sur les différents bureaux du ministère[5]. Il prend le contre-pied des mesures de mobilisation de son prédécesseur et laisse la routine se réinstaller dans le ministère[5]. Enfin il ne fait rien pour accélérer l’équipement et la mise sur pied de la garde nationale mobile crée par Niel[14].
Guerre de 1870
Le 19 juin 1870, tout en gardant son portefeuille de la guerre, il est nommé Major-Général de l'armée du Rhin, un poste aux contours mal définis sachant que, selon la constitution, le chef de l'armée est Napoléon III[14].
Ses déclarations trop optimistes sur l’état de préparation de l’armée engagent indéniablement sa responsabilité dans la déclaration de la guerre contre la Prusse le 15 juillet 1870[6],[11]. Dès l'entrée en guerre, pris entre un empereur malade et apathique et les principaux chefs de l’armée (Mac-Mahon, Frossard, Bazaine) il ne sait pas imposer l’adoption d’un plan de campagne suffisamment élaboré[5],[11]. Après la pagaille de la mobilisation et les premiers revers face aux Prussiens, Edmond Le Bœuf est relevé de ses fonctions le 12 août 1870[14].
Lorsque la direction de l’armée est confiée à Bazaine, il reçoit le commandement du IIIe Corps en remplacement du général Decaen, mortellement blessé à Borny. Au cours des combats autour de Metz (16-18 août 1870) et malgré sa bravoure habituelle, il montre les mêmes limites tactiques que la plupart des généraux français, figés dans les certitudes de la campagne d’Italie en 1859[5],[6],[14].
Enfermé dans Metz avec le reste de l’armée, il s’oppose à Bazaine et à toute idée de reddition. Le 29 octobre 1870, il est emmené en Prusse comme prisonnier de guerre. Libéré après l'armistice du 28 janvier 1871, il est convoqué en tant que témoin devant deux commissions d'enquête du gouvernement de la IIIe République à la fin de 1871. Il rend Bazaine seul responsable de la reddition de l'armée du Rhin et n'est pas inquiété.
Il se retire ensuite dans son château du Moncel à Bailleul près d’Argentan dans l'Orne.
Il est enterré à Bailleul, dans sa chapelle personnelle.
Citations
Ministre de la Guerre durant la guerre franco-prussienne de 1870, il affirme : « Nous sommes prêts et archiprêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats ».
« Notice nécrologique » dans Revue d'artillerie, Volume 32, Berger-Levrault, 1888, pp. 399-402. Lire en ligne.
Sources modernes
Éric Anceau et Valentine Charles, « Edmond Le Bœuf » in Les ministres de la Guerre, 1792-1870, Presses universitaires de Rennes, 2018, pp. 451-456. Lire en ligne
↑César Lecat Bazancourt, La Campagne d’Italie de 1859, Paris, Amyot, , Tome 1 & 2
↑ abcdefg et hRoland Koch, « L'armée du Rhin : 1870, analyse d’une défaite. », Thèse de doctorat en Histoire militaire et études de défense. Université de Montpellier III., , p. 519 pages
↑ ab et c(en) Geoffrey Wawro, The Franco-Prussian War : The German Conquest of France in 1870-1871, Cambridge, Cambridge University Press, , 346 p. (ISBN0-521-61743-X, lire en ligne)
↑lieutenant-colonel Rouquerol, L’Artillerie dans la bataille du 18 août 1870, Paris, Berger-Levrault,
↑Léonce Rousset, Histoire générale de la guerre franco-allemande (1870-71), Paris, Jules Tallandier,, , 507 & 492
↑« FICHE QUESTION », sur questions.assemblee-nationale.fr (consulté le )