Après la guerre, il poursuit une brève carrière d'ingénieur au Royaume-Uni avant de rejoindre la Royal Air Force en 1922. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est officier au ministère de l'Air et émet une série de critiques à l'égard de hauts responsables de la RAF, ce qui mènera à un remaniement de cette dernière. Le rôle exact d'Edgar McCloughry dans ces changements reste néanmoins à minimiser puisque ses rapports ont été utilisés par des personnalités plus haut placées. Ces critiques lui valent toutefois d'être muté en Afrique du Sud et il ne reviendra en Angleterre qu'en 1942. En 1944, il acquiert un rôle plus tactique en intervenant dans la préparation de l'opération Overlord. Il est ensuite muté en Inde et termine sa carrière au sein du ministère de la Défense.
Edgar James Kingston McCloughry naît le à Hindmarsh, deux ans après son frère Wilfred[a],[1],[2]. Leur père, James Kingston McCloughry, est un drapier originaire d'Irlande du Nord tandis que leur mère, Charlotte Rebecca (née Ashton), est née en Australie[1]. Edgar étudie à l'université d'Adélaïde et à la South Australian School of Mines[1]. Il est toujours étudiant lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914[3].
En , il rejoint le No. 4 Squadron AFC, alors en France[1]. Celui-ci est dirigé par son frère Wilfred et est équipé de Sopwith Camel[1]. Edgar ne souhaite pas cette situation, ayant « [...] toujours essayé, pour des raisons personnelles, d'éviter d'avoir [son] frère comme commandant [...] »[4].
Le No. 4 Squadron se trouve sur le même aérodrome que le No. 74 Squadron RAF et les pilotes australiens ne manquent pas de rencontrer Edward Mannock, le meilleur pilote britannique du conflit[4]. Ce dernier donne d'ailleurs des conseils aux pilotes, notamment à travers diverses conférences[4]. Edgar déclare : « J'avais connu Mick (c'est-à-dire Mannock) auparavant et mon succès était grandement dû à son aide. »[4].
En seulement quatre mois, Edgar McCloughry acquiert l'ensemble de ses victoires aériennes[1],[2]. Le , il revendique un ballon d'observation et un Pfalz D.III[3]. Le , alors qu'il est pourchassé par deux Pfalz, ceux-ci se percutent dans les airs[3]. Le premier s'écrase tandis qu'Edgar McCloughry abat le deuxième, celui-ci terminant en flamme[3]. À la mi-juillet, il a déjà revendiqué neuf victoires aériennes et reçoit la Distinguished Flying Cross[3]. La citation paraît le dans la London Gazette et Edgar y est décrit comme « [...] un pilote déterminé et efficace [...]. »[5]. Dans la même édition du journal[b], sa barrette, accordée fin juillet, est officialisée. Cette deuxième mention met en avant ses exploits : « en l'espace d'un mois, cet officier a détruit dix avions et ballons ennemis. Il a organisé et effectué de nombreux raids sur l'ennemi, souvent à très basse altitude. [...] »[6].
Au début du mois d', Edgar McCloughry est blessé, une balle traversant son mollet[7]. Il ne reprend du service qu'au début du mois de septembre[7]. Pour sa DFC et la barrette, il est directement félicité par le général britannique William Birdwood : « le fait que vous ayez détruit 10 avions ennemis et deux ballons en l'espace d'un mois alors que vous aviez jusqu'alors auparavant à votre actif cinq avions ennemis et deux ballons, est une preuve concrète de la constance de votre bon et vaillant travail dans votre escadron, et je vous félicite pour vos excellents résultats. »[7].
Au cours du mois de septembre, Edgar McCloughryl abat un ballon d'observation et trois avions. Ses deux dernières victoires ont lieu le [3]. Il attaque tout d'abord un train à basse altitude (75 m) en le mitraillant et bombardant, « le coupant en deux, la partie arrière ayant déraillée »[8],[3]. Il abat ensuite un DFW C.V qui patrouille[8],[3]. En rentrant à la base, il aperçoit sept Fokker et « bien qu'il ait dépensé la plus grande partie de ses munitions, le capitaine McClaughry n'a jamais hésité et a engagé le leader [ennemi] »[8]. Il abat le Fokker D.VII mais est blessé dans l'affrontement, au niveau de la cuisse[3],[7]. Il retourne difficilement à sa base, perdant temporairement connaissance en vol, et est envoyé à l'hôpital[3]. Il ne volera plus avant l'armistice[3]. Pour cet évènement, il recevra l'ordre du service distingué, celui-ci étant publiée dans la London Gazette le [8].
Entre-deux-guerres
Edgar McCloughry quitte officiellement l'AFC en [1]. Depuis le mois de janvier de la même année, il a rejoint le Trinity College à Cambridge où il obtient en 1920 un BA en sciences mécaniques et une licence ensuite[2]. Diplômé, il travaille comme ingénieur dans l'industrie anglaise, n'étant pas rentré en Australie après la guerre[2].
Début 1925, il est confirmé flight lieutenant et rejoint la direction des recherches scientifiques du ministère de l'Air fin [2]. Il y reste deux ans avant d'intégrer en le RAF Staff College d'Andover[1],[2]. En parallèle, il commence à écrire et reçoit divers prix[2].
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Edgar Kingston-McCloughry a 43 ans et est en poste au ministère de l'Air[2]. Après avoir atteint le grade de group captain en , il est muté en Afrique du Sud[2]. Cette mutation est attribuée à divers mémos anonymes et très critiques à l'égard de hauts responsables de la RAF, notamment du Chief of the Air StaffCyril Newall[1],[2],[9]. Sous l'influence de Lord Beaverbrook, propriétaire de presse, son article A Weak Link in the Nation's Defences (« un maillon faible dans les défenses de la nation » en français) circule et atteint divers politiciens, dont Winston Churchill[9]. Les retombées se poursuivent et, à la fin de l'année, le Chief of the Air Staff et plusieurs autres commandants sont remplacés[9]. Winston Churchill devient premier ministre à la suite de la chute du gouvernement de Chamberlain et Lord Beaverbrook rappelle « le rôle immense que [McCloughry] a joué pour stimuler l'action politique qui a abouti à un changement au numéro dix de Downing Street. »[9]. Il n'a jamais été établi si Edgar Kingston-McCloughry avait conscience qu'il était manipulé par le monde politique[9].
Cette affaire a sans doute nuit à la carrière Edgar Kingston-McCloughry[1]. Il n'atteindra ainsi jamais le grade de Air marshal, restant Air vice-marshal et étant le seul de sa promotion a ne pas atteindre un tel grade[9]. Il restera convaincu de son rôle prédominant dans la chute de Cyril Newall, mais elle est surtout due à l'action de deux anciens Chief of the Air Staff, Sir John Salmond et Hugh Trenchard[2],[9].
Edgar Kingston-McCloughry revient en Angleterre en 1942, prenant le commandement du No. 44 Group RAF jusqu'en 1943[2]. Il est promu air commodore par intérim la même année et devient commandeur de l'Empire britannique[1],[2]. Fin 1943, il reprend un rôle plus tactique en s'engagent dans la préparation de l'opération Overlord au sein du Allied Expeditionary Air Force(en) qui gère les forces aériennes alliées[1],[2]. Il préside le « comité bombardement », notamment en charge de l'étude du plan du professeur Solly Zuckerman sur le bombardement des infrastructures en France et les implications morales des dommages collatéraux (populations et infrastructures civiles)[2]. Avec Zuckerman, il mène une enquête sur le bombardement de Caen en 1944, celui-ci n'ayant pas été concluant[2]. Il termine la guerre en Inde, examinant les frontières et réorganisant son armée en 1945[2].
Edgar McCloughry se marie le avec Freda Elizabeth Lewis, née en 1901[2]. Ils ont deux filles[2] avant de divorcer quelques années plus tard[2].
Œuvres
Edgar Kingston-McCloughry a écrit divers ouvrages sur la stratégie militaire[2]:
1937 : (en) Edgar James Kingston-McCloughry, Winged Warfare : Air Problems of Peace and War, J. Cape, (lire en ligne)
1939 : (en) Edgar James Kingston-McCloughry, War in Three Dimensions : The Impact of Air-power Upon the Classical Principles of War, Cape, (lire en ligne)
1955 : (en) Edgar James Kingston-McCloughry, The Direction of War : A Critique of the Political Direction and High Command in War, Cape, (lire en ligne)
1957 : (en) Edgar James Kingston-McCloughry, Global Strategy, F.A. Praeger, (lire en ligne)
1960 : (en) Edgar James Kingston-McCloughry, Defense : Policy and Strategy, Praeger, (lire en ligne)
1964 : (en) Edgar James Kingston-McCloughry, The Spectrum of Strategy : A Study of Policy and Strategy in Modern War, J. Cape, (lire en ligne)
Edgar McCloughry abat seize avions et un ballon et met hors de contrôle un avion au cours de la Première Guerre mondiale[10], ce qui fait de lui le troisième as du No. 4 Squadron après Harry Cobby et Elwyn Roy King[11]. À noter que certains de ses camarades du No. 4 Squadron estiment qu'Edgar McCloughry était trop enthousiaste dans certaines de ses réclamations[1],[10].
Ci-dessous, les victoires confirmées sont numérotées[3].
↑Wilfred changera son nom de famille en McClaughry et Edgar est connu sous le nom de Kingston-McCloughry.
↑Harry Cobby, son compagnon au No. 4 Squadron, reçoit le même jour sa deuxième DFC.
Références
↑ abcdefghijklmnopqrst et u(en) Alan Fraser, « McCloughry, Edgar James (1896–1972) », dans Australian Dictionary of Biography, National Centre of Biography, Australian National University (lire en ligne)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) A.G. Garrisson, Australian fighter aces 1914-1953, Canberra, Air Power Studies Centre, , 182 p. (lire en ligne).
(en) Christopher F. Shores, Norman L. R. Franks et Russell Guest, Above the Trenches : A Complete Record of the Fighter Aces and Units of the British Empire Air Forces 1915–1920, Grub Street, , 456 p. (ISBN978-0-948817-19-9).
* = Tous les pilotes australiens n'ont pas servis dans des unités australiennes: beaucoup d'entre eux sont intégrés pendant tout ou partie de leur carrière dans des unités britanniques du Royal Flying Corps, du Royal Naval Air Service ou de la Royal Air Force.
La version du 25 décembre 2022 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.