Le dépôt chimique en solution est couramment employé dans l'industrie car c'est une méthode fiable, simple et bon marché comparée aux autres procédés de dépôt de couches minces, dans la mesure où elle ne demande que des infrastructures peu élaborées et utilise une solution aqueuse à température modérée[1],[4]. Cette méthode peut de plus être adaptée aux productions de masse ou en continu. Elle forme des cristaux de petite taille qui sont a priori peu adaptés aux besoins de l'industrie des semiconducteurs de pointe mais répondent en revanche très bien aux besoins en nanomatériaux. Les couches minces obtenues par dépôt chimique en solution peuvent malgré tout présenter de bonnes propriétés photovoltaïques (largeur de bande interdite) par rapport aux substances semblables obtenues par d'autres méthodes de dépôt plus sophistiquées[1].
Le pH, la température et la composition de la couche mince déterminent la taille des cristaux et peuvent être utilisés pour contrôler la vitesse de formation et la structure de la substance déposée. L'agitation, l'illumination de la solution et l'épaisseur du substrat sont d'autres paramètres déterminant la taille des cristaux formés. L'agitation limite l'incorporation dans la couche mince de cristaux précipités depuis la suspensioncolloïdale[7], ce qui donne des dépôts plus lisses, plus homogènes et avec une plus grande largeur de bande interdite. L'agitation affecte également la vitesse de formation et la température à laquelle se produit la déposition, et peut également modifier la structure des cristaux déposés[7].
Cette méthode tend à déposer des couches d'épaisseur, de composition et de géométrie uniformes, même sur des substrats irréguliers, ce qui la distingue de la plupart des autres procédés. Les ions se déposent sur toutes les surfaces exposées du substrat, et les cristaux croissent à partir de ces ions[2],[8].
Les conditions sont contrôlées de telle sorte qu'il se forme peu d'anionshydroxydeOH− susceptibles de bloquer la déposition ou la précipitation d'hydroxyde métallique insoluble. Un chélateur peut parfois être employé pour prévenir la formation d'hydroxyde métallique. Le sel métallique et le sel de chalcogénure se dissocient pour former les cations métalliques et anions chalcogénures précurseurs du matériau à déposer ; ces espèces sont attirées par la surface du substrat par les forces de van der Waals[8],[9]. Cette méthode conduit à des cristaux plus gros et moins uniformes que celle par agrégats d'hydroxydes.
Mécanisme par agrégats d'hydroxydes
La déposition se déroule en présence d'anionshydroxyde OH− dans la solution et conduit généralement à la formation de cristaux plus petits et plus uniformes que le mécanisme ion par ion. La déposition de sulfure de cadmium CdS est alors représentée par les réactions idéalisées suivantes, qui passent par l'hydroxyde de cadmium Cd(OH)2[9] :
La présence massive d'anions hydroxyde dans la solution conduit à la formation d'hydroxyde métallique qui s'assemble en agrégats (clusters) en suspension, lesquels sont dispersés dans la solution et se déposent sur le substrat sous l'effet des forces de van der Waals. Ces agrégats agissent comme autant de centres de nucléation de cristallites en réagissant avec les anions chalcogénures et conduisent à la formation de multiples cristaux plus petits et plus homogènes que par la réaction ion par ion[8],[9].
Substrats
Outre sa simplicité et son coût, le dépôt chimique en solution présente l'avantage de s'accommoder d'une large gamme de substrats, ce qui multiplie les domaines d'application possibles. Il est également possible d'employer des substrats aux surfaces irrégulières ou portant des motifs complexes. On a ainsi réalisé des dépôts chimiques en solution sur de la mousse de mélamine[10] et des hydrogels d'acide polyacrylique[11] pour certaines applications spécialisées.
↑ abc et d(en) Mark R. De Guire, Luciana Pitta Bauermann, Harshil Parikh et Joachim Bill, Chemical Solution Deposition of Functional Oxide Thin Films : Chemical Bath Deposition, vol. 2013, Vienne, Springer (ISBN978-3-211-99311-8, DOI10.1007/978-3-211-99311-8_14, lire en ligne), p. 319–339.
↑(en) P. K. Nair, M. T. S. Nair, V. M. García, O. L. Arenas, Y. Peña, A. Castillo, I. T. Ayala, O. Gomezdaza, A. Sánchez, J. Campos, H. Hu, R. Suárez et M. E. Rincón, « Semiconductor thin films by chemical bath deposition for solar energy related applications », Solar Energy Materials and Solar Cells, vol. 52, nos 3-4, , p. 313-344 (DOI10.1016/S0927-0248(97)00237-7, lire en ligne)
↑ abc et d(en) B. A. Ezekoye, P. O. Offor, V. A. Ezekoye et F. I. Ezema, « Chemical Bath Deposition Technique of Thin Films: A Review », International Journal of Scientific Research, vol. 2, no 8, , p. 452-456 (DOI10.15373/22778179/AUG2013/149, S2CID137618985, lire en ligne)
↑(de) Justus Liebig, « Ueber Versilberung und Vergoldung von Glas », Justus Liebigs Annalen der Chemie, vol. 98, no 1, , p. 132-139 (DOI10.1002/jlac.18560980112, lire en ligne)
↑ ab et c(en) Michel Froment et Daniel Lincot, « Phase formation processes in solution at the atomic level: Metal chalcogenide semiconductors », Electrochimica Acta, vol. 40, no 10, , p. 1293-1303 (DOI10.1016/0013-4686(95)00065-M, lire en ligne)
↑(en) Seongwoo Jeong, Jemoon Yun, Nanasaheb M. Shinde, Kyung Su Kim et Kwang Ho Kim, « Nickel Hydroxide Nanoflakes Grown on Carbonized Melamine Foam via Chemical Bath Deposition for Supercapacitor Electrodes », International Journal of Electrochemical Science, vol. 15, , p. 1310-1328 (DOI10.20964/2020.02.29, lire en ligne)
↑(en) Sinan Temel, Fatma Ozge Gokmen et Elif Yaman, « Antibacterial activity of ZnO nanoflowers deposited on biodegradable acrylic acid hydrogel by chemical bath deposition », Bulletin of Materials Science, vol. 43, no 1, , p. 1-6 (DOI10.1007/s12034-019-1967-1, lire en ligne)