Bach écrivit la cantate à l'occasion du Quinquagésime qui est aussi le dimanche avant le mercredi des Cendres. Pour cette destination liturgique, trois autres cantates ont franchi le seuil de la postérité : les BWV 22, 127 et 159. Pendant le tempus clausum(de) aucune cantate ne pouvait être jouée à Leipzig. Cette cantate aurait été, le (avec Jesus nahm zu sich die Zwölfe (BWV 22), une pièce de démonstration pour la nomination de Bach au poste de Thomaskantor[1]. Il n'est pas sûr que Bach l'ait dirigée en 1723, mais une représentation le est documentée.
Les lectures prescrites pour le dimanche étaient 1 Cor. 13, 1-13 et Luc. 18, 31-43, la guérison de l'aveugle et l'annonce des souffrances de Jérusalem. Le poète inconnu traite d'abord de la guérison de l'aveugle et n'aborde la Passion que dans le choral final. L'appel de l'aveugle « Du Sohn Davids » s'entend comme une confession du Christ. Dans le troisième mouvement il est dit que ce ne sont pas seulement les yeux de l'aveugle qui attendent la guérison mais que « aller Augen » (tous les yeux) attendent leur guérison, en référence aux Psa. 145, 15.
Pour son exécution de 1724, Bach reprit pour le choral final Christe, du Lamm Gottes, issue d'une Passion écrite à Weimar et qu'il utilisa pour en faire le chœur final de la deuxième version de sa Passion selon saint Jean. C'est la version traditionnellement jouée.
À l'occasion d'une dernière présentation, en 1728, Bach modifia la tonalité en ut mineur.
aria (soprano, alto, hautbois) : Du wahrer Gott und Davids Sohn en si mineur
récitatif (ténor) : Ach! gehe nicht vorüber
chœur : Aller Augen warten, Herr
Choral : Christe, du Lamm Gottes
Musique
Le premier mouvement est un duo dans lequel le trio instrumental des deux hautbois et du continuo se développe en quintette. Les voix, souvent écrites en canon, montent de façon chromatique sur les mots « mein Herzeleid » tandis que les mots « erbarm dich mein » sont exprimés en figures chromatiques plaintives, les voix se soutenant mutuellement.
Le deuxième mouvement est un récitatif où les deux hautbois et le premier violon annoncent en longues notes la mélodie du choral final, Christe, du Lamm Gottes.
Le troisième mouvement, un mouvement dansant en homophonie, rappelle les cantates profanes de Köthen. Les parties intermédiaires sont conçues comme des duos entre le ténor et la basse.
Dans le choral final, les voix du chœur sont amplifiées de façon significative par l'ensemble des trombones et du cornet à bouquin et les trois strophes du choral sont arrangées de façon différentes les unes des autres.