Dorothea von Benckendorff (en russe : Дарья Христофоровна Ливен, Daria Christoforovna Liven), ou Dorothée de Benkendorf, comtesse puis princesse de Lieven, est une aristocrate russe d'origine germano-balte, née à Rīga (gouvernement de Riga) en 1785 et morte à Paris le .
Biographie
Fille du général russe Benckendorff, ministre de la police du tsar Paul Ier, elle est la sœur de :
À Londres, elle joue un rôle politique et diplomatique majeur[1], qui lui vaut le surnom de « Sibylle diplomatique de l'Europe ». Les principaux responsables politiques se retrouvent dans son salon. Grande, élégante, d'une distinction incomparable, excellente musicienne, parlant quatre langues, elle est réputée pour sa conversation brillante. Elle aura brièvement pour amant le prince de Metternich et, comme soupirant longuement, le prince de Galles, futur Georges IV. Elle reçoit Wellington, le duc d'Orléans, Robert Peel ou Lord Castlereagh.
Lorsque son mari est rappelé en Russie en 1834, elle s'installe à Paris, rue de Rivoli, où elle tient un salon très en vue. Un séjour inoubliable à Valençay, en juin 1836, déplaît fort à la duchesse de Dino, sa rivale en influence politique. Peu après, elle devient l'égérie de Guizot.
Elle retourne brièvement à Londres au moment de la révolution de 1848, puis revient à Paris. Elle s'installe à Bruxelles lorsque la Russie entre en guerre avec les puissances occidentales, mais revient en France où elle meurt en janvier 1857, dans la pièce même où Talleyrand s'est éteint.
La princesse de Lieven a laissé une importante œuvre d'épistolière. Son influence politique se mesure ainsi aux ministres et diplomates avec lesquels elle a échangé une correspondance pendant de longues années. Plusieurs de ses correspondances ont ainsi été publiées, à commencer par celle échangée pendant vingt ans avec François Guizot ; l'on peut également signaler les publications de sa correspondance avec Earl Grey, le ministre Palmerston, le prince de Metternich ou le duc Charles de Morny[2].
↑Geneviève Gille, "Au temps de la guerre de Crimée", Revue des deux mondes, 1er février 1966, p. 328-345, et 15 février, p. 545-559 - L'auteur n'a publié qu'une partie de cette correspondance, qui concerne les années 1854 et 1855.
Bibliographie
Ernest Daudet, Une vie d'ambassadrice au siècle dernier. La Princesse de Lieven, Paris, Plon, 1910