Dominique de Roux

Dominique de Roux
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 41 ans)
SuresnesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Dominique Philippe Marie Joseph de RouxVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Famille
Père
Pierre de Roux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Jacqueline de Roux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
Distinction
Prix Roberge ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
  • La Mort de L.-F. Céline (1966)
  • Immédiatement (1972)
  • Le Cinquième empire (1977)

Dominique de Roux (Boulogne-Billancourt, - Suresnes, [1]) est un écrivain et éditeur français.

Biographie

Né dans une famille de la noblesse languedocienne proche des milieux monarchistes (son grand-père, Marie de Roux, historien, a été l'avocat de Charles Maurras et de l'Action française) – tout en demeurant toujours profondément attaché à son terroir charentais –, Dominique de Roux manifesta néanmoins une indépendance précoce, liée à sa volonté de se consacrer à la littérature.

Il interrompt ses études en Première et, à la fin des années 1950, fait plusieurs stages linguistiques et périodes de travail en Allemagne, en Espagne et en Angleterre. À son retour, il fonde avec plusieurs amis (dont son frère Xavier de Roux, sa sœur Marie-Hélène de Roux ou Georges Londeix) le bulletin ronéotypé L'Herne, où il publie notamment ses « Confidences à Guillaume », chroniques d'un cynisme lyrique adressées à son géranium. À la même époque, il effectue son service militaire en France dans une base aérienne. Il épouse en 1960 Jacqueline Brusset, fille du député gaulliste Max Brusset, qui participera très activement à l'aventure de L'Herne, et dont il aura un fils en 1963, Pierre-Guillaume de Roux, éditeur.

En 1960, il publie son premier roman, Mademoiselle Anicet, et refonde en 1961 sa revue sous la forme définitive qui sera celle des Cahiers de l'Herne, une collection de monographies librement consacrées à des figures méconnues ou maudites de la littérature, comprenant des articles, des documents et des textes inédits. Après des volumes consacrés à René-Guy Cadou (1961) et Georges Bernanos (1962), ce sont surtout les cahiers concernant Borges, Louis-Ferdinand Céline, Ezra Pound, Witold Gombrowicz et Pierre Jean Jouve, qu'il dirige personnellement, ainsi que ceux consacrés, toujours à son initiative, à Burroughs-Pélieu-Kaufman, Henri Michaux, Ungaretti, Louis Massignon, Lewis Carroll, H. P. Lovecraft, Alexandre Soljenitsyne, Julien Gracq, Dostoïevski, Karl Kraus, Gustav Meyrink, Thomas Mann, Edgar Poe, Jules Verne, Arthur Koestler, Charles Péguy et Raymond Abellio, qui imposent L'Herne sur la scène littéraire française. Dès 1963, L'Herne ajoute à ses activités l'édition proprement dite.

En 1966, la parution de son essai La Mort de L.-F. Céline inaugure la maison qu'il fonde la même année avec Christian Bourgois, sous le nom de ce dernier et codirige jusqu'à la fin de l'année 1972. En 1968, il prend la direction de la collection de poche 10/18 avec Christian Bourgois puis la quitte à la fin de l'année 1972. À trente ans à peine, il compte parmi les personnalités en vue de la littérature française, omniprésent et âpre à la polémique, notamment contre le groupe Tel Quel.

Son écoute des poètes et écrivains de la beat generation (en particulier Claude Pélieu, Allen Ginsberg et Bob Kaufman) et surtout sa rencontre avec Witold Gombrowicz, à qui il consacre également un essai et un livre d'entretiens, lui révèlent pourtant la possibilité d'un retrait par rapport à l'agitation parisienne. Deux événements décisifs et traumatisants le décident à partir : la présentation, dans Italiques du 3 février 1972, de son recueil d'aphorismes Immédiatement (1971) critiqué par Roland Barthes (traité de « bergère ») et de Maurice Genevoix (présenté comme un « écrivain pour mulots ») et le début de la prise de contrôle des éditions de l'Herne par Constantin Tacou à la faveur de manœuvres financières à la fin de l'année 1973. Ce dernier n'en prendra véritablement la direction qu'en 1976.

Dominique de Roux commence alors une vie d'errance et se réfugie à Lisbonne, puis à Genève. C'est dans ces conditions qu'il animera sa nouvelle revue Exil et lancera ses nouveaux cahiers, les Dossiers H, qui deviendront, après sa mort, une collection dirigée par Jacqueline de Roux aux Éditions L'Âge d'Homme. Il publie plusieurs pamphlets et consacre beaucoup d'énergie au journalisme écrit et télévisuel, notamment comme correspondant et envoyé spécial dans le monde portugais au bord de l'implosion et en proie à la guerre dans ses colonies (Guinée-Bissau, Angola, Mozambique).

De Roux tisse ainsi des réseaux actifs dans le milieu lusophone, d'abord parce qu'il était proche du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE)[2] et, ensuite, en raison de son adhésion à un certain « transcendentalisme politique » inspiré par la lecture de Raymond Abellio avec qui ses rapports anciens s'intensifient à cette époque. Ceci s'incarne dans son utopie d'une « Internationale gaulliste » ainsi que dans son idée que le Portugal représente l'hypothèse d'une civilisation universelle, comme pour les millénaristes sébastianistes.

En avril 1974, au moment de la Révolution des Œillets, il est le seul journaliste français présent à Lisbonne, et probablement l'un des étrangers ayant l'accès le plus direct au général Spínola. Il consacre ensuite plusieurs années à seconder l'opposant angolais Jonas Savimbi auprès de la presse internationale et des chancelleries, de même que dans la conduite de sa guérilla. Il est alors proche du « dernier des grands reporters », comme on le nommait, Paul Ribeaud d'Ortoli, alors lui-même grand reporter à Paris Match[3]. Cette contribution majeure à l'histoire de son temps – qui l'a parfois fait comparer à son ami Malraux – donne également l'impulsion à ses dernières œuvres, Le Cinquième Empire, qui paraît quinze jours avant sa mort subite, à 41 ans, d'une crise cardiaque liée au syndrome de Marfan, et les posthumes La Jeune Fille au ballon rouge et Le Livre nègre.

Œuvres

Romans

  • Mademoiselle Anicet, Julliard, 1960 ; rééd. Le Rocher, 1998
  • L'Harmonika-Zug, La Table Ronde, 1963 ; rééd. Folio-Gallimard, 1983
  • Maison jaune, Christian Bourgois, 1969, réédition 1989
  • Le Cinquième empire, Belfond, 1977 ; rééd. Le Rocher, 1997; rééd. Le Rocher, coll. Motifs, 2007
  • La Jeune Fille au ballon rouge, Christian Bourgois, 1978 ; rééd. Le Rocher, 2001
  • Le Livre nègre, Le Rocher, 1997

Poésie

Essais

  • La Mort de L.-F. Céline, Paris, Christian Bourgois, 1966, réédition collection « Petite Vermillon », La Table ronde, 1994 et 2007
  • L'Écriture de Charles de Gaulle, Éditions universitaires, 1967 ; rééd. Le Rocher, 1994
  • L'Ouverture de la chasse, L'Âge d'homme, 1968 ; rééd. Le Rocher, 2005
  • Contre Servan-Schreiber, Balland, 1970
  • Gombrowicz, 10/18, 1971 ; rééd. Bourgois, 1996
  • Immédiatement, Bourgois, 1972 ; rééd. La Table ronde, 1995 et 2009
  • Ne traversez pas le Zambèze, La Proue, 1973
  • La France de Jean Yanne, Calmann-Lévy, 1974 ; rééd. Editions Pierre-Guillaume de Roux, 2015 (préface de Richard Millet)
  • Gamal Abdel Nasser (1972), L'Âge d'homme, 2000

Autres

  • Lettres à Georges Londeix, 1958-1975, Le Rocher, 1997
  • Il faut partir : Correspondances inédites (1953-1977), Fayard, 2007

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Voir le livre de J-L Barré.
  3. Voir Paul Ribeaud d'Ortoli, « Dominique de Roux, ma rencontre en Angola » dans Jean-Luc Moreau, Dominique de Roux, L'Âge d'Homme, 1997, pp. 399-401.

Voir aussi

Bibliographie

  • Gabriel Matzneff, Vénus et Junon, La Table ronde, 1979
  • Bertrand Poirot-Delpech, Feuilletons, Gallimard, 1981
  • Raymond Abellio, Approche de la nouvelle gnose, Gallimard, 1981
  • Gabriel Matzneff, Un galop d'enfer, La Table ronde, 1985
  • Présence de Dominique de Roux, L'Âge d'homme, 1986
  • Adrien Le Bihan, Retour de Lémurie, éditions François Bourin, 1993 (chapitre « La jungle alphabétique »).
  • Salah Stétié, L'Ouvraison, José Corti, 1995
  • Gabriel Matzneff, Le Dîner des mousquetaires, La Table ronde, 1995
  • Dominique de Roux, L'Âge d'homme, 1997, coll. « Dossiers H »
  • Renaud Matignon, La liberté de blâmer, Bartillat, 1998
  • Rémi Soulié, Les châteaux de glace de Dominique de Roux, coédition L'Âge d'homme et Les Provinciales, 1999
  • Hubert Haddad, Les Scaphandriers de la rosée, Fayard, 2000
  • Michel del Castillo, L'adieu au siècle, Le Seuil, 2000
  • Bernard Delvaille, Journal, 1963-1977, La Table Ronde, 2001
  • Dominique de Roux et L'Herne d'avant les Cahiers (1956-1957), sous la direction de Pascal Sigoda, Au Signe de la Licorne, 2002
  • Delvaille Bernard, Journal, 1978-1999, La Table Ronde, 2003
  • Christian Dedet, Sacrée jeunesse, Éditions de Paris, 2003
  • Marc Lambron, Carnet de bal (2), Grasset, 2003
  • Sarah Vajda, Jean-Edern Hallier, l'impossible Biographie, Flammarion, 2003
  • Bernard-Henri Lévy, Questions de principe IX, Récidives, Grasset, 2004
  • Jean-Luc Barré, Dominique de Roux. Le provocateur, Fayard, 2005
  • Jean-Dominique Rey, Mémoires des autres. I-Ecrivains et rebelles, L'Atelier des Brisants, 2005
  • Fabrice Gaignault, Dictionnaire de littérature à l'usage des snobs, Scali, 2007
  • Philippe Barthelet, Dominique de Roux, Grez-sur-Loing, Éditions Pardès, « Qui suis-je ? », 2007
  • Pierre Belfond, Scènes de la vie d'un éditeur. Fayard, 2007
  • Eric Neuhoff, Les Insoumis, Fayard, 2009
  • Luc-Olivier d'Algange, Fin mars. Les hirondelles, Arma Artis, 2009
  • Philippe de Saint Robert, Écrire n'est pas jouer, Éditions Hermann, 2009 (ISBN 978-2705668440)
  • Pol Vandromme, Une famille d'écrivains, Le Rocher, 2009
  • Jean-Pierre Martinet, Le peuple des miroirs, France Univers, 2010
  • Frédérick Tristan, Réfugié de nulle part, Fayard, 2010
  • Bruno de Cessole, Le défilé des réfractaires, L'Éditeur, 2011
  • Olivier Mony, Du beau monde, Le Festin, 2011
  • Notre Dimitri, collectif, L'Âge d'homme,2011
  • D'un Céline l'autre, textes réunis et présentés par David Alliot, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2011
  • Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l'esprit Hussard, sous la direction de Philippe Barthelet et Pierre-Guillaume de Roux, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2012
  • Schnock, n°3, été 2012, p 26
  • Schnock, n°5, hiver 2013, p 102
  • Jérôme Michel, Un jeune mort d'autrefois - tombeau de Jean-René Huguenin, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013
  • Lisbonne, histoire, promenades, anthologie & dictionnaire, sous la direction de Luisa Braz de Oliveira, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2013
  • Jean-Pierre Montal,Maurice Ronet - Les Vies du feu follet, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013
  • Vivre l'aventure des Cahiers de l'Herne. Entretien avec Jacqueline de Roux par Jean-Louis Lambert et Guillaume Louet., La Revue des Revues, n° 50, automne 2013
  • Christopher Gérard, Quolibets - Journal de lectures, L'Âge d'Homme, 2013
  • François Dosse,Des hommes de l'ombre, Éditions Perrin, 2014
  • Robert Sabatier, Je vous quitte en vous embrassant bien fort, Albin Michel, 2014
  • Henri Godard, À travers Céline, la littérature, coll. Blanche, Gallimard, 2014
  • Christian Dedet, L'Abondance et le rêve, Journal 1963-1966, Éditions de Paris, 2014
  • Dominique de Roux, Revue livr'arbitres n°17, printemps 2015
  • Dominique de Roux. Correspondances, La Revue littéraire n°57, avril-mai 2015
  • Alain de Benoist, Bibliographie internationale de l'œuvre de Céline, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2015
  • Bertrand Lacarelle, La Taverne des ratés de l'aventure, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2015
  • A.David Moody, Ezra Pound: Poet: Volume III: The Tragic Years 1939 - 1972, OUP Oxford, 2015
  • Pol Vandromme, Une indifférence de rébellion, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2015
  • Stéphane Giocanti, Pierre Boutang, Flammarion, 2016
  • Muriel de Rengervé, L'Affaire Richard Millet, critique de la bien-pensance (édition revue et corrigée), Éditions Léo Scheer, 2016
  • Jean-Paul Enthoven, Saisons de papier, Grasset, 2016
  • Marc Hanrez, Poste restante. Un journal littéraire (1954 - 1993). Les Editions de Paris. Max Chaleil, 2016
  • Jérôme Michel, Insulaire de l'esprit. Avec Cristina Campo, La Revue littéraire n°65, novembre-décembre, 2016
  • Witold Gombrowicz, Kronos, Stock, 2016
  • Thierry Clermont, Houellebecq par Houellebecq (Cahier de l'Herne), Le Figaro, 12 janvier 2017
  • Jean-Claude Lamy, Jean-Edern Hallier, l'idiot insaisissable, Albin Michel, 2017
  • Bertrand Burgalat (intervenant), Les Nuits de France Culture, 29 janvier 2017 (20min)

Article connexe

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