La Dirección General de Seguridad (DGS, Direction générale de Sécurité) est un organisme espagnol, relevant du ministère de l'Intérieur, et responsable de la politique d'ordre public sur tout le territoire espagnol.
Créé officiellement en 1886, il est baptisé brièvement Dirección General de Orden Público (Direction Générale de l'ordre public) entre 1921 et 1923, date à laquelle sa dénomination finale est adoptée. Après la guerre d'Espagne, la DGS accroît ses pouvoirs durant la dictature de Franco, devenant l'un des principaux outils de répression du régime.
Son origine remonte au . À cette date, sous le règne d'Isabelle II, un organisme intitulé « Direction générale de la Sécurité et de l'ordre public » est créé[1], Manuel Ruiz del Cerro en prenant la tête. Mais cette Direction est dissoute en octobre de la même année.
En 1886, une entité similaire (« Direction générale de Sécurité »[2]) est créée : dépendante du ministère de l'Intérieur, elle doit centraliser tous les services de police et les autres services de sécurité existants[3],[4]. Son premier directeur est Antonio Dabán y Ramírez de Arellano[3]. Là encore, cette administration est supprimée peu après sa création, en 1888. Recréé toutefois fin 1912, le service est au cœur désormais la majeure partie des politiques gouvernementales concernant l'ordre public.
Entre juin 1921 et novembre 1923, l'organisme est rebaptisé passagèrement « Direction générale de l'ordre public ».
Au début de la guerre civile, la DGS est sous le contrôle du gouvernement républicain, mais est impuissante à empêcher les violences de son propre camp (sacas de presos, paseos(es), checas...)[5]. Malgré son horreur de la situation, le directeur en juillet 1936 José Alonso Mallol ne peut empêcher les exécutions sommaires[5], d'autant que les différents groupes (anarchistes et autres factions) commettant ces crimes puisent directement dans les dossiers et archives appartenant au ministère de l'Intérieur, dont ils se sont emparés dans les premiers jours de la guerre[6].
À la fin du mois, Mallol est remplacé par Manuel Muñoz Martínez, qui est confronté aux mêmes difficultés[7] ; Muñoz Martínez est même considéré comme coupable de passivité (voire de complicité) dans les massacres de la prison de Madrid(es) et de Paracuellos. L'hispaniste Ian Gibson tempère toutefois la responsabilité de Muñoz Martínez sur ce dernier point ; les massacres de Paracuellos se sont déroulés durant les premières semaines de la bataille de Madrid, et, selon Gibson :
« Manuel Muñoz Martínez, directeur général de la sécurité, avait quitté Madrid dans la nuit du 6 novembre, ses fonctions étant assumées par le directeur adjoint, Vicente Girauta Linares. Lorsque le gouvernement est parti pour Valence, la Direction générale de la sécurité, en tant que telle, a pratiquement disparu en tant qu'entité de police de Madrid et, dès lors, toutes ses troupes, ses services, etc., sont devenus dépendants du service de l'ordre public du Conseil. la défense... »
Après les journées de mai 1937 à Barcelone, la DGS, sous les ordres de Ricardo Burillo, responsable de la Sécurité à Barcelone, prend en charge la répression envers les groupes insurgés, en particulier ceux du POUM.
Après la fin de la guerre civile et l'établissement au pouvoir de Francisco Franco, celui-ci fait réorganiser en profondeur la DGS, lui attribuant des pouvoirs supplémentaires en mettant sous son contrôle direct d'autres services précédemment indépendants[9]. La politique menée envers les républicains défaits, loin de favoriser la réconciliation nationale, prône au contraire le principe de la « victoire sur les vaincus »[10], et une nouvelle loi définit cette ligne de conduite qu'applique désormais la DGS.
José Ungría Jiménez, chef des services secrets franquistes durant la guerre, est nommé à la tête de la DGS juste après la guerre, puis est remplacé par le phalangiste José Finat y Escrivá de Romaní[9]. Celui-ci se distingue par sa répression sévère, invitant Heinrich Himmler à Madrid pour élaborer une collaboration entre la DGS et la Gestapo. Sa dernière décision à la tête du service est de mettre en place les Archives Juives(es), visant à signaler et contrôler l'ensemble des membres de la communauté juive espagnole, soit environ 6 000 personnes[11].
Dans les années 1960, le Directorio Revolucionario Ibérico de Liberación(es) (DRIL) revendique le dépôt d'une bombe au siège de la DGS. Cela précipite un rapprochement entre, le régime franquiste et celui de Salazar au Portugal : Alonso Vega et Arias Navarro sont invités par leurs homologues portugais pour lutter ensemble contre l'émigration portugaise clandestine vers la France, présentée comme une voie de prédilection pour les éléments antisalazaristes et antifranquistes. Toutefois, après l'assassinat sur le territoire espagnol du général portugais Humberto Delgado par les services du PIDE salazaristes, en 1965, les relations entre le PIDE et la DGS se délitent, le PIDE refusant de reconnaître cette exécution sommaire et tentant de faire passer cela pour un acte des communistes auprès de leur homologue espagnol. Dès lors, la lutte contre l'émigration portugaise n'est plus soutenue par la DGS[16].
Le , l'organisation ETA politico-militaire planifie un attentat visant la cafétaria Rolando(es), voisine de la Real Casa de Correos. Les cibles de l'attentat sont les nombreux policiers du siège, qui fréquentent l'établissement ; toutefois, des treize victimes que fait la bombe, seule l'une d'elles est identifiée comme policier. ETA ne revendique pas l'attentat[17].
↑Severiano Rojo Hernández, Une guerre de papier: La presse basque antifasciste dans les années trente, Presses universitaires de Rennes, (ISBN978-2-7535-6800-6, lire en ligne), p. 99
↑(es) Ian Gibson, Paracuellos: cómo fue, Madrid, Temas de Hoy, , p. 242
↑ a et b(es) Francisco Franco, « Ley de 23 de septiembre de 1939 reorganizando la Dirección General de Seguridad », Boletin Oficial del Estado, no 269, , p. 5333-5334 (lire en ligne [PDF])
↑Victor Pereira, Migrations et exils entre l’Espagne et la France: Regards depuis l’Aquitaine et l’Aragon, Éditions Cairn, (ISBN978-2-35068-523-6, lire en ligne)
↑(es) « Atentado de la calle del Correo: un caso similar todavía no aclarado », El País, (lire en ligne)
↑(es) Antonio Hernández Gil(es) et Rodolfo Martín Villa, « Real Decreto 1375/1978, de 18 de junio, por el que se reestructura la Dirección General de Seguridad », Boletin Oficial del Estado, no 148, , p. 14849-14851 (lire en ligne [PDF])
Bibliographie
(es) Jesús Ernest Martínez Ferrando, Historia de España. Siglo XX (1939-1996), Madrid, Cátedra, (ISBN9788437617039)