Le diocèse arménien de France (arménien : Ֆրանսահայոց Թեմ) est un diocèse de l'Église apostolique arménienne supervisant les paroisses de la diaspora arménienne en France. Entre la formation de la communauté arménienne de France dans les années 1920 et la fondation du diocèse en 2006, cette communauté n’avait pas d’organisation diocésaine propre, mais un statut provisoire dépendant du légat du catholicos, installé à Paris[1].
Le diocèse est dirigé par l'archimandrite Krikor Khachatryan depuis février 2022.
Historique
Premières organisations européennes au XIXe siècle
En Europe, la première organisation officielle de l'Église apostolique arménienne est fondée en 1898 par le catholicos Mkrtich Khrimian sous la forme d'une entité territoriale religieuse englobant tout le continent basée à Manchester et confiée à Kévork Utudjian (1851-1919) qui porte le titre de prélat d'Europe[2].
La première église arménienne de France est consacrée à Marseille le [3].
Dans l'Entre-deux-guerres
Plus tard, en 1925, le catholicos Georges V Soureniants fonde la Légation catholicossale d'Europe de l'ouest[4] et nomme par bulle pontificale no 79 () Krikor Balakian à sa tête, au poste de Délégué apostolique des Arméniens d’Europe et représentant du Saint-Siège d'Etchmiadzin[2]. Il a pour mission d'organiser les différentes communautés arméniennes éparpillées en Europe après le génocide arménien[2]. Fin 1926, une assemblée générale de délégués venus de onze régions différentes (à l'exception de Manchester qui craint de perdre sa primauté) se réunit à Paris pour préparer un cadre commun d’organisation[2]. L'assemblée vote un statut général et nomme un Conseil central, mais cet embryon d'organisation reste lettre morte du fait de conflits de personnes et d'intérêts qui amènent Krikor Balakian à se retirer[2].
Le est fondée l'Association cultuelle de l'Église apostolique arménienne de Paris et de la Région parisienne afin d'administrer les services et les biens de l’Église[2]. Elle regroupe progressivement les paroisses de Paris, d'Alfortville, d'Arnouville et d'Issy-les-Moulineaux[2]. Le Conseil de l'église de Paris est dirigé par un évêque nommé par le Saint-Siège[3].
Ainsi, les Arméniens de France n'ont pas importé dans leur pays d'accueil leur organisation religieuse traditionnelle[3]. Dans l'Entre-deux-guerres, cette absence de véritable organisation diocésaine semble être le résultat de l'hostilité de la Fédération révolutionnaire arménienne à l'influence de l’Église au sein de la diaspora[3].
Les prémices d'un diocèse unifié
À partir de 1979, le catholicos Vazguen Ier envisage la création d'un diocèse pour la France[1]. Le , il se rend à Paris, où il rencontre les évêques des trois diocèses de Paris, Lyon et Marseille, ainsi que les représentants laïques des différentes paroisses[5]. Il leur exprime alors son souhait qu'ils rédigent de nouveaux statuts dans chacun des diocèses, mais de façon homogène[5]. Il demande de plus la création d'une « Organisation diocésaine de l’Église apostolique Arménienne de France » pour regrouper et représenter l’ensemble des Arméniens vivant dans ce pays, les formalités concernant la rédaction des nouveaux statuts ayant été laissées aux soins des représentants des trois diocèses[5].
Dans sa bulle pontificale no 1271 datée du 5 juillet 1984, le catholicos Vazguen Ier nomme provisoirement Kude Nacachian à la prélature de Paris, le chargeant de mettre en place dans l'année des statuts diocésains pour la France avec les régions de Lyon et de Marseille et que soit constitué un Conseil diocésain national chargé d'élire le Primat du Diocèse de France[2]. Les avant-projets desdits statuts (1985, 1987, 1988) n'ont qu'un impact limité, de même que l'assemblée générale des paroisses de France () sous la présidence du catholicos Garéguine Ier Sarkissian[2]. Dans la lignée de son prédécesseur, Garéguine Ier fait publier un projet de statuts canoniques de l’Église apostolique arménienne du Saint-Siège d’Etchmiadzin ()[2]. La lenteur du processus s'explique par le tremblement de terre de 1988, la mort de Vazguen Ier en 1994, puis celle de son successeur Karekin Ier quatre ans plus tard[1].
La fondation du Diocèse arménien de France
Il faut attendre 2003 pour que le catholicos Garéguine II Nersissian relance la procédure[1]. Elle commence par l’harmonisation des statuts des dix-huit communautés arméniennes de France[1]. En effet, le catholicos lance une nouvelle étude de statuts diocésains entre le et le , placée sous la présidence de Norvan Zakarian, évêque de Lyon[2]. Cette étude aboutit à des statuts approuvés par le Saint-Siège en septembre 2005, acceptés et signés dans le mois suivant par les 18 associations cultuelles de l’Église apostoliques arménienne de France[2]. En novembre, le catholicos demande l'élection de délégués diocésains par les paroisses et l'uniformisation de leurs statuts[2]. Le , 17 associations sur 18 (c’est-à-dire toutes sauf Paris) nomment trois délégués (R. G. Tcherpachian, J. Panossian et K. Torossian) pour procéder à la déclaration de constitution de l’Association diocésaine à la Préfecture de police de Paris et à l’enregistrement de ses statuts le [2].
Le 10 décembre 2006, le catholicosGaréguine II Nersissian proclame à Paris par bulle pontificale (bulle no 373 du [2]) la création du diocèse de l'Église apostolique arménienne de France, ayant pour siège la cathédrale arménienne Saint-Jean-Baptiste de Paris[6]. La bulle est ensuite lue à Marseille le 17 décembre et à Lyon le 24 décembre[2]. De ce fait, le diocèse devient indépendant de la Délégation apostolique de l'Europe occidentale[2]. Conformément aux statuts, deux vicariats, l'un pour le Sud de la France, l'autre pour la région Rhône-Alpes, et 24 communautés ecclésiales, sont placés dans sa juridiction[2].
Le , l'assemblée diocésaine rassemblée dans la salle de la cathédrale Saint Jean-Baptiste, élit à cette fonction l'évêque Norvan Zakarian, qui exerçait jusqu'à cette date son ministère à Lyon[1]. Une liste de trois candidats (l'évêque Nareg Chakarian, l'évêque Norvan Zakarian et l'archimandrite Gomidas Hovnanian) avait reçu la bénédiction de Karékine II, patriarche suprême et catholicos de tous les Arméniens.