Asellus Australis est l’appellation qui prévaut aujourd’hui pour Delta Cancri / δ Cnc et approuvée par l’Union astronomique internationale (UAI)[8]. Aselli est l’adaptation latine du οἱ Ὄνοι, « les Deux Ânes », dans le pseudo-Théophraste et chez Aratos[9]. Voir aussi Delta Cancri / γ Cnc.
Mais on oublie que le mot n’est pas venu directement du grec, mais par les traductions latines des versions arabes de la Μαθηματική σύνταξις de Ptolémée, notamment celle d’ al-Ḥağğāğ (812), soit l’Almageste de Gérard de Crémone, où Asini pour γ et δ Cnc[10], est la traduction de l’arabe الحمران al-Ḥamārān, « les Deux Ânes » (nominatif du duel). À la Renaissance, on lit Asinos et Asellos (accusatif pluriel) dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[11]. La forme Asellus Borealis (nominatif singulier), notée par Richard Hinckley Allen (1899)[12], s’est répandue dans les catalogues du XXe siècle avant d’être retenue par l'UAI.
Notons que le nom Al Hamarein, qui est l’arabe الحمران al-Ḥamārayn (accusatif du duel), chez les traducteurs de Ptolémée comme al-Ḥağğāğ (812), calque du grec οἱ Ὄνοι, « les Deux Ânes », est donné par erreur pour α Cnc chez certains auteurs du XIXe, ce que relève Richard Hinckley Allen (1899)[13], ce qui permet à ce nom de se retrouver pour α Cnc dans des catalogues ultérieurs.
δ Cancri possède deux compagnons optiques désignés δ Cancri B et C ; l'étude de leur mouvement propre et de leur parallaxe indique que leur proximité n'est qu'apparente et qu'elles ne sont pas liées physiquement à δ Cancri A[14]. Par ailleurs, un compagnon supplémentaire de cinquième magnitude, désigné δ Cancri Aa, situé à seulement 1/10 de seconde d'arc a été proposé ; cependant, les mesures de parallaxe du satellite Hipparcos n'ont pas permis de mettre en évidence que δ Cancri était une étoile multiple ; de plus cela obligerait les astronomes à revoir les mesures du rayon et de la luminosité de l'étoile, ce qui entrerait en contradiction avec les modèles d'évolution stellaire[15].
Observation
Sa magnitude apparente est légèrement inférieure à 4 (3,94 dans le domaine visible[2]), mais elle demeure aisée à observer d'une part parce qu'elle est située dans une région du ciel relativement pauvre en étoile brillantes, et d'autre part parce qu'elle est à proximité du célèbre amas ouvertM44 (ou Praesepe) facile à repérer quand les conditions d'observation sont bonnes.
Située à proximité immédiate du plan de l'écliptique, elle est l'objet de conjonctions fréquentes avec les planètes ou la Lune, cette dernière étant même susceptible de l'occulter.
↑ a et b(en) J. R. Ducati, « VizieR Online Data Catalog: Catalogue of Stellar Photometry in Johnson's 11-color system », CDS/ADC Collection of Electronic Catalogues, 2237, 0, (Bibcode2002yCat.2237....0D)
↑ André Le Bœuffle, Les Noms latins d’astres et de constellations, éd. Paris : Les Belles Lettres, 1977, p. 211.
↑ Gérard de Crémone, Almagestum Cl. Ptolemei Pheludiensis Alexandrini astronomorum principis…, Venise : ex. Officina Petri Liechtenstein, 1515, fol. 82r.
↑ Voir Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 25r.
↑ Richard Hinkley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 112.
↑ Richard Hinkley Allen, Star-names..., op. cit, p.111.