Conférence de Casablanca : « On les oblige à se serrer la main ; magnifique archive où l'on voit de Gaulle se déplier lentement et tendre une main molle au général Giraud. » — Jean-Noël Jeanneney
De la Seconde Guerre mondiale à Mai 68 en passant par la Guerre d'Algérie, des manipulations politico-médiatiques au financement et au soutien logistique de ses opposants, rien n'est épargné à « ce gêneur », qui estime qu'« amitié ne doit jamais rimer avec vassalité », pour le faire plier à la volonté de puissance des États-Unis voire l'éliminer de la scène internationale, quand bien même il se montre le soutien le plus solide de la Maison-Blanche face à la menace nucléaire durant la guerre froide[4].
Lorsque le Général revient au pouvoir quinze ans plus tard, en 1958, déterminé à défendre la souveraineté de la France, la CIA multiplie les tentatives de déstabilisation en apportant successivement son soutien au FLN puis à l'OAS à laquelle l'agence américaine fournit « dollars, camps d'entraînement en Espagne et armement »[1],[2].
Après Mai 68, il se voit même accusé de vouloir trahir le camp occidental au profit de l'Union soviétique[3]. Entre autres coups tordus, le film d'Alfred Hitchcock, L'Étau (1969), cofinancé par le Département d'État américain, illustre de manière éloquente la guerre larvée menée par les États-Unis pour tenter de le faire passer pour un agent soviétique[1].
« Une chose est sûre : les moyens déployés pour savonner la planche au dirigeant français attestent que, de l'autre côté de l'Atlantique, on ne minimisait pas l'adversaire »[1].
Seul Richard Nixon partagea totalement le point de vue de De Gaulle et, suivant ses conseils, « fit plus pour la paix du monde qu'aucun de ses prédécesseurs » : accords sur le désarmement avec Moscou, retrait du Vietnam, reconnaissance de la Chine, etc.[4].
Le documentaire est diffusé en 2020, à l'occasion du 50e anniversaire de la mort du Général, sur La Chaîne parlementaire dans le cadre de l'émission « DébatDoc » titrée De Gaulle : les USA voulaient-ils sa tête présentée par Jean-Pierre Gratien. André Kaspi, historien et spécialiste de l'histoire des États-Unis, ancien directeur du Centre de Recherche d'Histoire nord-Américaine et Éric Branca, historien et journaliste, ancien directeur de Valeurs actuelles, auteur de l'ouvrage L'Ami américain et conseiller historique pour le documentaire inspiré de son ouvrage, sont invités au débat. André Kaspi relativise quelques points, concernant notamment Jean Monnet, de la thèse du film et des propos développés par Éric Branca[3].
Le documentaire est ensuite diffusé à plusieurs reprise entre 2020 et 2024 et disponible en replay sur la Chaîne parlementaire[4]. Pour la revue Historia, le documentaire, qui comporte des dizaines d'anecdotes, illustre « de manière édifiante la façon dont les États-Unis ont cherché à affaiblir un « empêcheur de tourner en rond » »[1]. Pour Télérama, le film « un brin aride et parfois fort complexe, mais bien fichu » illustre, à travers les récits d'« historiens prestigieux » et de « gaullistes fervents » une « jolie leçon de realpolitik »[2].