Les ancêtres des blés sont l'égilope et l'engrain sauvage (triticum boeoticum), grandes graminées diploïdes à 14 chromosomes. L'engrain ou blé primitif est la première céréale domestiquée, particulièrement rustique, peu productive. Les blés plus généralement cultivés aujourd'hui sont des plantes tétraploïdes (blé dur et blé khorasan) ou hexaploïdes à 42 chromosomes (blé tendre et grand épeautre)[1], caractéristique génétique qui indique un long travail de sélection.
Le blé a d'abord été récolté à l'état sauvage puis cultivé. L'invention de la poterie (8 000 à 7000 ans av. J.-C) a permis de cuire les grains, sous forme de bouillies et de galettes pas ou peu levées[3]. Les céréales deviennent plus faciles à digérer. Gélifié par la température et moins dense, l'amidon des grains devient facilement attaquable par les enzymes salivaires et intestinales. Cette action libère des glucides, absorbables par le tube digestif[4].
Sorgho en Afrique
On a trouvé dans une grotte de la province de Niassa (nord-ouest du Mozambique) des traces de céréales (sorgo sauvage), sur des grattoirs de pierre datant de l'âge de la pierre (-100 000 ans). Il pourrait s'agir des premières traces connues de transformation de grains en farine ou gruau mais pas de céréaliculture dont les débuts datent d'environ - 2500 au Sud du Sahara[5] voire - 2000[6].
Cette farine dont les grains écrasés étaient sans doute consommés avec des fruits ou des tubercules ou peut-être déjà en bouillie fermentée. Cette découverte est discutée car la preuve la plus ancienne d'utilisation de céréales (blé et orge) était datée de seulement 23 000 ans en Palestine[7].
Maïs cultivé il y a 7 000 ans près de Mexico
Jusqu'en 1960, on ignorait les origines historiques et géographiques du maïs[8]. Les fouilles archéologiques ont révélé qu’après une phase de cueillette de maïs sauvage, il fut cultivé voici 7 000 ans dans le bassin de Tehuacán, au sud-est de Mexico[8]. Le maïs a constitué le fondement de l’alimentation et de l’économie des grandes civilisations précolombiennes : Incas, Aztèques et Mayas. Doté d’une valeur symbolique, il appartenait à leur mythologie, était présent dans leurs pratiques religieuses et leur art[8].
Millets et riz en Chine
Les millets sont la première céréale cultivée en Chine, dans le nord et en Corée[9]. La culture du riz a débuté il y a près de 10 000 ans lors de la révolution néolithique, d'abord en Chine. Il a été proposé que le riz ait été à l'origine une adventice présente dans les champs de taro ; cela ne fait pas consensus[10]. La collecte de riz sauvage (dont la balle se détache spontanément) y est attestée dès 13000 av. J.-C. Le riz cultivé (riz sélectionné pour son rendement et sa balle qui se conserve et n'est emportée par le vent que lors du vannage des grains[11]) apparaît vers 8000 av. J.-C. après avoir subi des hybridations avec l'espèce sauvage pérenne Oryza rufipogon (qui existe depuis moins de 680 000 ans[12]) et l'espèce sauvage annuelle Oryza nivara, ces différents riz coexistent pendant des milliers d'années, ce qui favorise les échanges génétiques[13]. Ce n'est qu'il y a environ 5 000 ans en Chine que le riz domestique est devenu, la seule forme de riz cultivée[14]. Il est signalé dans la province chinoise du Hunan, puis au nord de l’Inde sur les rives du Gange. Le premier écrit sur la riziculture est une ordonnance impériale chinoise qui date de 2800 avant J.C. Sa culture se répand vers le sud de l’Inde et au travers de la Chine, puis en Corée, au Japon, en Indonésie et en Thaïlande[15].
↑(en) Katie Manning, Ruth Pelling, Tom Higham et Jean-Luc Schwenniger, « 4500-Year old domesticated pearl millet (Pennisetum glaucum) from the Tilemsi Valley, Mali: new insights into an alternative cereal domestication pathway », Journal of Archaeological Science, vol. 38, no 2, , p. 312–322 (DOI10.1016/j.jas.2010.09.007, lire en ligne, consulté le ).
↑Houyuan Lu, Jianping Zhang, Kam-biu Liu et Naiqin Wu, « Earliest domestication of common millet (Panicum miliaceum) in East Asia extended to 10,000 years ago », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 106, no 18, , p. 7367–7372 (ISSN0027-8424, PMID19383791, PMCID2678631, DOI10.1073/pnas.0900158106, lire en ligne, consulté le ).
↑Éric Birlouez, Petite et grande histoire des légumes, Versailles/impr. en Suisse, Quæ, coll. « Carnets de sciences », , 175 p. (ISBN978-2-7592-3196-6, présentation en ligne), Légumes d'ailleurs et d'antan, « Le taro : une autre source tropicale d'amidon », p. 168-169.
↑En ôtant ces balles, l'agriculteur favorise le stockage des graines mais aussi leur propagation par semailles.
↑(en) Lizhi Gao, Eugene M. McCarthy, Eric W. Ganko et John F. McDonald, Evolutionary history of Oryza sativa LTR retrotransposons : a preliminary survey of the rice genome sequences, (lire en ligne).
↑(en) Melvin J. Oliver et Yi Li, Plant Gene Containment, John Wiley & Sons, , p. 15.
↑(en) R. E. Munn, Michael C. MacCracken, John S. Perry, Encyclopedia of global environmental change, Wiley, , p. 118.