La première eut lieu au Théâtre des Bouffes Parisiens, rue Monsigny, le , remportant un grand succès. Croquefer fut joué ensuite à Vienne (sous le titre de Ritter Eisenfraß) en 1864, puis à Londres (sous le titre de The Last of the Paladins) en 1868[1]. Les auteurs défient le règlement qui interdit plus de quatre personnages chantant sur scène aux Bouffes Parisiens, en ajoutant un cinquième ; mais celui-ci, n'ayant plus de langue, ne peut qu'émettre des beuglements dans le quintet[2]. Dans le duo, Offenbach se moque de la Salle Le Peletier qui abrite l'Opéra de Paris, et donne des extraits d'opéras de Meyerbeer, Donizetti et Halévy[3].
Croquefer fut entièrement montré à la télévision en 1986 dans le téléfilm documentaire Offenbachs Geheimnis, sous la direction d'István Szabó[4]. Plus récemment, Croquefer a été monté par la Compagnie Les Brigands au Théâtre de l'Athénée avec L'Île de Tulipatan en [5].
Le théâtre représente la plate-forme d’une tour à moitié détruite. Au fond, la campagne ; à droite de l’acteur, un cachot fermé d’une grille faisant face au public ; auprès, une ouverture qui conduit du bas au haut de la tour et se ferme par une trappe ; autour de la plate-forme, des créneaux démantelés ; à gauche, une porte conduisant dans l’intérieur du château.
Boutefeu, l'écuyer de Croquefer, surveille la campagne à l'aide d'un télescope. Croquefer grimpe sur le quai en avalant malencontreusement son dernier sabre. Mousse-à-Mort, l'ennemi juré de Croquefer, s'approche du château accompagné de six hommes armés, sans doute pour sauver sa fille Fleur-de-Soufre laquelle, enlevée quinze jours auparavant par Croquefer, croupit dans une cellule. Leur guerre de vingt-trois ans a ruiné Croquefer et son château, et celui-ci aimerait y mettre fin. Bien que Mousse-à-Mort ait perdu la plupart de ses parties du corps dans la bataille (y compris la langue), Croquefer a encore peur de lui, et il voudrait faire la paix. Boutefeu aligne sur la tour de faux soldats pour donner l'impression que Croquefer a encore une armée.
Comme Mousse-à-Mort (qui communique à l'aide de signes et de messages) défie Croquefer, Ramasse-ta-Tête, le neveu de Croquefer, apparaît. Croquefer lui ordonne de monter la garde près de la fille de Mousse-à-Mort.
De la cellule où elle est maintenue, Fleur-de-Soufre appelle Ramasse-ta-Tête, et ils chantent un duo d'amour simulé (en citant des airs connus des opéras de l'époque). Boutefeu et Croquefer entrent et se joignent à la danse.
Lorsque Mousse-à-Mort entre, Croquefer lui présente deux options: soit Fleur-de-Soufre se marie avec lui, soit elle sera tuée. Chacun de son côté, Boutefeu et Fleur-de-Soufre empoisonnent le vin qui sera servi à leurs adversaires. Comme des hommes armés fidèles à Mousse-à-Mort entrent, Ramasse-ta-Tête accepte de se soumettre, à condition qu'il puisse épouser Fleur-de-Soufre. Comme Croquefer et Mousse-à-Mort sont sur le point de se battre, les effets des boissons empoisonnées se font sentir, créant une diarrhée collective.
À ce stade, Boutefeu présente sur un plateau d'argent une lettre que l'on vient de livrer: Croquefer supplie l'indulgence du public, le compositeur et son librettiste sont emmenés à l'asile de Charenton.