Conformément aux statuts du Parti socialiste, un congrès doit avoir lieu dans les six mois suivant une élection présidentielle[1]. Le retard de la tenue de ce congrès est dû aux redoutables dissentions internes encore exacerbées par la défection de figures politiques importantes et le cuisant recul des voix obtenues lors de l'élection présidentielle de 2022.
Contexte
Le congrès de Marseille fait suite à l'élection présidentielle de 2022, où le Parti socialiste subit une défaite historique : sa candidate Anne Hidalgo, maire de Paris, réalise le plus faible score de toute son histoire avec 1,74 % des suffrages, arrivant en 10e position sur les 12 candidats présents.
En vue des élections législatives de 2022, le Parti Socialiste (PS) engage des pourparlers avec la France insoumise (LFI) pour établir un accord avec les autres partis de gauche, dont le Parti communiste français et Europe Écologie Les Verts. Après plusieurs jours de négociations, un accord est finalement trouvé le puis validé par le conseil national du PS deux jours plus tard[2]. Un candidat de gauche unique est ainsi présent dans chaque circonscription avec une répartition basée sur les derniers résultats électoraux de chaque parti, avec une priorité donnée aux députés sortants. Le PS obtient 70 circonscriptions et en remporte une trentaine, lui permettant de sauver son groupe parlementaire[3].
Des tensions apparaissent néanmoins rapidement dès l'engagement des discussions avec le parti de Jean-Luc Mélenchon : de nombreux cadres historiques, les « éléphants », sont farouchement hostiles à toute alliance avec LFI, notamment Anne Hidalgo, Stéphane Le Foll et Carole Delga[4]. Certains annoncent, à la suite de l’approbation de l'accord, leur départ du parti comme l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve[5].
Malgré le succès relatif de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) aux législatives, Olivier Faure est fortement contesté en interne[6], certains élus souhaitant une sortie immédiate de la NUPES, y voyant une soumission à Jean-Luc Mélenchon[7], tandis que d'autres sont plus mesurés[8]. Le secrétaire sortant, qui joue son élection à un troisième mandat, veut lui poursuivre l'union de la gauche[9].
Le , le PS confirme que le corps électoral est d'environ 41 000 votants, soit quasiment le double que lors du précédent congrès de Villeurbanne.
Trois motions sont alors en lice, représentant chacune l'une des trois tendances du Parti socialiste vis à vis de la NUPES : favorable, réservée et hostile. De nombreux observateurs affirment que le résultat du congrès déterminera l'avenir de l'union de la gauche[10],[11].
Pour Christine et toutes les autres déposée par Fatima Yadani, Marie Le Vern et Cécillia Gondard, elle est la première contribution féministe de l'histoire du Parti socialiste.
Le Parti socialiste est parmi les derniers partis politiques français à proposer un vote uniquement physique, à l'exception des socialistes de l'étranger, qui votent sur une plateforme internet dédiée. Les adhérents à jour de cotisation doivent se déplacer dans leur section ou leur fédération départementale pour voter, à bulletin secret, de 17h à 22h. Il a été décidé de rendre possible le fait de se mettre à jour de cotisation le jour du vote et ainsi permettre aux adhérents ou ex-adhérents ayant cotisé en 2019 pour la dernière fois de voter au congrès (en rattrapant donc leurs cotisations de 2020, 2021 et 2022).
Les premiers signataires des deux motions ayant récolté le plus de voix peuvent se présenter à l'élection du Premier secrétaire du Parti socialiste. Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol s'affrontent ainsi le . Le vote se déroule selon les mêmes dispositions que pour le vote sur les motions, en présentiel, à bulletin secret, dans les sections ou les fédérations départementales de 17h à 22h.
Résultats et contestations
Durant le dépouillement la nuit qui suit le vote, les deux candidats revendiquent la victoire[18], une situation qui n'est pas sans rappeler le congrès de Reims de 2008 qui avait vu la victoire de justesse de Martine Aubry sur Ségolène Royal sur fond d'accusations d'irrégularités[19]. Au matin du , le Parti socialiste proclame la victoire d'Olivier Faure et son élection à un troisième mandat avec 50,83 % des voix[20]. Le maire de Rouen et ses soutiens contestent néanmoins les résultats[21].
Une commission de récolement, chargée de recompter les voix, se réunit finalement le [22] et confirme après vérification des irrégularités la victoire de Olivier Faure avec cette fois 51,09 % des suffrages[23]. Le scrutin est également validé par un huissier[24].
Nicolas Mayer-Rossignol poursuit néanmoins sa contestation des résultats du scrutin, dénonçant un « passage en force »[25], et les fraudes « ayant lieu depuis trop longtemps » au sein du parti[26] et demande la création d'une direction collégiale[27]. Son adversaire affirme de son côté n'avoir « aucun doute » et que le résultat est « incontestable »[28].
Le déroulement du vote laisse alors craindre un affrontement fratricide lors du congrès[29],[30].
La crise se résout le avec la confirmation de la réélection de Faure au poste de Premier secrétaire à la quasi-unanimité des délégués au Congrès[31]. Après de longues négociations entre les trois premiers signataires des trois motions, un pacte de gouvernance est annoncé le même jour, avec Faure en tant que Premier secrétaire, et Mayer-Rossignol et Johanna Rolland en tant que Premiers secrétaires délégués, alors qu'Hélène Geoffroy qui ne souhaite pas intégrer le secrétariat national devient présidente du Conseil national[31].
Après le vote des Premiers secrétaires fédéraux et des secrétaires de sections en , la motion 2, menée par Faure, acquiert la majorité absolue au conseil national du parti[32].
↑« Bernard Cazeneuve quitte le PS après l’accord passé avec LFI, « une formation politique dont j’ai eu à subir la violence » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« Au Parti socialiste, Olivier Faure confirmé comme premier secrétaire, Nicolas Mayer-Rossignol devient délégué », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑« Olivier Faure majoritaire au conseil national du Parti socialiste », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )