La Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) est l'une des cinq grandes compagnies privées de chemin de fer dont les réseaux ont fusionné le avec ceux des administrations des chemins de fer de l'État et d'Alsace et Lorraine pour constituer la SNCF. En 1934, cette compagnie a formé avec la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne une communauté d'intérêt financier, commercial et technique pour l'exploitation commune de leurs réseaux respectifs. Elle desservait l'ensemble du sud-ouest de la France avec pour tête de réseau à Paris la gare d'Austerlitz (et, dans la première partie du XXe siècle, la gare d'Orsay). Elle exploitait avant la création de la SNCF un réseau de plus de 11 700 km.
Histoire
La loi du concède la ligne de Paris à Orléans et embranchements à Casimir Leconte et compagnie. Les statuts de la compagnie sont élaborés le , approuvés ensuite par l'ordonnance royale du : la compagnie est créée le [1] avec un capital de 40 millions de francs. Elle a pour siège social d'origine le 11 rue de la Chaussée-d'Antin dans l'actuel 9e arrondissement[2] à Paris. Mais les bureaux de l'administration sont rapidement transférés dans l'actuel 13e arrondissement, au 7 boulevard de l'Hôpital, puis dans ses locaux définitifs de la place Valhubert. Le conseil d'administration quant à lui reste dans le 9e arrondissement, mais est transféré dans l'hôtel de Vatry acquis en 1861[3] au 8 rue de Londres[4].
En 1841, l'organigramme de la compagnie cite : Casimir Leconte, directeur général ; Banès, directeur, Jullien, ingénieur en chef ; Clarke, ingénieur chargé du matériel ; Delerue et Thoyot, ingénieurs ordinaires.
La première mise en exploitation de la ligne date du , mais elle ne dessert alors que Corbeil via Juvisy. La ville d'Orléans n'est atteinte que le .
Au point de vue technique, la compagnie du PO s'est signalée par ses nombreuses évolutions et améliorations de machines, principalement dans un objectif d'économies. Parmi les ingénieurs célèbres de la compagnie, on trouve Camille Polonceau, François Tamisier, Victor Forquenot, Ernest Polonceau (neveu du premier) et André Chapelon.
Le PO est également un des réseaux pionniers de l'électrification avec le Midi. La section entre la gare de Paris-Austerlitz et celle d'Orsay fut inaugurée le . Cette électrification était réalisée au moyen d'un troisième rail latéral alimenté en 600 volts continu. Les travaux furent réalisés par l'entrepreneur Léon Chagnaud.
Le premier grand projet français d'électrification en 1 500 volts continu concerna la ligne Paris-Vierzon, qui fut réalisé à partir d'un projet de l'ingénieur Hippolyte Parodi.
À partir des années 1920, la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne et la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans envisagent de fusionner. Toutefois, les pouvoirs publics y sont réticents[10]. L'État fini par consentir à la création d'une communauté d'intérêt financier, commercial et technique et la mise en œuvre d'une fusion étendue des exploitations. Les deux compagnies signent un traité en ce sens le . Ce traité est approuvé par l'article 8 de l'avenant signé le à la convention de 1921 entre l'État et les grands réseaux. Cet avenant est lui-même approuvé par une loi le suivant[11]. Les deux compagnies continuent d'exister, mais elles mettent en commun leurs moyens pour l'exploitation de leurs réseaux.
d'abord des machines importées, type 111, système William Buddicom, qui atteignaient les 50 km/h ;
puis des locomotives type 030, de construction Polonceau (qui, en version train de voyageurs à roues motrices de 2 m de diamètre, atteignaient 100 km/h) et des locomotives type 120, de conception Forquenot ;
121 (série 77 à 86) PO n° 083 pour trains express, construite en 1894 par SACM à Belfort.
Locomotives et trains automoteurs électriques
Lors de la création de la ligne Paris-Austerlitz - Paris-Quai-d'Orsay en 1900 : fourgons automoteurs électriques à bogies E9 à E13, utilisés jusqu'à Juvisy lors de l'électrification de 1904, retirés du service en 1924 ;
de 1904 à 1926 : automoteurs voyageurs électriques Ae 1 à 7, utilisés entre Paris et Juvisy et entre Paris, Choisy-Le-Roi et Orly ;
puis, lors de la fusion entre la compagnie du PO et celle du midi en 1934 : BB Midi, BB 1-80, E 4000-4500, E 4100-4600 et E 4200-4700.
PO E0 (future BB 1280) « boîte-à-sel », en gare d'Orsay.
Fourgon automoteur E9 PO.
Automotrice PO Z 23402-415, future SNCF Z 4401-15, vers 1936.
Coopération avec l'Armée
L'historique et l'utilisation du chemin de fer militaire en France font l'objet d'un article détaillé : Chemin de fer militaire (France).
En France, l'organisation des transports ferroviaires en temps de guerre était sous la responsabilité conjointe du ministère des transports et du Ministère de la guerre qui mettait également ses moyens, dont le 5e régiment du génie, à la disposition du ministère des transports. Ces dispositions mises en place sous le Second Empire[19] tendaient à unifier les conditions de transport. En mai 1887, l’exploitation de la ligne de Chartres à Orléans est confiée à un détachement permanent de sapeurs des chemins de fer pour parfaire l’instruction des cadres et sapeurs en matière d’exploitation de ligne et de traction.
Après sa création en 1889, le 5e régiment du génie hérite du P.O l’exploitation de la ligne de Chartres à Orléans. La Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans conserve la gestion des gares de Chartres, Orléans et Voves. Seules la gare de Patay et cinq autres stations sont mises à la disposition des militaires qui doivent permettre aux cadres subalternes de pratiquer un service complet. Tout y était militaire, du guichetier au chef de gare, du chauffeur de locomotive aux agents d'exploitation. Deux raisons à cela ; la nécessité pour du personnel du 5e de pouvoir rouler en métropole et l'intérêt des Sociétés privées chargées de la mise en œuvre d'un réseau ferré de pouvoir disposer de personnel qualifié dans les colonies françaises. Deux postes de bifurcation offrent la possibilité de former des aiguilleurs. Un trafic de dix trains permet la formation d’un nombre suffisant d’agents : les militaires prennent en charge le mouvement des trains, le service à grande vitesse et éventuellement la conduite sous réserve d’avoir suivi un stage au dépôt de Chartres.
Pour organiser ses transports et les constructions et exploitations de lignes militaires, le ministère de la Guerre avait une direction dénommée Direction des Chemins de fer de Campagne (D.C.F.C.). Le personnel des sections techniques d'ouvriers de Chemins de fer de Campagne était recruté parmi le personnel des réseaux, parmi les ingénieurs, employés et ouvriers au service des grandes compagnies et du réseau de l'État. Ces agents, soit volontaires, soit assujettis au service militaire par la loi de recrutement, étaient répartis en dix sections :
Personnalités de la compagnie PO
Dirigeants
Casimir Leconte (1796-1867), concessionnaire de la ligne, directeur général de la compagnie.
François Bartholoni (1796-1881), président du conseil d'administration de la compagnie.
Léon Bronchart (1896-1986), cheminot et résistant, a fait toute sa carrière au PO.
Notes et références
↑A. Cerclet, Code des chemins de fer : Recueil complet des lois, ordonnances, cahiers de charges, statuts, actes de société, réglements et arrêtés concernant l'établissement, l'administration, la police et l'exploitation des chemins de fer, Paris, Librairie de Mathias, (lire en ligne), p. 431-440
↑Adolphe Louis Joseph Demeur, Les chemins de fer français en 1860 : statuts et notices, Paris, Chaix, (lire en ligne), p. 25.
↑Olivier Bachet, Le patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français, Volume 1, Paris, Flohic, (lire en ligne), p. 147.
↑J. B. Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État, année 1852, p. 338 [lire en ligne]
↑Jean-Luc Flohic (dir.), « Entrepôts frigorifiques 1919-1921 », dans Le Patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français, t. 1, Paris, Flohic Éditions, (ISBN2-84234-069-8), p. 396.
↑Pierre Rivals, La fusion des exploitations des Compagnies des chemins de fer de l'Orléans et du Midi, Paris, Librairie du recueil Sirey, , 151 p. (lire en ligne).
↑« Loi tendant à adapter aux nécessités actuelles, dans l'ordre technique et économique, le régime des grands réseaux de chemin de fer d'intérêt général : 8 juillet 1933 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, no 171, , p. 7670 - 7672 (lire en ligne).
↑Jean-Pierre Rigouard, « de Questembert à Ploërmel », Gares et tortillards de Bretagne, cheminements, 2007 (ISBN9782844786098), p. 43 lire (consulté le 26/09/2009).
↑France, Direction des chemins de fer, Chemins de fer français : Situation au 31 décembre 1862-1886. (Longueurs et territoire desservi), volume 1862, Imprimerie nationale, 1869, p. 186 lire en ligne (consulté le 10 août 2010).
↑Jean-Pierre Nennig, « 12 Auray - Quiberon », dans Le chemin de fer de Bretagne Sud, JPN, Guérande, 2008 (ISBN2-9519898-5-7) p.169.
↑Site Fédération des amis des chemins de fer secondaires, Les chemins de fer secondaires de France : 41 - département de Loir-et-Cher lire en ligne (consulté le 28 octobre 2010).
↑J. B. Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État, année 1853, p. 412 [lire en ligne]
↑La Vie du Rail, carte n° 94 : Locomotive no 8, éditée en 1952
Le chemin de fer de Paris à Orléans (itinéraire descriptif, historique et pittoresque) E. Tavard, 1843 chez Gervais, libraire-éditeur
Eugène-Oscar Lami, Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels. Avec la collaboration des savants, spécialistes et praticiens les plus éminents de notre époque, Librairie des dictionnaires, Paris, 1879, tome 7, P - R, p. 91-96(lire en ligne)
Une épopée du chemin de fer, le Paris-Orléans, Almanach 1838-1938, Denis Hannotin (collectif), Éditions SPM, 2019, Distribué par L'Harmattan.
Ministère des travaux publics, Recueil des lois et conventions relatives aux chemins de fer du Nord, de l'Est, d'Orléans, de Paris-Lyon-Méditerranée et du Midi : 1883 à 1910, Paris, Imprimerie Nationale, , 821 p. (lire en ligne)
Jean-Pierre Vergez-Larrouy, Les Chemins de fer Paris-Orléans, La Vie du Rail, La Régordane, Paris, 1997 (ISBN2-902808-71-2)
Didier Janssoone, Paris Gare d'Orsay - Lignes de la banlieue sud-ouest, coll. « Mémoire en images », Alan Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2009 (ISBN978-2-8138-0023-7)