La construction de l'église, un édifice entre les styles roman et gothique, au début dédiée à saint Pierre, eut lieu à l'époque de l'évêque Anselme Ier, qui accomplit cette tâche de 994 à 1025, (à ne pas confondre avec Anselme de Cantorbéry). Son plan est à trois nefs décorées de fresques, et fut bâtie sur les restes d'une ancienne basilique paléochrétienne et d'une autre église remontant à l'époque carolingienne.
Au XVIe siècle un certain nombre de modifications, qui lui donnèrent le style gothique qu'on lui connaît aujourd'hui, furent apportées à l'église. De cette époque date aussi la construction du prieuré, en style Renaissance, avec une tour octogonale.
L'imposant clocher fut érigé sur le parvis, détaché de l'église. Sa base, constituée de gros blocs, sans doute enlevés des monuments romains aostois, remonte au XIIe siècle, tandis que la partie supérieure fut réalisée au XIIIe siècle. L'horloge existait déjà en 1642.
1643-1650 : Gabriel de Bezançon (né à Mâcon en 1610 - † )
Les œuvres d'art
À l'intérieur de l'église
Le patrimoine artistique de la Collégiale est de grand intérêt :
De l'époque de l'évêque Anselme, il nous reste des fragments de fresques (XIe siècle), un des plus vieux témoignages de l'art roman en Vallée d'Aoste, et un des plus beaux. À noter surtout la scène de Jésus et les apôtres au lac de Tibériade.
La mosaïque aux tesselles blanches et noires du XIIe siècle, près du presbytèrium, redécouvert après les fouilles de 1999. La scène représentée est Samson tue le lion. Autour de cette figure on lit les lettres du « carré magique » ROTAS OPERA TENET AREPO SATOR, dont les mots forment une célèbre phrase palindrome.
Les stalles aux côtés du chœur méritent une visite. Elles ont été réalisées vers l'an 1487 en style flamboyant (gothique français) par un sculpteur anonyme très habile venant sans doute de la Suisse ou de la Rhénanie et s'étant installé à Aoste à l'atelier de Jean Vion de Samoëns et de Jean de Chetro. Ces deniers avaient réalisé les stalles de la cathédrale. Sur chaque dossier des 25 stalles nous voyons des figures de saints et de prophètes, aussi bien que des figures humaines et d'animaux bizarres, symboles de forces obscures qui menacent sans arrêt l'humanité.
Dans le trésor de la Collégiale, on peut admirer les parements, les missels et des œuvres précieuses et raffinées d'art sacré franco-valdôtain. Nous rappelons le missel de Georges de Challant, remontant au XVe siècle, des enluminures du début du XVIe siècle, une petite statue en albâtre représentant un clerc, réalisée entre 1420 et 1422 par Étienne Mossettaz.
Le cloître
Le cloître fut construit par un groupe de moines augustiniens, qui s'installèrent dans la plaine d'Aoste au XIe siècle près de la Via Francigena (route francigène). Par la beauté de ses chapiteaux en style lombard-catalan-provençal, il est considéré comme le deuxième cloître italien après celui du Montréal, près de Palerme.
Les chapiteaux sont au nombre de 52, ils furent restaurés aux XIIIe et XVe siècles, et sont faits en marbre blanc s'appuyant sur du marbre noir d'Aymavilles. L'historien valdôtain Robert Berton décrit ce choix comme un symbole de pénitence.
Les figures sculptées présentent des « disproportions » typiques de l'art roman, soulignant la différence d'importance des sujets. Le style est le même que l'on rencontre dans les monuments romans français moyenâgeux.
La Fuite en Égypte et les scènes et figures sculptées sur les chapiteaux de ce cloître constituent l'un des plus beaux exemples d'art plastique roman du XIIe siècle.
Basilique paléochrétienne
Dans la basilique paléochrétienne cruciforme, remontant au Ve siècle, qui se trouve en dessous de l'église de Saint-Laurent, ont été découvertes les pierres tombales de l'évêque Gal (529 - 546), retrouvée en 1300 avec celles des évêques Ange et saint Grat, patron de la Vallée d'Aoste.
Le prieuré de Saint-Ours
Georges de Challant le fit bâtir en 1468, en s'inspirant de l'architecture civile française, tandis que les décorations en briques sont typiques du style piémontais et lombard du XVe siècle. Auparavant, ici se trouvait déjà des édifices religieux, en particulier le baptistère, dont le plan a été repris pour la tour octogonale. À l'intérieur se trouve la salle du prieur et la chapelle décorée à fresques d'artistes franco-valdôtains de la fin du XVe siècle.
Illustrations
L'intérieur
La crypte
Les stalles (part.)
Les stalles (part.), symboles des évangélistes
Le cloître
Un chapiteau du cloître
Prieuré de Saint-Ours, la tour octogonale
Notes et références
↑Joseph-Marie Henry, Histoire populaire, religieuse et civile de la Vallée d'Aoste (1929), réédition en 1967, p. 102.
Joseph-Marie Henry, Histoire populaire, religieuse et civile de la Vallée d'Aoste (1929), réédition en 1967 chapitre 82 « Les Chanoines de Saint-Ours ou la Collégiale de 525 à nos jours » p. 101-103.