Coleman Alexander Young est le fils de Coleman Young, un coiffeur, et de Ida Reese Jones, une enseignante d'école primaire institutrice. Sa famille, comme d'autres Afro-Américains, fuit la pauvreté du Sud et les harcèlements du Ku Klux Klan, en 1923, lors de la Grande migration afro-américaine pour s'installer à Detroit dans le quartier dit le Black Bottom. Son père gère une entreprise de nettoyage à sec et de réparation de couture et travaille également comme veilleur de nuit à la poste[1],[2],[3],[4],[5].
Après avoir achevé ses études primaires à l'école catholique Miller Intermediate School, il fait ses études secondaires à la Eastern High School puis au De La Salle Institute. À ses 17 ans, il finit ses études secondaires, il est admissible à l'université de Chicago, mais ne peut s'y inscrire car il n'obtient pas de bourse[1],[6],[5],[7].
En 1937, il est licencié de l'usine pour avoir participé à une grève. Il travaille alors dans la poste où il poursuit son travail de syndicaliste et adhère au National Negro Congress[1].
En 1940, il est nommé secrétaire général de la section du Michigan de la National Negro Conference et travaille avec l'United Auto Workers pour créer des sections syndicales dans les usines Ford[1],[9].
Une fois démobilisé, il retourne à Détroit pour travailler à la poste, mais il est licencié pour ses activités de syndicaliste pour la Public Workers Union un syndicat afro-américain. Il reprend ses activités pour l'United Auto Workers[13],.
En 1951, il est un des cofondateurs du National Negro Labor Council. Il en occupe le poste de secrétaire général jusqu'en 1955. Cette organisation est suspectée par les conservateurs d'être une officine du parti communiste, aussi est-il convoqué devant le House Un-American Activities Committee (qui lutte contre les menées soviétiques en territoire américain). Si aucune charge n'est retenue contre lui, les rumeurs sur son appartenance supposée au parti communiste le poursuivent durant sa carrière, rumeurs s'appuyant entre autres sur un dossier du FBI controversé[17].
Il devient, en 1950, un membre actif du Parti démocrate et devient l'un des leaders afro-américains de Détroit.
Après les émeutes de 1967 à Détroit, une partie de la population blanche déserte Détroit, la population afro-américaine devenant une forte majorité. Il est donc à prévoir que le prochain maire serait un Afro-Américain. C'est ainsi qu'en 1974, Coleman Young gagne les élections face à l'ancien superintendant de la police de Détroit John F. Nichols, grâce au vote massif de la population afro-américaine[7], pour devenir le premier maire afro-américain de Détroit[19]. Il est réélu en 1977, 1981, 1985 et 1989. Il est le seul maire de Détroit à remplir cinq mandats de suite.
Lors de son premier mandat, il réforme la police notamment en mettant fin au programme STRESS (Stop the Robberies, Enjoy Safe Streets / « Arrêtons le voleur pour profiter librement des rues ») car une équipe de policiers infiltrés a conduit à la mort de 17 Afro-Américains dans des circonstances obscures[5]. Il ouvre les postes de policiers à la population afro-américaine et en même temps se montre intransigeant vis-à-vis de la délinquance, qu'elle soit de personnes noires ou blanches. À la fin de ses mandats, les Afro-Américains représentent 50 % des effectifs de la police[16].
Sachant que Détroit ne peut pas dépendre uniquement de l'industrie automobile[20], pour diversifier les activités économiques et développer l'emploi, il crée, en 1977, le Renaissance Center qui attire plus de 50 investisseurs[12].
En 1982, il fonde la Coleman A. Young Foundation (CAYF) dont la mission est de soutenir les jeunes de Détroit , par des soutiens scolaires et des bourses[21].
Le bilan des mandats de Coleman Young est contrasté. Il a développé le système scolaire et universitaire de Détroit, et valorisé sa ville par des musées. En revanche, il a échoué deux missions : il n'a pas réussi à faire diminuer la délinquance malgré un départ prometteur, et l'emploi ne s'est pas développé à la hauteur de ses promesses d'investissements et de ses diverses campagnes auprès des industriels. Il laisse donc une ville endettée et appauvrie.
Le 29 novembre 1997, Coleman Young décède des suites d'une défaillance respiratoire ayant entraîné un arrêt cardiaque au Sinai-Grace Hospital(en) de Détroit[12].
Des représentants des autorités fédérales, de l'État du Michigan et de la mairie de Détroit ont rendu hommage à Coleman Young, lors de la cérémonie funéraire[23].
↑ abcde et f(en-US) John A. Garraty (dir.), Mark C. Carnes (dir.) et Edward L. Lach, Jr. (rédacteur), American National Biography, vol. 24 : Wright - Zworykin, indexes, New York, Oxford University Press, (ISBN9780195128031, lire en ligne)
↑ a et b(en-US) « Shadow box », sur airforce.togetherweserved.com (consulté le )
↑ ab et c(en-US) « Coleman A. Young, 79, Mayor of Detroit And Political Symbol for Blacks, Is Dead », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Reginald Stuart, « The New Black Power of Coleman Young », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
(en-US) Wilbur C. Rich, Coleman Young And Detroit Politics : From Social Activist to Power Broker, Detroit, Michigan, Wayne State University Press, coll. « African American life » (réimpr. 1999) (1re éd. 1998), 304 p. (ISBN9780814320945, OCLC18715125, lire en ligne),
Articles
(en-US) Carlito H. Young, « CONSTANT STRUGGLE: Coleman Young's Perspective on American Society and Detroit Politics », The Black Scholar, vol. 27, no 2, , p. 31-41 (11 pages) (lire en ligne),
(en-US) Martin Halpern, « "I'm Fighting for Freedom": Coleman Young, HUAC, and the Detroit African American Community », Journal of American Ethnic History, vol. 17, no 1, , p. 19-38 (20 pages) (lire en ligne),