Le , il reçoit son brevet pour l’Académie de France à Rome. Brillant modeleur, il y réalise des petits sujets en terre cuite qui plaisent aux amateurs. Un de ses premiers chefs-d’œuvre est la Minerve (1766)[a], qui fait référence à la Minerve antique de la collection Giustiniani[2].
Ce séjour constitue un environnement propice à l’épanouissement d’une culture artistique et littéraire à laquelle l’avait sensibilisé son oncle Lambert Sigisbert Adam. Clodion se distingue par son charme et son élégance, à la fois en tant que modeleur, mais également par la taille du marbre. En 1766, il reçoit la commande d’un groupe en marbre pour le duc de la Rochefoucauld, et en 1768 d’une Vestale destinée à Catherine II de Russie. Il décide de prolonger son séjour romain au-delà des trois ans réglementaires et ne quitte Rome qu’en [2].
Carrière en France et second voyage à Rome
En 1773, il montre un choix d’œuvres à l’Académie royale de peinture et de sculpture, en obtenant ainsi l’agrégation. Dès , il expose au Salon les modèles en plâtre représentant Jupiter, Hercule, Le Fleuve Scamandre desséché par les feux de Vulcain, une esquisse pour un monument funéraire et des bas-reliefs d’inspiration antique[2].
Entre 1773 et 1774, il se rend pour la deuxième fois à Rome, où il réalise de délicats bas-reliefs en terre cuite. Il en profite pour récupérer des blocs de marbre pour ses commandes pour le jubé de la cathédrale de Rouen, et pour la galerie de l’hôtel de l’abbé Terray[2].
Sa carrière prend de l’ampleur après l’avènement de Louis XVI en 1774. En effet, Clodion s’implante dans le monde des amateurs fortunés construisant des hôtels particuliers dans les nouveaux quartiers parisiens. Il exécute d’importants bas-reliefs pour l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart dont le Triomphe de Galatée pour Jacques-Louis-Guillaume Bouret de Vézelay (d)[2].
En 1782, il exécute deux frises en stuc pour la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, ainsi qu’un décor pour la salle de bains de l’hôtel de Besenval, dans un tout autre esprit. En effet, l’appareillage en pierre de tonnerre met en valeur un cortège de déités déshabillées. Au centre de la pièce, une Jeune femme dénudée fait écho à la Jeune Grecque endormie de Joseph-Marie Vien, peinte pour Besenval. À cela s’ajoutent deux frises sur les amours des Dieux inspirées des Métamorphoses d’Ovide[2].
En 1778, il reçoit sa première commande royale pour un portrait de Montesquieu assis, s’inscrivant dans la série des « Grands hommes de la France » prévue pour orner la Grande Galerie du Louvre. Les vingt-sept statues réalisées pour ce projet ne seront jamais installées. Le modèle en plâtre qu’il réalise pour le Salon de 1779 est si largement critiqué que le marbre qu’il présente en 1783 est basé sur un modèle ultérieur. En revanche, les deux modèles en terre cuite qu’il réalise, en 1784, pour le concours pour l’érection d’un monument public commémorant l’ascension en ballon des frères Robert destiné à être exposé au jardin des Tuileries à Paris, font forte impression[2].
Multipliant les œuvres légères et virtuoses jusqu’à la Révolution, sa clientèle est telle qu’il n’a plus besoin d’exposer au Salon avant 1801. À l’avènement de la Révolution, il se fait discret mais, — contrairement à une légende tenace — ne se retire pas à Nancy. À partir de 1795, sa carrière redémarre et, durant l'Empire, il poursuit sa production de brillantes terres cuites, en parallèle de commandes prestigieuses, parfois monumentales[2].
Fillette portant des fleurs dans sa tunique, années 1770, terre cuite, Cleveland, Cleveland Museum of Art[18].
Jeune fille présentant des guirlandes de roses sur un plateau, années 1770, terre cuite, 45,1 × 15,2 × 17,3 cm, Cleveland, Cleveland Museum of Art[19].
La Poésie et la Musique, vers 1774-1778, marbre, 117,6 × 89,1 × 56 cm, pour la galerie de l’hôtel de l’abbé Terray, Washington, National Gallery of Art[22].
Jeune fille portant une aiguière, années 1780, terre cuite, 43,5 × 16,5 × 11,5 cm, Paris, collection particulière[5].
Bacchant proposant un plateau de fruits à une bacchante portant un enfant, années 1780, terre cuite, 44,5 × 23 × 23,5 cm, Suisse, collection particulière[5].
Bacchant portant un vase, accompagné d’une bacchante tenant un enfant par la main, années 1780, terre cuite, H. 50,8 cm, Waddesdon, Waddesdon Manor[23].
Bacchante courant portant des fruits dans sa tunique, vers 1780-1785, terre cuite, collection particulière[5].
Montesquieu, 1783, marbre, 164 × 122 × 122 cm, Paris, musée du Louvre[24].
Égyptienne au naos, vers 1783, terre cuite, 48 × 19,5 × 13 cm, Paris, musée du Louvre[25].
Modèle pour un monument commémorant l’ascension en ballon des physiciens Charles et Robert, 1784, terre cuite, H. 109,5 cm, New York, Metropolitan Museum of Art[26].
Enfants et petits satyres volant ses enfants à une panthère, vers 1781, bas-relief en stuc, 165 × 642 × 9 cm, élément de décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, Paris, musée du Louvre[27].
Enfants et satyres conduisant une chèvre au sacrifice, vers 1781, bas-relief en terre cuite, 25,4 × 77,5 × 4,8 cm, modèle pour le décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, New York, Metropolitan Museum of Art[5].
Enfants et satyres conduisant une chèvre au sacrifice, vers 1781, bas-relief en stuc, 166,5 × 660 × 9 cm, élément de décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, Paris, musée du Louvre[2].
Satyresses jouant avec des satyres enfants autour d’un œil-de-bœuf, vers 1781, bas-relief en stuc, 185 × 412 × 24 cm, élément de décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, Nancy, Musée lorrain[2].
Naïade, 1782, pierre de tonnerre, destinée à la salle de bains de l’hôtel de Besenval, collection particulière[2].
Vénus et l’Amour avec Léda et le cygne, 1782, pierre de tonnerre, 103 × 323 × 22 cm, décor pour la salle de bains de l’hôtel de Besenval, Paris, musée du Louvre[28].
Pan poursuivant Syrinx sous le regard de l’Amour, 1782, pierre de tonnerre, 104 × 323 × 23 cm, décor pour la salle de bains de l’hôtel de Besenval, Paris, musée du Louvre[29].
Paire de vases à décor identique d’une ronde de satyres et de satyresses avec les accessoires d’une thiase bachique, 1782, pierre de tonnerre, H. 107 cm, diam. 42 cm, destinés à la salle de bains de l’hôtel de Besenval, Paris, musée du Louvre[30].
Erigone tenant la grappe de la main droite, fin XVIIIe siècle, terre cuite, 56,1 × 20,5 × 16,8 cm, réduction d’après le modèle du château de Maisons, Paris, Petit Palais[5].
Erigone tenant la grappe de la main gauche, fin XVIIIe siècle, terre cuite, 52,5 × 18 × 12,5 cm, réduction d’après le modèle du château de Maisons, Stockholm, Nationalmuseum[5].
Deux jeunes femmes – ou nymphes – portant avec trois bras une coupe chargée de fruits, entre 1785 et 1793, plâtre, 235 × 110 × 100 cm, destiné à la salle à manger de l’hôtel Botterel-Quintin, Paris, musée des Arts décoratifs[5].
Deux jeunes femmes – ou nymphes – portant avec quatre bras une coupe chargée de fruits, entre 1785 et 1793, plâtre, 235 × 110 × 100 cm, destiné à la salle à manger de l’hôtel Botterel-Quintin, Paris, musée des Arts décoratifs[5].
Bacchant enlaçant une bacchante avec un thyrse chargé de raisin sur l’épaule, 1799, terre cuite, 54,9 × 32,2 × 25,7 cm, Cincinnati, Cincinnati Art Museum[5].
↑Henri Herluison, Actes d’état civil d’artistes, musiciens et comédiens : extraits des registres de l’hôtel de ville de Paris détruits dans l’incendie du 24 mai 1871, Paris, J. Baur, , 24 p., in-8º (OCLC918734298, lire en ligne sur Gallica).
↑ abcdefghijklmnopqrs et tAnna L. Poulet et Guilhem Scherf (dir.), Clodion (1738-1814), catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre, 17 mars – 29 juin 1992), Paris, RMN, 1992
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