Le château fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du [1]. Seuls sont inscrits le donjon, le sol de la cour, les murs de soutènement au Sud et au Sud-Ouest.
Situation
Carte interactive pour le château.
Le château de Faverges est situé dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune de Faverges, sur un contrefort du Crêt de Chambellon, à 500 mètres d'altitude, dominant le bourg. Situé à la frontière du comté de Savoie et du comté de Genève et aussi de la baronnie du Faucigny, il commandait la route empruntant l'ancienne voie romaine secondaire reliant Moûtiers à Genève.
Histoire
Un premier château est mentionné au début du XIIe siècle, tout comme neuf autres castra « genevois »[3]. Il l'est ainsi en 1112[4], dans une charte du diocèse de Maurienne, comme possession des sires de Faverges Fabricis[5]. Un Berlion de Faverges et son frère, Godefroi, avec l'autorisation de leur mère, sont cités dans cette charte dans laquelle il est indiqué qu'ils rétrocèdent leurs droits qu'ils possèdent sur le territoire de l'évêché de Saint-Jean-de-Maurienne[5]. Ce document permet d'établir l'existence d'un premier château, qui devait probablement se dresser sur le crêt de Chambellon, dominant le château actuel.
Le château de Faverges est initialement placé sous la suzeraineté des comtes de Genève. La seigneurie est au XIIIe siècle détenue par les sires de Giez qui en 1293 la vende à Amédée V de Savoie[6],[7].
Il a un rôle stratégique dans les conflits opposant la maison de Savoie et la maison de Genève, de même que pour la prise de contrôle du Faucigny à la suite du traité de Paris, en 1355.
À partir du XVe siècle, la seigneurie est donnée en apanage aux cadets de la Maison de Savoie, qui sont comtes de Genevois. Toujours au XVe siècle, le château est reconstruit.
Le [8], le duc Philibert II de Savoie vend, par acte passé au palais épiscopal de Genève, la seigneurie à François de Luxembourg, qui venait d'épouser Louise de Savoie en 1497[11], pour la somme de 1 200 florins comptés en 3 789 écus d'or. La vente sera annulée par la chambre des comptes et les sommes rendues en septembre de la même année. Charles III de Savoie le vend à son tour en 1526 à cette même famille de Luxembourg-Martigues. En 1571, Emmanuel Philibert de Savoie, ayant exercé la clause de rachat, le cède le à Louis Milliet contre la somme de 4 000 écus d'or donnant naissance à la famille Milliet de Faverges qui le posséderont jusqu'à la Révolution.
Lors de l'entrée des troupes révolutionnaires du général Montesquiou en Savoie, en 1792, il est entre les mains de Gabrielle Milliet de Faverges, fille du marquis Milliet de Faverges, qui l'a reçu en dot. Elle épouse le comte Leprotti di Fontanetto. N'ayant pas émigré, elle reste en possession du château et le vend en 1810 à Jean-Pierre Duport (1756-1822), qui possède déjà une usine de coton dans la ville, pour y installer une usine de « mosseline », mousseline de soie[Note 1], que développe son gendre le baron Blanc. Le château accueille alors des ateliers de soierie et ce jusqu'en 1914 ; se succèdent la société Gourd, Croiset et Dubost, puis Stünzi. Durant le conflit, il sert comme hôpital militaire avant de redevenir un atelier jusqu'en 1976[4].
En 1980, la commune de Faverges le rachète pour le transformer en maison familiale de vacances. Il sera géré pendant un temps par le groupe de centres de vacances Relais Soleil.
En 2017, à la suite de l’appel à projet lancé par la commune, c’est Alexandra et Maximilien Genèvre qui en reprennent la gestion[12]. Ils ont conclu un bail emphytéotique administratif de 50 ans avec la commune qui reste propriétaire du château. Après des travaux de rénovations, le site accueille des événements privés et professionnels.
Description
Le château de Faverges est composé de la tour-donjon et de divers autres bâtiments.
La tour-donjon haute de 32 mètres est très représentative de l'architecture castrale du XIIIe siècle en Savoie. Les fondations remonteraient au XIIe siècle et auraient été remaniées en 1250. En 2006-2007, elle a subi une réfection complète des murs, l'installation d'un nouvel escalier intérieur de 144 marches et la construction d'un hourd ; galerie panoramique en bois permettant une vue à 360°. Sous le hourd, les nids naturels de faucons crécerelle ont été préservés et des nichoirs pour martinets ont été placés.
Dans le comté de Savoie, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[16],[17]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[18].
Châtelains de Faverges, du XIIIe au XIVe siècle[19],[20],[21]
1284-1286 : Martin de Châtillon, également châtelain de Ugine, et de Briançon et Salins (1282-1296) ;
1286-1295 : Barthélémy de Châtillon, également châtelain de Tournon et Ugine ;
1308-1315 : Nicolas Ravoire ((de La) Ravoire ?), Jean Bertrand (famille de Bertrand ?), Jean de la Poype, Pierre Coci et Gotofrey de Valeyse, co-châtelains également de Tournon ;
1315-1318 : Nicolas Ravoire, également châtelain de Tournon (1308- 1320) ;
↑Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN978-2-901102-18-2), p. 290.
↑Archives départementales de la Savoie, Archives de l'ancien duché de Savoie, Série S A. Inventaire, 1966, p. 44.
↑Ruth Mariotte-Löber, Ville et seigneurie : Les chartes de franchises des comtes de Savoie (fin XIIe siècle-1343), vol. 4, Mémoires et Documents, Académie florimontane - Librairie Droz, , 266 p., p. 132.
↑..., « Faverges : pour les Genèvre, la vie de château n’est plus la même depuis la crise sanitaire », L'Essor savoyard, (lire en ligne).
↑Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
↑Joseph Dessaix, La Savoie historique, pittoresque, statistique et biographique, Slatkine (1re éd. 1854), 781 p. (lire en ligne), p. 289.
↑Christian Abry, Jean Cuisenier (directeur de la publication), Roger Devos et Henri Raulin, Les sources régionales de la Savoie. Une approche ethnologique, alimentation, habitat, élevage, Paris, Fayard, coll. « Les Sources régionales », , 661 p. (ISBN978-2-213-00787-8, ISSN0244-5921), p.16, citant Baud, p. 173.
↑Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN978-2-85944-438-9), p. 237-257.
↑Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
[PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, (lire en ligne) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Etienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, , 193 p. (ISBN978-2-88295-117-5), p. 84-87.
Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, Éditions La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN978-2-84265-326-2), p. 340-341.
p. 338-347, « Châtellenie de Faverges », p. 555-566, « Châtellenie de Tournon, Ugine et Faverges »
groupe de Chambéry (animé par Christian Guilleré) et groupe de Lyon (animé par Jean-Louis Gaulin), « Comptes de châtellenies savoyardes », sur castellanie.net : « Recherche multicritères : « Faverges » »