Le , Chems-Eddine Hafiz devient avocat à la Cour d'Alger[4] et participe à la création de l’Union des jeunes avocats du barreau d’Alger.
Le , il s'inscrit au barreau de Paris[3] et se spécialise à la fois dans le droit international des affaires, notamment entre le Maghreb et les pays arabes, et le droit pénal[5].
Il a plaidé aux assises. D'abord l'affaire Khouas[réf. nécessaire], du nom du jeune Mohammed Khouas, abattu le , par balle par deux frères, Eric et Yann Beaufrère au pied de son immeuble, cité des Chaillots, à Sens, dans l'Yonne. Il avait 19 ans et venait d'obtenir son baccalauréat professionnel de maintenance au lycée de Montbard[6]. Ensuite, l'affaire Sohane Benziane, du nom de la jeune fille découverte inanimée le , gravement brûlée, dans un local à poubelles de la cité Balzac, à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. Elle meurt à l'hôpital à tout juste 17 ans[7].
En 2002, pour le compte de la Grande Mosquée de Paris, il assigne devant le tribunal de grande instance de Paris l'écrivain Michel Houellebecq pour « complicité de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe de personnes en raison de son appartenance à une religion » et « injure »[10]. L'écrivain est finalement relaxé[11].
Dans un article de presse paru le , alors recteur de la mosquée de Paris, il revient sur le procès en défendant la liberté d'expression et en expliquant la démarche de cette action en justice : « Notre action visait, avant toute chose, à couper l’herbe sous les pieds des milieux extrémistes et à canaliser le débat vers les prétoires afin qu’il n’ait pas lieu dans la rue. Implicitement, elle introduisait l’idée que nous étions tous des citoyens justiciables, aptes à poursuivre et susceptibles d’être poursuivis, car les tribunaux sont les lieux, par excellence, où se règlent les conflits et les différends. Notre action était celle de citoyens français qui voulaient user d’un droit constitutionnel »[14].
Vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001, il publie Le Manifeste contre le terrorisme islamiste[15]. Ce livre, basé sur les arguments théologiques des imams de la Grande Mosquée de Paris, vise à contredire les thèses qui promeuvent l’amalgame entre l’ensemble des musulmans et les extrémistes, pour ainsi prendre à contre-pied les fatalistes qui estiment que la violence formerait l'ADN de la religion musulmane.
En , il crée et préside le Prix Littéraire de la Grande Mosquée de Paris qui récompense le meilleur roman et le meilleur essai de l'année sur la civilisation de l'islam[18],[19]. La deuxième édition du prix est décernée le à Ahmad Massoud et Abdelkrim Saïfi[20].
Sous son rectorat, la Grande Mosquée de Paris organise du au sa première université d'été[21]. La journée d’ouverture se déroule à l'Institut du monde arabe et réunit un panel diversifié de personnalités (représentants des différents cultes, membres de la société civile, imams...). Des tables rondes et conférences traitant de thèmes divers ponctuent ces journées.
Cette université d’été s’inscrit ainsi dans l’approche qu’a voulue Chems-Eddine Hafiz à l’inauguration de son mandat, celle d’un islam ouvert et se plaçant sous le signe du dialogue inter-religieux, de la tolérance et de son inscription pleine et entière dans la République.[réf. nécessaire]
Le , le président de la République Emmanuel Macron se rend à la Grande Mosquée de Paris pour les célébrations du centenaire de la pose de sa première pierre, où il visite une exposition consacrée à ce sujet, se recueille à la mémoire des soldats musulmans morts pour la France et prononce un discours à l'issue duquel il remet à Chems-Eddine Hafiz les insignes d'officier de la Légion d'honneur[22].
Le , il conclut un accord avec les autorités algériennes permettant à la Grande mosquée de Paris d'assurer la certification halal des produits exportés de la France vers l'Algérie à partir du [23].
En , il organise, avec le ministère algérien de la Jeunesse et des Sports, une colonie de vacances en Algérie pour des enfants venus de France et d'autres pays d'Europe, avec pour volonté de créer des ponts durables entre ces pays[24]. L’expérience est reconduite à l’été 2023 au cours duquel 900 enfants sont envoyés par la Grande Mosquée de Paris en colonies de vacances en Algérie[25].
Responsabilités associatives
Chems-eddine Hafiz est président de l'association Vivre l'islam, producteur sur la chaîne France 2, tous les dimanche matin, de l’émission Islam.
En 2001, il crée au sein du barreau de Paris l'Association des avocats algériens de France qui regroupe des avocats originaires d'Algérie. En 2008, il en modifie la dénomination qui devient Association Euro-Maghreb des avocats de droit d'affaires (AEMADA). Il en est aujourd'hui le président d'honneur depuis 2013[26]. Il s'exprime régulièrement à propos de l'espace juridique algérien par l'intermédiaire de son blog, dédié à la commission Paris-Alger du barreau de Paris et de l'AEMADA[27]. Il est désigné en 2013 par l'ordre des avocats à la cour d'appel de Paris responsable de la commission internationale Paris-Alger[3].
Il préside l'association Les bâtisseurs des mosquées de France[33] qui a pour objet de rendre hommage et de faire connaître l'histoire de celles et ceux qui ont construit le patrimoine cultuel musulman de France.
De à , Chems-Eddine Hafiz est membre du bureau exécutif de l'instance représentant le culte musulman : le Conseil français du culte musulman (CFCM). Il en est le vice-président de 2008 à 2021.
Il est membre de la commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, dite commission Machelon désigné par Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur[34].
Il est membre fondateur de la Fondation pour les œuvres de l'Islam[35].
Le , élu président de la Société des Habous et lieux saints de l'Islam, dont il était le vice-président depuis 2001, il devient recteur de la Grande mosquée de Paris, en remplacement de Dalil Boubakeur qui a démissionné de ce poste[36].
Il est l'un des rédacteurs et des cinq signataires de la Charte des principes pour l'islam de France, présentée le au président de la République Emmanuel Macron[37].
Le , il annonce que la fédération de la Grande mosquée de Paris et trois autres fédérations fondatrices quittent le bureau exécutif du CFCM[38], pour former un nouvel organe de représentation de l'islam en France, "La Coordination"[39].
En , il lance l'Observatoire des droits de la Grande Mosquée de Paris pour œuvrer sur les « grandes questions juridiques liées à la pratique de l’islam et à la vie sociale du musulman »[40] et, dans la continuité, signe un partenariat avec la Licra pour lutter contre le racisme antimusulman et pour l'accès universel au droit[41].
Le , il saisit en référé le Conseil d'État pour demander un aménagement exceptionnel du couvre-feu, alors en vigueur en France, permettant l'ouverture des lieux de culte musulman lors de la Nuit du Destin[42]. La demande est finalement rejetée au motif que l'impossibilité de se rendre dans un lieu de culte « ne porte pas une atteinte manifestement disproportionnée à la liberté de culte compte tenu de l’objectif de protection de la santé publique »[43].
À partir d’octobre 2020, il réforme la formation des imams dispensé par la Grande Mosquée de Paris[44], qu’il étend à cinq annexes dans différentes villes de France[45],[46], et dont les premiers diplômés sortent en 2023[47].
« Iftar républicain » et appel à voter Emmanuel Macron
Le , en plein mois béni du ramadan, il organise à la Grande Mosquée de Paris un « iftar républicain de soutien à la réélection d’Emmanuel Macron », en présence notamment de l'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, de l'ancienne secrétaire d'État Jeannette Bougrab, de l'ancien député européen Karim Zéribi et du journaliste Jean-Pierre Elkabbach[49]. Cette réunion provoque l'interpellation du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin par la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio, qui y voit une violation manifeste de l'article 35-1 de la loi de 1905 qui dispose qu'« il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte ou dans leurs dépendances qui en constituent un accessoire indissociable »[50].
Port du voile
Le , il déclare à propos du port du voile islamique : « C'est une question qui fait débat à l'intérieur même de la communauté musulmane. On ne sait pas si c'est une prescription, si c'est une obligation ou ce n'est pas du tout dans les versets du Coran. ». Il estime également que « oui, dans certaines situations », il peut constituer un « uniforme islamiste ». En outre, il qualifie de « provocation [...] insupportable » le fait que la syndicaliste étudiante Maryam Pougetoux se soit présentée voilée devant une commission d'enquête de l'Assemblée nationale le 17 septembre 2020[51].
Tweet sur les « mécréants » au lendemain de la tentative d'assassinat de Salman Rushdie
Le , au lendemain de la tentative d'assassinat de Salman Rushdie (33 ans après la fatwa lancée contre lui par l'imam Khomeini), Chems-Eddine Hafiz publie le message suivant sur son compte Twitter : « Les Croyants se prosterneront alors que les mécréants ne le pourront guère, leur dos restera raide et lorsque l'un deux souhaitera se prosterner, sa nuque partira dans le sens inverse comme faisaient les mécréants dans ce monde, contrairement aux Croyants », avant de le supprimer devant l'ampleur de la polémique suscitée[réf. nécessaire]. Par la suite, il apporte son soutien à l'écrivain en lui adressant une lettre ouverte dans laquelle il nie sa qualité d'« ennemi de l’islam » et qualifie la fatwa à son encontre d'« infâme message »[52],[53].
↑« À son université d’été, la Grande Mosquée de Paris se pose en acteur fédérateur de l’islam de France », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑« Cent ans de la Grande Mosquée de Paris : Macron défend son action à l’égard de l’islam de France », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Chems-Eddine Hafiz : « En France, le régime de la liberté de religion, la laïcité, ne porte aucun frein à la pratique de l’islam » », Le Monde.fr, (lire en ligne)
↑« La Grande mosquée de Paris et la Licra s’engagent pour l’antiracisme », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne)