Charles Cagniard de Latour, né le à Paris et mort à Paris le , est un ingénieur et physicienfrançais. Il est passé à la postérité pour ses travaux d'acoustique quantitative, pour lesquels il mit au point la « sirène ».
Biographie
Polytechnicien[note 1] de l'an III (automne 1794 - été 1795) nommé le 16 ventose an 5 élève à l'école des aérostiers, qui vient d'être créée à Meudon. Il rejoint ensuite le corps des ingénieurs géographes, devient auditeur[note 2] de seconde classe au Conseil d'État le 1er août1810 et est affecté dans l'administration des poudres en 1811. Auditeur de première classe près le ministre et la section de l'Intérieur en 1812 et 1813, il devient aussi auditeur à la commission des Pétitions en 1813.
Cherchant à produire un étalon pour la hauteur des sons en s'appuyant sur la fréquence de rotation déterminée d'un volant, il met au point en 1819 la sirène dite « de Cagniard-Latour » : en contrôlant la vitesse de rotation, cet instrument permet de produire à volonté un son de fréquence calculable et réglable[1],[2].
Il se servira par la suite de cet appareil pour étudier la propagation du son dans les liquides.
Cagniard-Latour s'est également intéressé à la fréquence propre des fils d'acier. Dans une communication au Journal de chimie médicale (1833), il affirme, contre le Suédois P. Lagerhjelm (1827), que cette fréquence n'est altérée ni par l'écrouissage de l'acier, ni par la trempe ; toutefois, ces conclusions seront réfutées par Wertheim[3] et Regnault[4] (1847).
Recherche sur les états des fluides
Il étudie quantitativement, en vase clos, l'expansion des vapeurs de différents liquides (alcool, éther et eau) du point de vaporisation jusqu'à des températures nettement plus élevées (362 °C pour l'eau), dans un espace deux à trois fois plus grand que le volume du liquide. Ces expériences sont encore aujourd'hui une des bases expérimentales de la théorie des gaz.
En 1838[6], il montre comment multiplier, par bourgeonnement, la levure de bière et explicite son rôle dans la fermentation alcoolique ; il démontre ainsi que le processus de fermentation est dû à des organismes vivants.
Inventions diverses
Ses inventions et découvertes majeures sont :
la cagniardelle, en 1809, machine destinée à entraîner l'air par un liquide, aussi bien pour faire le vide dans une enceinte que pour décarburer les fontes par apport d'oxygène. Elle est devenue désuète depuis l'introduction des pompes-turbines. Son principe est fondé sur une vis d'Archimède faiblement inclinée, de façon que l'extrémité inférieure soit complètement immergée et l'extrémité supérieure seulement partiellement ; la vis est actionnée dans le sens inverse de celui qui ferait monter l'eau ; à chaque tour, l'air entre par l'extrémité supérieure et descend, en refoulant l'eau, le long des spires vers l'extrémité inférieure où un tuyau le récupère. Victor Hugo, entre autres, y fait allusion dans Les Travailleurs de la mer (IIe partie, chap. X) ;
un moulin portatif, à l'usage des armées, d'un poids minime de sept livres et qui permettait aux soldats de moudre du blé au beau milieu des champs ; l'armée napoléonienne s'en servit durant les Cent-Jours ;
Médaille d'argent décernée par le jury de l'exposition des produits de l'industrie de 1819 pour diverses machines hydrauliques de son invention telles que la vis d'Archimède pneumatique citée plus haut[7].
Ordre de Saint-Michel en 1823
Notes et références
Notes
↑L'École polytechnique fut créée le 15 fructidor an III (1er septembre1795). Charles Cagniard fit donc partie des premiers élèves et de la première promotion.
↑E. Desbeaux, Physique populaire, Libr. Marpon et Flammarion, , « III. Le téléphone à aimant », p. 105
↑G. Wertheim, « Recherches sur l’Élasticité », Ann. Chimie, vol. XII, , p. 385-454
↑V. Regnault, « De la compressibilité des liquides, et en particulier de celle du mercure », Mém. Acad., vol. XXI, , p. 429-464
↑Cf. Charles Cagniard de la Tour, « Exposé de quelques résultats obtenus par l'action combinée de la chaleur et de la compression sur certains liquides, tels que l'eau, l'alcool, l'éther sulfurique et l'essence de pétrole rectifiée », Annales de chimie et de physique, no 21, , p. 127-132.
↑Cagniard-Latour, « Mémoire sur la fermentation vineuse, présenté à l'Académie des sciences le 12 juin 1837 », Annales de chimie et de physique, 2e série, t. 68, 1838, p. 206-222, consultable sur Google Books. On lit déjà dans les Comptes rendus de l'Institut de 1836 que Cagniard de Latour considérait la levure de bière comme une substance vivante. (Cagniard de Latour, « Observations sur la fermentation du moût de bière », L'Institut, 23 novembre 1836, IV, p. 389-390; voir L. Pasteur, Mémoire sur la fermentation alcoolique, Œuvres complètes de Pasteur, t. 2, p. 83, consultable sur Gallica, et P. Pinet, Pasteur et la philosophie, Paris, 2005, p. 51.) En 1787, Adamo Fabbroni avait déjà attribué la fermentation à une substance « végéto-animale » ; voir citation dans L. Pasteur, Mémoire sur la fermentation alcoolique, Œuvres complètes de Pasteur, t. 2, p. 80, consultable sur Gallica.