Né à Nantes le dans une famille vendéenne, il étudie au collège royal de Nantes, où il a pour condisciple Jules Vallès, qui s'est inspiré de lui pour créer le personnage de Matoussaint dans Le Bachelier, puis au collège Bourbon. Il fait son droit à Paris quand le cours de Jules Michelet au Collège de France est suspendu, le ; il est l'un des premiers à s'opposer à cette mesure. Cela lui vaut d'être interné à Mazas sous la prévention, finalement abandonnée, de « complot contre la sûreté de l'État »[1].
Action politique
Avec Vallès, il fonde, à Paris, en , le Comité des Jeunes, qui tente vainement de soulever le quartier latin contre le coup d'État du 2 décembre 1851. Opposant au Second Empire, républicain, libre-penseur et anticlérical, il renonce à une carrière dans l'enseignement, afin de ne pas prêter le serment de fidélité au régime impérial, et gagne sa vie en publiant dans des feuilles littéraires et des revues. L'article qu'il consacre à « François-Joseph », au retour d'un voyage en Hongrie, contribue à l'interdiction de la Revue de Paris par décret impérial en . Au Courrier du dimanche, il publie en le seul compte-rendu consacré à La Démocratie d'Étienne Vacherot, saisi par la police le jour de sa mise en vente. Lié à Giuseppe Mazzini, Daniele Manin, Giuseppe Garibaldi, Lajos Kossuth, György Klapka, Gyula Andrássy et Daniel Irányi, il décrit les partis révolutionnaires à l'étranger dans les colonnes du Courrier de Paris et consacre ses premiers ouvrages historiques à la Hongrie. Par ailleurs, profitant des concessions libérales accordées par le régime après la campagne d'Italie (1859), il tente de fonder un journal, La Nation, mais le ministère de l'Intérieur lui refuse l'autorisation, au prétexte qu'en , il « avait collaboré au Père Duchêne et à l'Aimable faubourien », selon le ministre Adolphe Billault. Après avoir fait remarquer qu'il était encore au collège à l'époque, sa demande n'en est pas moins enterrée[1].
Arrêté au retour d'une visite au colonel Charras, exilé à Bâle, pour colportage de brochures interdites, il passe devant le tribunal correctionnel de Mulhouse, qui l'acquitte, puis, sur appel du ministère public, devant la Cour de Colmar. Sauvé par l'intervention de ses amis Charras, Michelet, Quinet, Martin et Arago, il abandonne ensuite la politique pour l'histoire après La Presse libre selon les principes de 1789 ()[1].
Après la suppression de l'autorisation préalable, il fonde La Démocratie (-)[1]. De même, en -, il fonde la Société Civile des Familles Affranchies, qui accueille des membres à travers toute la France, mais également en Angleterre, parmi les républicains proscrits.
Le , il est arrêté à Versailles et détenu préventivement durant deux mois, jusqu'à la répression de la Commune de Paris. Ernest Picard s'excuse en lui expliquant : « sans cette prison, vous étiez fusillé ou déporté »[1].
Élève d'Alphonse Aulard à la Sorbonne, ami de Jules Michelet, il se spécialise dans l'histoire de la Révolution française. Entre et , il a publié 11 volumes de documents sur la guerre de Vendée - La Vendée Patriote. Dans son récit, qui lie les documents, Chassin livre une histoire orientée en faveur des « Bleus », considérant que le soulèvement n'a aucune origine populaire et qu'il s'agit simplement d'une machination des nobles et des prêtres, suivis aveuglément par une population ignorante. Hostile à la Terreur, il justifie la guerre contre cette contre-révolution, mais non ses excès.
Les dernières années
Victime de la maladie, il se retire à Beauchamp près de Taverny, où il meurt le . Conformément à ses dispositions testamentaires, il a été inhumé civilement[1] au cimetière du Père-Lachaise (92e division).
Leur seconde fille, Marie Lucile Chassin, née également à Montmartre (18e arrondissement de Paris) le 14 août 1859[12],[note 3], est une actrice de théâtre mais elle obtient également son 2e accessit de chant au Conservatoire de musique à Paris en 1881[13]. Elle épouse le 19 décembre 1904, Aimé Antoine Émile Alamagny, à Lyon dans le 2e arrondissement (département du Rhône)[14]. Lucile Chassin meurt au château de Curaize (ou Curaise), commune de Précieux (anciennement Prétieux), le [15]. Le château est la propriété de son époux, Émile Alamagny, fondateur de l'usine de lacets Oriol et Alamagny à Saint-Chamond[16].
Enfin, leur fille cadette est France Chassin qui serait connue au théâtre sous le pseudonyme de Nicole Bernard[23],[24],[25]. France Chassin est née dans le 18e arrondissement de Paris, le 10 mai 1873[26]. Elle est célibataire et joue pour la première fois à l'âge de 15 ans au mois de mars 1888 avec sa sœur Marianne, la comédie À quoi rêvent les jeunes filles, dans une soirée donnée par Paul Eudel à Paris[27]. France Chassin meurt à Paris dans le 17e arrondissement, le 23 septembre 1932[28].
Principales publications
La Hongrie, son génie et sa mission, étude historique, suivi de Jean de Hunyad, récit du XVe siècle, 1856
(en collaboration avec Daniel Irányi) Histoire politique de la Révolution de Hongrie, 1847-1849, 2 volumes, 1859-1860
Les Cahiers des curés. Étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits, 1882
Félicien, souvenirs d'un étudiant de 48, 1885
Les Élections et les cahiers de Paris en 1789, 4 volumes, 1888-1889 Texte en ligne
Études documentaires sur la Révolution Française, tome 1 : La préparation de la Guerre de Vendée (1789-1793), 1892, 3 volumes Texte en ligne 123 ; tome 2 : La Vendée Patriote (1793-1800), 1893-1895, 4 volumes ; tome 3 : Les pacifications de l'Ouest, 1794-1801-1815, 1896-1899, 3 volumes ; tome 4 : La Vendée et la Chouannerie, 1 volume ; table générale alphabétique et analytique des trois séries avec cartes du théâtre de la guerre civile, 1 volume, Paris, imprimerie Paul Dupont, 1891-1900
(en collaboration avec Léo Hennet) Les Volontaires nationaux pendant la Révolution, tome 1 : Historique militaire et états de services des huit premiers bataillons de Paris, levés en 1791 et 1792, 1899 Texte en ligne ; tome 2 : Historique militaire et états de services du 9e bataillon de Paris, Saint-Laurent, au 18e, bataillon des Lombards, levés en 1792, 1902 Texte en ligne ; tome 3 : Historique militaire et états de services du 19e bataillon de Paris, dit du Pont-Neuf, au 27e (bataillon de la Réunion), des chasseurs et compagnies franches et du bataillon des grenadiers levés en 1792, 1906 Texte en ligne
Le Général Hoche à Quiberon, 1898
Félicien : souvenirs d'un étudiant de 48, 1904 (réédition de l'œuvre de 1885°)Texte en ligne
Bibliographie
Dictionnaire biographique du département de la Loire-Inférieure, Paris, Henri Jouve, coll. « Dictionnaires départementaux », . Une des plus longues notices de ce volume (une dizaine de pages).
Joël Barreau et Alain Croix (dir.), Du sentiment de l'histoire dans une ville d'eau Nantes, Thonon-les-Bains, Nantes-Histoire/Éditions de l'Albatros, , 358 p. (ISBN2-908528-31-2), « Jules Vallès et le mouvement lycéen à Nantes en 1848 », p. 173-185.
Henri Monin, « Charles-Louis Chassin », La Révolution française : revue historique, vol. 41, , p. 97-104 (lire en ligne).
↑Eugène André Garcin, fils d'un maréchal-ferrant, né le 31 décembre 1830 à Alleins dans le département des Bouches-du-Rhône (Archives départementales des Bouches-du-Rhône : acte de naissance n°1 en date du 1er janvier 1831, cote document : 203 E/454, vue 1 sur 7). Ancien sous-préfet à Muret et professeur d'histoire à l'école Lavoisier à Paris. Il est un écrivain, journaliste, publiciste et poète. Eugène Garcin épouse l'une des directrices du pensionnat dans lequel il était surveillant-professeur. Le mariage a lieu dans le 9e arrondissement de Paris le 11 mai 1861 avec Marie Félicia Euphémie Vauthier (Archives de Paris : acte de mariage n° 447, cote du document V4E/971, vue 11 sur 31). Euphémie Vauthier (Montignac le 3 mai 1829 - Antony 4 décembre 1900), maîtresse de pension à Paris, professeure d'histoire à l'École supérieure des jeunes filles de la Ville de Paris, écrivaine, est la sœur de Louis Léger Vauthier. Elle a écrit des ouvrages sur l'instruction des filles, ainsi que des romans inspirés de ce thème. Euphémie Vauthier est également une femme engagée politiquement et elle est poursuivie pour un article inséré dans le journal L'Émancipation de Toulouse sur l'exécution en 1871 de Louis Rossel. Traduite en cours d'assises, elle est acquittée et bénéficie du soutien de Victor Hugo. Eugène Garcin est mort à Antony, le 11 février 1909 (Archives départementales des Hauts-de-Seine : acte de décès n°8, cote document E-NUM-ANT-D/1909, vue 4 sur 22). Le couple a eu deux enfants, Frédéric en 1862 et Jean en 1866.
↑Archives de Paris : État civil reconstitué du 6e arrondissement ancien de Paris - acte de mariage de Charles-Louis Chassin et d'Agathe Claudine Sauvage. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Archives de Paris : État civil reconstitué de Montmartre (18e arrondissement de Paris) - acte de naissance de Anna Jeanne Claudine Chassin. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Archives de Paris : État civil du 9e arrondissement de Paris - acte de mariage no 1074 de Maurice Marie Justin Coste et Anna Jeanne Claudine Chassin. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Archives de Paris : État civil du 9e arrondissement de Paris - acte de décès no 1498 d'Anna Jeanne Claudine Chassin. Cote du document : V4E / 3538, vue 2 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Archives de Paris : État civil du 9e arrondissement de Paris - acte de décès no 1492 d'un enfant non prénommé. Cote du document : V4E / 3538, vue 1 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Collectif, « Obsèques de Madame Maurice Talmeyr », L'Homme libre (1876-1877), Paris, no 11, , p. 2, 6e colonne (lire en ligne).
↑Archives de Paris : État civil reconstitué de Montmartre (18e arrondissement de Paris) - acte de naissance de Marie Lucile Chassin. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Constant Pierre (dir.), Conservatoire de musique et de déclamation : documents historiques et administratifs, vol. 2, Paris, Éditions de l'Imprimerie nationle, , 1031 p. (lire en ligne), p. 718.
↑Archives de Paris : État civil du 18e arrondissement de Paris - acte de naissance no 1963 de Marianne Chassin. Cote du document : V4E / 2157, vue 9 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Archives de Paris : état civil du 9e arrondissement de Paris - acte de mariage no 345 d'Abel Anatole Tarride et de Marianne Chassin. Cote du document : V4E / 6232, vue 7 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Archives de Paris : État civil du 9e arrondissement de Paris - acte de divorce no 1153 de Marianne Chassin et d'Abel Tarride. Cote du document : V4E / 8830, vue 3 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Sébastien Otto Alfred Fiedler (1875-1951), dossier de la Légion d'Honneur sur la base Léonore au ministère français de la Culture : « Cote LH/970/11 ».
↑Direction générale des Impôts, registre de l'enregistrement n° 590, année 1953, table des successions et des absences du bureau de Boulogne-Billancourt, page 25, aux Archives départementales des Hauts-de-Seine.
↑Archives de Paris : État civil du 17e arrondissement de Paris - acte de décès no 1878 de France Chassin. Cote du document : 17D / 246, vue 5 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.