Une chapelle du même nom est construite vingt ans plus tard sur la commune de Caluire-et-Cuire, et change ainsi de paroisse. Elle est remplacée au XXe siècle par l'église Saint-Clair sur la même commune.
Son nom s'étend à toute la balme lyonnaise, puis baptise ensuite le quartier Saint-Clair et plusieurs de ses lieux et édifices.
Saint Clair est un abbé catholique qui a vécu au VIIe siècle. Célébré à Lyon le , jour férié dans toutes les cours de la ville, il est protecteur des verriers[1]. En 1619, ces derniers s'associent aux peintres, protégés par saint Luc, pour remplacer la première chapelle à gauche de l'église Saint-Bonaventure, dédiée à Marie, par leurs patrons[2]. Ils sont remplacés deux cents ans plus tard par saint François d'Assise[3].
Histoire
Une chapelle dédiée à sainte Blandine est attestée au XIIIe siècle sur le terrain de l'abbaye Saint-Pierre[4]. Une recluserie dite de Saint-Irénée s'installe à côté, l'ensemble prend ensuite le vocable de saint Clair[5]. Le nom est parfois orthographié Saint-Cler, et composé sous la forme Saint-Clair du Griffon[6] ; le Griffon était un quartier proche[5]. Cette recluserie, une des plus célèbres parmi les onze qui existent à Lyon au Moyen Âge[7], est connue pour guérir principalement les maladies de la vue ; Jeanne de la Boisse y est installée comme recluse en 1258[6]. Saint Clair est ainsi patron secondaire de l'abbaye[8].
Les neuf recluseries lyonnaises situées à l'intérieur des remparts, actives principalement entre les XIe et XIIIe siècles, n'existent plus au XVIe siècle[9]. Dans un acte de 1618, la chapelle Saint-Clair est mentionnée comme ancienne recluserie, dite Saint-Irénée. C'est à cette époque une simple chapelle de dévotion où l'on ne pratique aucun service fixe[7]. Elle est tout de même reconstruite en 1656[10]. Vers le milieu du XVIIIe siècle, elle est utilisée comme aumônerie, fonction qui se maintient jusqu'à la Révolution française[7].
Pour faire face à de grandes dépenses d'extension et de réfection de leur église, les religieuses de l'abbaye Saint-Pierre vendent une partie de leur propriété. L'accord est conclu le avec Breton, Desraisses, Léonard Milanais et Jacques-Germain Soufflot, pour la somme de 50 000 livres. Il inclut le « tènement de maisons, jardin et vignes y compris la chapelle Saint-Clair et bâtiment en dépendans, avec la petite place au devant de la porte d'entrée de la chapelle ». La chapelle doit cependant rester en l'état jusqu'à ce que l'on puisse effectuer la translation du culte, ou sinon la reconstruire dans des dimensions identiques[11]. Elle est démolie à la Révolution[12].
Description
La chapelle lyonnaise se trouvait au nord de la place Saint-Clair, avant le rempart de la Croix-Rousse, près du bastion Saint-Clair[13]. Cette place s'appelle aujourd'hui Louis Chazette[12]. Sur un plan cadastral des années 1755 ou 1756, la surface au sol de la chapelle mesure 45 pieds de longueur sur 19 de largeur[14],[note 1].
Situation sur le plan de Séraucourt en 1746
Place Louis Chazette en 2019
Postérité
Le nom Saint-Clair de la recluserie et de la chapelle a été donné à la porte qui perçait les remparts vers le port, au port lui-même et au bastion voisin. Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Jacques-Germain Soufflot aménage la place Tolozan et la place Saint-Clair et, sur le bord du Rhône, le quai Saint-Clair. Le pont Morand, au niveau de la place des Terreaux, est appelé Saint-Clair à son ouverture. Le pont Louis-Philippe, construit en face de la place Saint-Clair en 1846, est renommé pont Saint-Clair en 1848[12].
Après la démolition de la chapelle, les habitants du quartier demandent un nouveau lieu de culte : une autre chapelle Saint-Clair est construite sur un terrain à Caluire-et-Cuire, à 3 kilomètres au nord-est de l'ancienne recluserie, et dépend alors de la paroisse de Caluire : elle est bénie le [17]. Devenue trop petite, l'église Saint-Clair est érigée sur la même commune, entre 1887 et 1926, par Louis Sainte-Marie Perrin. La paroisse donne son nom au quartier Saint-Clair, dans lequel se trouvent la Grande Rue de Saint-Clair, ainsi que la gare de Lyon-Saint-Clair[12].
Ancienne gare de Lyon-Saint-Clair
Grande Rue de Saint-Clair
Église Saint-Clair
Notes et références
Notes
↑Soit 15,4 mètres de longueur pour 6,5 mètres de largeur, le pied de Lyon mesurant environ 34,25 centimètres[15],[16].
Martin Basse et Jo Basse (préf. Frédéric Dugoujon), Histoire de Caluire et Cuire : Commune du Lyonnais, Lyon, Éditions FOT, , 281 p., p. 86.
Emmanuel Bernot (dir.), Cyrille Ducourthial et Philippe Dessaint (Rapport de diagnostic d'archéologie préventive RAP-RA_110, code source RAP06314), Rénovation lourde du tunnel de la Croix-Rousse 69001/69004 Lyon : Le réseau souterrain des « arêtes de poisson », vol. 1/2 - Texte, Lyon, Service archéologique de la ville de Lyon, .
Henri Chapot, « Saint-Clair, Lyon ou Caluire ? », Bulletin municipal officiel de la ville de Lyon, no 6044, , p. 2.
Max Bobichon et Yves Montmessin (préf. Gérard Collomb, postface Jacques Rossiaud), En regardant le temps passer… à Lyon au XVIe siècle : (d'après le plan scénographique de 1550), Lyon, Association Lyon - Cathédrale, , 216 p. (ISBN979-10-91077-00-2), p. 164-169.
Emmanuel Vingtrinier et Joannès Drevet, Le Lyon de nos Pères : Dessins et eaux-fortes de J. Drevet, Lyon, Bernoux et Cumin, , 335 p. (lire en ligne [PDF]), p. 159-160.
Marius Blanc, La vie et le culte de saint Clair : abbé de Saint-Marcel de Vienne (en Dauphiné), t. second, Imprimerie J. Mazeyrie, , 246 p. (lire en ligne [image]), p. 40-50.
Théodore Aynard, Histoire du quai Saint-Clair en la ville de Lyon : depuis son origine jusqu'à nos jours et de quelques autres choses, Lyon, Association typographique, , 74 p. (lire en ligne [PDF]), p. 6 ; 34-35.
La version du 7 juillet 2019 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.