Georges Laurent, journaliste, anime une émission littéraire sur une chaîne de télévision. Il vit paisiblement dans une maison à Paris. Cette tranquillité se fissure le jour où sa femme Anne et lui reçoivent une première cassette vidéo anonyme à leur domicile. Leur maison est filmée en plan fixe depuis la rue d'en face, la rue des Iris ; leur famille est observée de manière anonyme et volontairement inquiétante.
D'autres cassettes, ainsi que des dessins sanguinolents leur sont envoyés : une vidéo montrant le domaine agricole où Georges a passé son enfance, une autre montrant un immeuble de Romainville et le couloir qui mène jusqu'à un appartement. Puisque la police ne veut pas enquêter tant que Georges et sa famille ne subissent pas d'agression, il décide alors de trouver qui lui envoie des cassettes destinées à impressionner, en l'absence de toute revendication.
Un projet de remake américain avait été un temps envisagé par Ron Howard[1].
Le Figaro y reconnait son quotidien poisseux, ses petites lâchetés et ses grandes angoisses. L'Humanité évoque un travail d'entomologiste de la culpabilité, déléguant au plan-séquence la charge morale que Jean-Luc Godard prête au choix d'un travelling. The Hollywood Reporter y voit l'examen d'un homme qui refuse de faire face à ses responsabilités ; Les Cahiers du Cinéma, un gamin sadisant les images et un bonheur à le regarder faire ; Chronic'art, une roublardise d'une prétention délirante et Les Inrockuptibles parle d'histoire à suspense tendue et paranoïaque.
Mazarine Pingeot figure parmi les invitées de l'émission de Georges Laurent. Fille « cachée » de Mitterrand, sa présence est un clin d'œil au titre du film. Elle évoque, indirectement, l'action de son père, François Mitterrand durant la Guerre d'Algérie alors ministre de l'Intérieur, en 1954, puis Garde des Sceaux, de 1956 à 1957[3], traitant ainsi du sentiment de culpabilité ; culpabilité du personnage principal en particulier, et culpabilité des Français en général, vis-à-vis des événements de 1961 et du traitement des immigrés. L'ultime scène, et le générique de fin, donne une clef de compréhension du film, avec la rencontre et une discussion (dont la teneur est insaisissable pour le spectateur) entre le fils de Majid et Pierrot Laurent, à la sortie du lycée de ce dernier qui se rencontrent sans qu'il soit possible de déterminer s'ils font connaissance ou se connaissent déjà et s'ils sont (l'un ou l'autre ou les deux) responsables de l'envoi des cassettes vidéo[4]. La scène laisse planer le doute[5].
Le film est sélectionné pour représenter l'Autriche à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère pour la 78e cérémonie des Oscars. Il fut disqualifié, car le règlement exige que le film sélectionné doit être majoritairement tourné dans la langue officielle du pays représenté. La disqualification de Caché, un des films les plus appréciés de l'année, fut négativement reçue[7],[8]. Cette restriction linguistique fut supprimée l'année suivante[9].
↑Jean-Philippe Gravel, « Le cinéma du soupçon / Caché de Michael Haneke », Ciné-Bulles, vol. 24, no 2, , p. 6–13 (ISSN0820-8921 et 1923-3221, lire en ligne, consulté le )
L'année indiquée est celle de la cérémonie. Les films sont ceux qui sont proposés à la nomination par l'Autriche ; tous ne figurent pas dans la liste finale des films nommés.