Surnommée « mon petit Mozart » par Georges Bizet, elle compose plus de 400 œuvres dont 200 pièces pour piano.
Biographie
Issue d'une longue lignée de marins et d'officiers, Cécile Chaminade naît aux Batignolles-Monceau (village alors hors de Paris) le [1] au 20 rue Saint-Georges (devenue rue des Apennins). Sa mère, excellente pianiste et douée d'une jolie voix, remarque très tôt que Cécile possède une oreille étonnante ainsi qu'une vive sensibilité musicale.
En 1863, son père, directeur d'une compagnie d'assurances anglaise, Cresham, fait construire une villa au Vésinet[2],[3]. La petite Cécile y fait la connaissance de Bizet, de vingt ans son aîné, mais dont la mère s'est liée d'amitié avec Madame Chaminade.
Georges Bizet, qui la surnomme « mon petit Mozart »[4], conseille de la faire entendre par Le Couppey, professeur de piano au conservatoire, dans la classe réservée aux jeunes filles. Ce dernier propose d'inscrire Cécile dans sa classe mais se heurte au refus de son père : « Dans la bourgeoisie », dira-t-il, « les filles sont destinées à être épouses et mères. »
Bizet obtient alors que Cécile suive en privé l'enseignement du conservatoire avec Le Couppey pour le piano et Augustin Savard pour l'harmonie, puis Benjamin Godard pour la composition.
Dans les soirées données par son père qui invite des compositeurs célèbres, Cécile accompagne Martin-Pierre Marsick, jeune violoniste belge à la renommée grandissante. Marsick fonde en 1877 un quatuor à cordes, donnant des séances de musique de chambre à la salle Pleyel. C'est à l'occasion de l'une d'elles que, profitant d'un voyage de son père, Cécile Chaminade se produit pour la première fois en public ; elle joue dans des Trios de Beethoven et de Widor[5].
En 1901, elle épouse Louis-Mathieu Carbonel, éditeur de musique[7] qui meurt en 1907.
Après un timide début avec la première de son Trio no 1 pour violon, violoncelle et piano, opus 11 (1880), elle donne, en 1888, trois partitions symphoniques : le ballet Callirhoë, op. 37 à Marseille, un Concerstück pour piano et orchestre, op. 40[8] et une symphonie dramatique avec chœurs intitulée Les Amazones, op. 26 à Anvers.
Compositrice prolifique, elle réalise plus de 400 œuvres[4].
On peut citer notamment les ouvrages suivants : une Suite d'orchestre (1881), un opéra-comique La Sévillane opus 10 (1882), un Trio no 2 pour violon, violoncelle et piano, opus 34 (1887) et, sur commande du Conservatoire, un Concertino pour flûte et orchestre, opus 107 sa dernière œuvre symphonique.
Son œuvre comporte également 200 pièces pour piano de style romantique avec, notamment, une Sonate en ut mineur pour piano, opus 21 ; Étude Symphonique, opus 28 ; Six Études de concert, opus 35 (Scherzo, Automne, Impromptu…) ; Les Sylvains, opus 60 ; Arabesque, opus 61 ; Six Romances sans paroles, opus 76 (Méditation, Idylle…) ; Étude mélodique, opus 118 ; Pêcheurs de nuit, opus 127 (no 4 des Poèmes Provençaux) ; Romance, opus 137 ; Au pays dévasté, opus 155 ; Nocturne, opus 165…
Elle compose aussi environ 150 mélodies dans le style de salon.
Cécile Chaminade est une concertiste appréciée particulièrement en France et en Angleterre. Après sa première visite à Londres, elle y revient presque tous les mois de juin dans les années 1890 pour donner un concert annuel, interprétant ses nouvelles chansons et ses œuvres pour piano, engageant des amis tels que Blanche Marchesi et Pol Plançon pour les chanter[9]. Elle sera à chaque fois invitée par la reine Victoria, fort âgée, à séjourner quelque temps à Windsor.
Ses tournées en Europe la conduisent jusqu'en Grèce et en Turquie et, pendant la saison 1907-1908, elle donne vingt-cinq concerts devant des salles combles aux États-Unis et au Canada[4]. À cette occasion, celle dont Liszt aurait dit « Elle me rappelle Chopin »,[réf. nécessaire] est l'hôte à déjeuner de Théodore Roosevelt.
Quand la guerre éclate, à cinquante-sept ans, elle accepte de prendre la direction d'un hôpital londonien, abandonnant complètement la musique[4]. Après la guerre, elle ne se produit plus en public, mais compose encore de loin en loin.
« Épuisée par des courses incessantes, décalcifiée par les excès d'un régime alimentaire végétarien mal conçu, elle doit être amputée d'un pied en 1936[10]. » Elle se retire du monde à Monte-Carlo, où elle meurt, presque oubliée, le .
Tout d'abord inhumée à Monte-Carlo, sa dépouille est ensuite transférée au cimetière de Passy[11].
Distinctions
Cécile Chaminade est officier d'Académie (), officier de l'Instruction publique () et décorée dans l'ordre national de la Légion d'honneur avec le grade de chevalier[12], la même année que Jacques Isnardon (promotion du )[13]. Elle est la première musicienne à recevoir cette distinction.
In mémoriam
Portent son nom :
un square à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et à Saran (Loiret)
Op. 36, 2 pièces pour piano : 1. Intermède ; 2. Pas des cymbales (1887)
Op. 36a, 2 pièces pour piano quatre mains (1887)
Op. 37, Callirhoë, suite d'orchestre (tirée du ballet) : 1. Prélude ; 2. Pas des écharpes ; 3. Scherzettino ; 4. Pas des Cymbales (1887)
Op. 37a, Cinq airs de ballet (tiré de Callirhoë) : 1. Pas des Amphores ; 2. Pas des Écharpes ; 3. Callirhoë (Variation) ; 4. Danse pastorale ; 5. Danse orientale
Op. 38, Marine (1886)
Op. 39, Toccata (1887)
Op. 40, Concertstück en do dièse mineur pour piano et orchestre (1888)
Op. 41, Pierrette, air de ballet (mi bémol majeur) (1889)
Op. 42, Les Willis, caprice (1889)
Op. 43, Gigue (ré majeur) (1889)
Op. 44, Les Feux de la Saint-Jean pour solistes, chœur de femmes et piano (1890)
Op. 45, Sous l'aile blanche des voiles pour solistes, chœur de femmes et piano (1890)
Op. 46, Pardon breton pour solistes, chœur de femmes et piano (1890)
Op. 47, Noce hongroise pour solistes, chœur de femmes et piano (1890)
Op. 48, Noël des marins pour solistes, chœur de femmes et piano (1890)
Op. 49, Les Filles d'Arles pour solistes, chœur de femmes et piano (1890)
Op. 50, La Lisonjera pour piano (L'enjôleuse. en sol bémol majeur) (1890)
Op. 99, Poèmes évangéliques pour chœur de femmes et piano : 1. L'Étoile ; 2. Les Humbles ; 3. Les Pêcheurs ; 4. La Jeune Fille ; 5. Les Petits Enfants ; 6. Sainte Madeleine
Op. 100, Aux Dieux sylvains pour chœur de femmes et piano
Cécile Chaminade a enregistré plusieurs pièces sur rouleaux[18], notamment sur système Duo-Art, procédé avec lequel elle a enregistré 11 rouleaux dont cet extrait de ses 6 Romances sans paroles : "Élévation" (opus 76, no 2)[19].
Discographie
Trios avec piano, Pastorale enfantine, Ritournelle, Sérénade op. 29, Sérénade espagnole - Tzigane Piano Trio ASV (1996)
L'ensemble vocal féminin amateur Ligérianes a produit un disque de 16 chants jamais enregistrés (dont les poèmes évangéliques) pour chœur de femmes et piano (pianiste Léa Ravaud), en novembre 2011[20]
Morceau de concert en ut dièse mineur, op. 40 (+ Amy Beach, Concerto pour piano et orchestre en ut dièse mineur, op. 45 ; Dorothy Howell, Concerto pour piano en ré mineur) - Danny Driver, piano ; BBC Scottish Symphony Orchestra, dir. Rebecca Miller (Hyperion CDA68130 2017) Ce disque est un hommage à l'attention de la Journée internationale des femmes du 8 mars 2017 et, pour marquer cette occasion, la sortie de ce soixante-dixième volume de la collection Hypérion, Le Concerto romantique pour piano, leur a été consacrée.
Callirhoë : ballet symphonique, op.37 ; Morceau de Concert, op. 40 , BBC Concert Orchestra, dir. Martin Yates Dutton, Epoch CDLX 7339 (2017)
↑Actuellement en CD VoxBox CDX 5110 - French Piano Concertos - 1980.
↑(en) Jonathan Summers, « Cecile Chaminade », NAXOS, Naxos (consulté le )
↑G. Condé, Cécile Chaminade, Mots d'amour, mélodies, Deutsche Grammophon, (OCLC49416634), cité par Loïc Chahine, « Un autre 8 août : 1857, la naissance de Cécile Chaminade », Diapason, (lire en ligne).