Big Mama Thornton

Big Mama Thornton
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 57 ans)
Los AngelesVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Inglewood Park Cemetery (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Willie Mae ThorntonVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Big MamaVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Big Mama ThorntonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Conjoint
Darrell Jackson (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Instruments
Label
Genre artistique
Site web
Discographie
Discographie de Big Mama Thornton (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Ball 'n' Chain (d), Hound Dog (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Willie Mae Thornton dite Big Mama Thornton ( à Montgomery ou Ariton (Alabama) - à Los Angeles) est une chanteuse américaine de blues et de rhythm and blues, précurseur du rock 'n' roll. Elle est surtout connue pour avoir interprété la chanson « Hound Dog », popularisée ensuite par Elvis Presley.

Biographie

Enfance et éducation

Willie Mae Thornton, plus connue sous le nom de Big Mama Thornton, naît le 11 décembre 1926. Son certificat de naissance indique une naissance à Ariton[1], mais elle dit en interview être née à Montgomery ; il est probable qu'elle l'ait dit parce que Montgomery est une ville plus connue qu'Ariton[2].

Son père est pasteur dans une église baptiste où sa mère est chanteuse, et elle-même commence à chanter très tôt à l'église, comme ses six frères et sœurs[3]. Sa mère meurt jeune et Willie Mae Thornton arrête l'école pour devenir nettoyeuse de crachoirs dans un bar voisin. En 1940, elle quitte le domicile familial et, avec l'aide de Diamond Teeth Mary (en), elle intègre la Hot Harlem Revue de Sammy Green, où elle est rapidement présentée à l'audience comme la nouvelle Bessie Smith[2]. Elle admire beaucoup Bessie Smith et Memphis Minnie, qui influencent sa carrière musicale[4].

Début de carrière musicale

Thornton déménage à Houston en 1948. À cette époque, au Texas et à Los Angeles, un nouveau genre de blues gagne en popularité ; il implique des cuivres, des rythmes marqués et des paroles souvent drôles[5].

En 1951, elle signe un contrat avec Peacock Records ; l'année suivante, elle se produit à l'Apollo Theater. En 1952, en partenariat avec un autre artiste de Peacock, Johnny Otis, elle enregistre Hound Dog (Chien de chasse), la première chanson écrite par Jerry Leiber et Mike Stoller. Le duo est présent à l'enregistrement[6] et Leiber fait une démonstration du style vocal attendu pour la chanson[7],[8]. Otis joue de la batterie, le batteur ayant été considéré incapable de jouer suffisamment bien pour l'enregistrement. La chanson se vend en plus d'un demi-million d'exemplaires et prend la première place du classement R&B[9] ; elle est souvent citée comme un moment fondateur du rock'n'roll[10]. Thornton devient célèbre grâce à cette chanson, mais touche très peu d'argent[11].

Le jour de Noël 1954, dans un théâtre de Houston, elle voit Johnny Ace, lui aussi chez Peacock, se tuer par balle accidentellement en jouant avec un pistolet[12]. Thornton continue à enregistrer des chansons pour Peacock jusqu'en 1957 et se produit plusieurs fois en tournées collectives avec Junior Parker et Esther Phillips[réf. nécessaire].

Un peu plus de trois ans après la sortie de Hound Dog, Elvis Presley en enregistre sa propre version[6]. Les paroles agacent Leiber, qui estime que Presley a raté le sens de la chanson, qui parle d'un homme infidèle et profiteur et pas littéralement d'un chien : la version de Presley ajoute en effet un passage sur l'incapacité du chien à attraper un lapin[10]. Cette reprise se vend en plus de dix millions d'exemplaires[10].

Succès

La carrière de Big Mama Thornton commence à ralentir à la fin des années 1950 et au début des années 1960[13]. Elle déménage dans la baie de San Francisco, où elle joue dans des bars de San Francisco et Los Angeles et enregistre des chansons chez plusieurs labels[4]. Au début des années 1960, elle enregistre la chanson Ball and Chain (en) pour Bay-Tone Records, qui ne la produit finalement pas[4]. Janis Joplin l'entend jouer la chanson dans un bar de San Francisco[14].

En 1965, elle intègre l'American Folk Blues Festival et fait une tournée en Europe[15], où elle rencontre un grand succès encore inédit pour une femme chanteuse de blues en dehors du continent nord-américain[16]. Le 20 octobre, à Londres, elle enregistre un premier album pour Arhoolie Records, Big Mama Thornton in Europe[17]. Elle y est accompagnée par Buddy Guy à la guitare, Fred Below à la batterie, Eddie Boyd au piano, Jimmy Lee Robinson à la basse et Big Walter Horton à l'harmonica[17], sauf pour deux chansons (et une troisième, piste bonus dans une réédition en CD en 2005) où Fred McDowell joue de la guitare acoustique[18].

En 1966, Thornton enregistre son deuxième album pour Arhoolie, Big Mama Thornton with the Muddy Waters Blues Band, avec Muddy Waters et Sammy Lawhorn à la guitare, James Cotton à l'harmonica, Otis Spann au piano, Luther Johnson à la basse et Francis Clay à la batterie[14]. Elle se produit au Monterey Jazz Festival[14].

En 1967, Janis Joplin joue une reprise de Ball and Chain au Festival international de musique pop de Monterey ; la reprise transforme la chanson en un blues en mineur plus lent et à la structure différente[19]. Cette performance obtient un accueil critique et commercial très positif[20], et la carrière de Thornton reprend de sa vigueur[14]. On ne sait pas si elle a touché de l'argent pour la chanson originale : Bay-Tone Records pourrait avoir conservé le copyright, et leur refus de sortir la chanson aurait selon certaines sources empêché Thornton de toucher des royalties sur la reprise de Joplin[4], mais Thornton dit en 1972 avoir donné la permission à Joplin et reçu des royalties[21].

L'année suivante, Thornton se produit à nouveau au festival de jazz de Monterey[14], et elle sort l'album Ball and Chain chez Arhoolie, qui inclut Ball and Chain, une reprise de Wade in the Water (en) et quelques chansons de ses précédents albums. Une petite équipe de musiciens l'accompagne, dont son guitariste habituel Bee Houston[14].

En 1969, Thornton sort son album le plus connu, Stronger Than Dirt, chez Mercury Records. Il arrive en 198e place du Billboard 200. Elle signe ensuite un contrat avec Pentagram Records, où elle a l'occasion d'enregistrer un album de gospel, Saved, inspiré par les Dixie Hummingbirds et Mahalia Jackson. Elle dit avoir toujours voulu enregistrer du gospel ; l'album inclut les classiques Oh Happy Day, Down by the Riverside (en), The Battle Hymn of the Republic, He's Got the Whole World in His Hands (en), Lord Save me, Swing Low, Sweet Chariot, One more river et Go Down Moses[2].

À cette époque, le revival américain du blues a perdu de la vitesse. Des jeunes artistes rencontrent un succès énorme, mais les artistes originaux comme Big Mama Thornton se produisent sur des petites scènes et le style du blues a inspiré d'autres genres musicaux, le rendant moins attirant. En 1972, Thornton reçoit une invitation pour une nouvelle tournée de l'American Folk Blues Festival : elle accepte avec plaisir, n'ayant pas d'opportunités intéressantes aux États-Unis, et se produit dans plusieurs pays d'Europe du 2 au 27 mars 1972, commençant par l'Allemagne et finissant par un concert à Stockholm. La tournée rencontre un vif succès[2].

Fin de carrière et de vie

Dans les années 1970, l'alcoolisme a des effets néfastes sur la santé de Big Mama Thornton. Elle est impliquée dans un accident d'automobile grave, mais se remet suffisamment pour jouer au Newport Jazz Festival en 1973 avec Muddy Waters, B. B. King et Eddie Vinson. En 1975, elle publie ses derniers albums, Jail et Sassy Mama, chez Vanguard Records. D'autres chansons de cette session d'enregistrement sortent en 2000 dans l'album Big Mama Swings ; Jail est un recueil d'enregistrements en direct de ses concerts des années 1970 dans deux prisons américaines[2]. Elle fait également une grande tournée aux États-Unis et au Canada, s'arrêtant à Houston pour le Juneteenth Blues Fest où elle partage l'affiche avec John Lee Hooker[2].

En 1979, elle se produit au San Francisco Blues Festival, l'année suivante au Newport Jazz Festival. En 1980 aussi, elle joue au concert Blues is a woman avec Sippie Wallace, où elle joue un set sans préparation[22]. Elle fait également une petite tournée avec Aretha Franklin, puis participe à l'émission PBS Three Generations of the blues avec Sippie Wallace et Jeannie Cheatham[2].

À 57 ans, le 25 juillet 1984, elle est retrouvée morte dans une maison de santé de Los Angeles. Il est révélé qu'en raison de problèmes de cœur et de foie dus à l'alcool, elle est passée de 204 à 43 kilogrammes dans ses derniers mois de vie[4].

Discographie sélective

Année Titre Genre Label
2014 Rock-A-Bye Baby, The 1950-1961 Recordings Texas blues Hoodoo Records
2013 The Complete 1950-1961 Texas blues Le chant du monde
2002 Mighty Crazy (avec Linghting Hopkins) Texas blues Catfish
2000 The Complete Vanguard Recordings Texas blues Vanguard
1999 Hound Dog : The essential Collection Texas blues Universal
1989 Ball 'n' Chain Texas blues Arhoolie
1986 Quit Snoopin' 'Round My Door Texas blues Ace
1982 Live in Newport (avec B.B. King et Muddy Waters) Texas blues Intermedia
Live and Together (avec Clifton Chenier) Louisiana blues, Cajun Crazy Cajun
1978 Mama's Pride Texas blues Vanguard
1977 Collector's Classics - Sassy Mama (Live) Texas blues Just a memory
1975 Sassy Mama! Texas blues Vanguard
1975 Jail (Live) Rock, Blues Vanguard
1971 Saved Texas blues Pentagram
1970 The Way It Is (Live) Texas blues Mercury
1969 Stronger Than Dirt Funk, Soul, Blues Mercury
1968 She's Back Texas blues Blackbeat
1968 Ball 'n' Chain w/Lightnin' Hopkins Texas blues Arhoolie
John Hammond's Spirituals to Swing - 30th

Anniversary Concert (1967) (album collectif)

Columbia
1966 Big Mama Thornton with the Muddy Waters Blues Band Texas blues Arhoolie
1965 Big Mama Thornton in Europe Texas blues Arhoolie

Notes et références

  1. Maureen Mahon, « Mama's Voice » [archive du ], sur Rock & Roll Hall of Fame (consulté le )
  2. a b c d e f et g Michael Spörke, « Big Mama Thornton: The Life and Music », Mcfarlandbooks.com (consulté le )
  3. Robert Fay, Africana: The Encyclopedia of the African and African American Experience, Basic Civitas Books, , 1st éd. (ISBN 978-0-465-00071-5, lire en ligne Inscription nécessaire), 1845
  4. a b c d et e Gillian Gaar, She's a Rebel: The History of Women in Rock & Roll, Seattle, Seal Press, (ISBN 978-1580050784, lire en ligne Inscription nécessaire), 4
  5. Barbara O'Dair, Trouble Girls: The Rolling Stone Book of Women in Rock, New York, Random House, (ISBN 9780679768746, lire en ligne Inscription nécessaire)
  6. a et b (en) John Gilliland, « Show 7 - The All American Boy: Enter Elvis and the rock-a-billies. [Part 1] », sur UNT Digital Library, unknown (consulté le )
  7. Hound Dog: The Leiber and Stoller Autobiography. pp. 61–65.
  8. Rooks, Rikky (2006). Lyrics: Writing Better Words for Your Songs. Backbeat Books. p. 171; (ISBN 0-87930-885-0)
  9. Bronson, Fred. The Billboard Book of Number 1 Hits. Billboard Books; (ISBN 0-8230-7677-6)
  10. a b et c March 2019. "Smithsonian", of. 42.
  11. Santelli, Robert. The Big Book of Blues. p. 464.
  12. « Big Mama Thornton Plays Rare Club Date; The Women 'Just Sang' A Hit in 'Hound Dog' », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  13. Tony Russell, The Blues: From Robert Johnson to Robert Cray, Dubai, Carlton Books, (ISBN 978-1-85868-255-6), p. 177
  14. a b c d e et f Maureen Mahon, « Listening for Willie Mae 'Big Mama' Thornton's Voice: The Sound of Race and Gender Transgressions in Rock and Roll », Women and Music: A Journal of Gender and Culture, vol. 15,‎ , p. 1–17 (DOI 10.1353/wam.2011.0005, S2CID 191365511, lire en ligne)
  15. « American Folk Blues Festival 1962–1965, Vol. 2 | Free Trailers, Plot Synopsis, Photos, Cast and Crew | MTV Movies », Mtv.com, (consulté le )
  16. David Dicaire, Blues Singers: Biographies of 50 Legendary Artists of the Early 20th Century, North Carolina, McFarland & Company, (ISBN 978-0786406067, lire en ligne Inscription nécessaire), 212
  17. a et b Spörke 2014, p. 155.
  18. (en) « In Europe review » (fiche album), sur AllMusic
  19. Myra Friedman, Buried Alive: The Biography of Janis Joplin, Crown Publishing Group, (ISBN 978-0307790521), p. 334
  20. Modèle:Gilliland
  21. Michael Spörke, Big Mama Thornton: The Life and Music, McFarland Inc., (ISBN 978-0-7864-7759-3), p. 70
  22. Maria Johnson, « You Just Can't Keep a Good Woman Down: Alice Walker Sings the Blues », African American Review, vol. 30, no 2,‎ , p. 221–236 (DOI 10.2307/3042356, JSTOR 3042356)

Liens externes