Son projet de fin d'études est constitué des trois premiers chapitres de son premier roman graphique, Hubert publié par Oogachtend en 2014[2]. Hubert est un homme d'âge moyen introverti qui a du mal à s'installer dans sa ville natale de Bruxelles[2]. Ses contacts sociaux limités sont maladroits et douloureux. La lumière dans sa vie est sa visite hebdomadaire au Musée d'Art, où il se plonge dans la beauté de la figure féminine. L'utilisation faite par l'auteur de panneaux répétitifs révèle le rythme monotone de la vie d'Hubert[2]. Dans ce premier ouvrage, l'auteur révèle son grand sens des complexités du comportement humain, qu'il dépeint avec un soin méticuleux[2]. Selon Thierry Bellefroid : « Dans un style inimitable qui emprunte aussi bien au peintre Fernand Khnopff qu’à l’auteur de BD américain Chris Ware (Jimmy Corrigan), Gijsemans nous propose un livre extrêmement troublant, traversé par une réflexion constante sur le temps. L’utilisation de la page comme unité temporelle a rarement été poussée si loin[3]. ». Cet ouvrage est bien reçu tant en Belgique qu'à l'étranger[4] et il lui vaut d'être récipiendaire du prix Silvester des débutants doté d'un montant de 1 000 euros[5] est traduit en français sous le même titre et publié aux éditions Dargaud[6],[7],[8],[9] en 2016. Hubert est également traduit en allemand et en anglais. L'ouvrage fait l'objet d'une exposition au Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles en 2016[10].
Aaron
Il lui faut six ans pour terminer son roman graphique suivant, Aaron publié par Oogachtend en 2020[2]. Il est traduit en français l'année suivante chez le même éditeur[11]. Aaron est un étudiant de vingt ans, qui passe l'été chez lui pour préparer ses examens de rattrapage. Mais au lieu d’étudier, il lutte contre des désirs sexuels précaires. Il illustre la peur d'Aaron face à ses sentiments pédophiles avec beaucoup de subtilité et de nuances[2]. Utilisant très peu de dialogues et une disposition stricte de douze cases par page, l'auteur propose une étude de personnage presque claustrophobe, qui laisse beaucoup à la propre interprétation du lecteur[2]. Le refuge du personnage dans les bandes dessinées, pastiches légers des bandes dessinées américaines classiques de super-héros, offre un charmant contrepoids au sujet par ailleurs lourd. Malgré son thème controversé, Aaron est largement salué pour ses qualités littéraires[2]. L'auteur affirme lors d'interviews que son livre ne parle pas de pédophilie, mais d'une personne coincée entre ses propres luttes intérieures et la perception des autres[2].
Les Fidèles
Il sort son troisième roman graphique De kerkgangers[12] publié par Oogachtend en 2022 et traduit en français sous le titre Les Fidèles, publié par Dargaud Benelux en 2023[13],[14],[15]. Dans cet ouvrage, il met en scène Harold âgé de 14 ans et son petit frère Carl pendant l'été 1994 qui passent des vacances monotones marquées par des devoirs religieux imposés à savoir prière à chaque repas et messe dominicale. Peter, un de leurs amis, va les sortir de cet ennui avec la découverte d'une image pornographique[13].
Autres activités
Outre ses romans graphiques, il travaille comme animateur et illustrateur indépendant[2]. Durant ses études à Gand, il réalise le court métrage d'animation burlesque Coppers en 2012, composé de plans de 18 films différents de Buster Keaton[2]. En 2015, il est aussi animateur sur le court métrage Deadly Drive-in Disaster[16]. Ses œuvres sont également publiées dans le journal De Standaard et sur des disqueslong-playing comme Voluntary Blindness de Isle of Men en 2015[2].
↑ ab et cDamien Boone, « Les Fidèles - Par Ben Gijsemans - Dargaud », ActuaBD, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bBenoît Gaboriaud, « Les Fidèles, le nouveau roman graphique osé, autant sur le fond que la forme, de Ben Gijsemans », L'EssentiArt, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bJ. Milette, « Les chroniques BD Gest' Les Fidèles », BD Gest', (lire en ligne).
↑Pieter De Poortere (interviewé par Alexis Seny), « Pieter de Poortere et Dickie, porte-paroles de la nouvelle BD flamande : « Aucun auteur de l’expo n’a envie de produire 48 planches en six mois comme nos prédécesseurs » », Branchés Culture, (lire en ligne, consulté le ).
(nl) Ben Gijsemans (interviewé par Michaël Bellon), « Ben Gijsemans verbluft met zijn tweede graphic novel ‘Aaron’ », Bruzz, (lire en ligne, consulté le ).
Olivier Van Vaerenbergh, « [la bd de la semaine] Aaron, de Ben Gijsemans : malaise flamand », Focus Vif, (lire en ligne, consulté le ).
Olivier Van Vaerenbergh, « Ben Gijsemans », Focus Vif, (lire en ligne, consulté le ).