Étienne III négocie avec Jean Ier Albert, le rassure et obtient le retrait des troupes polono-lituaniennes vers Lwów, mais le souverain polonais ne lui fait pas confiance et marche sur Siret. Étienne le suit et surprend Jean le , à Cernăuți sur le Prut où les Moldaves dispersent l’armée polonaise, taillée en pièces à Sipinţi[2].
Déroulement
Fin 1497, Jean Ier Albert rassembla à nouveau 80 000 hommes et attaqua la Moldavie par Hotin (aujourd’hui Khotyn en Ukraine) sans prendre la forteresse moldave, ce qui s’avéra une erreur fatale, mais se dirigea directement vers la capitale Suceava. Étienne III pratiquant la politique de la terre brûlée, l’ost polonaise ne put s’approvisionner et Jean fut obligé de lever le siège le .
Étienne III permit aux polonais de se retirer en sécurité, à condition de rentrer en Pologne par la route qu’ils avaient suivie pour venir. Jean accepta officiellement, mais prit une route différente, pensant que respecter l’accord entraînerait la mort pour son armée affamée. Le , Étienne lui tendit une embuscade dans la forêt de Cosmin(ro). Incapables de déployer leur cavalerie lourde en terrain forestier et confiné, les Polonais s’enfuirent après une bataille de 3 jours. Ce n’est qu’une fois parvenue en terrain découvert que l’armée polonaise trouva des approvisionnements, reprit un peu d’ordre et finit par regagner la Pologne.
Conséquences
Le , Étienne dépasse ses frontières et entre en Podolie où il incendie plusieurs forteresses polonaises et d’où il emmène des milliers de familles orthodoxes, en butte à la domination de l’aristocratie catholique polonaise, pour les installer en Moldavie septentrionale dans les territoires qui formeront, à partir de 1940, l’oblast de Tchernivtsi : c’est le début de la présence ukrainienne dans cette région. Étienne III signe un traité de paix avec la Pologne le : c’est la fin de la vassalité et de l’alliance polonaise pour la Moldavie qui entre dès lors dans la sphère d’influence ottomane, sans cependant devenir une province de cet empire[3].
Bibliographie
Jonathan Eagles, Étienne le Grand et le nationalisme balkanique : histoire de la Moldavie et de l'Europe de l'Est, IB Tauris, 2014, p. 58
Tadeusz Grabarczyk, « La bataille de la forêt de Cosmin », in L'Encyclopédie de la guerre médiévale et la technologie militaire, vol. 1, éd. Clifford J. Rogers, Oxford University Press, 2010, p. 434.
↑Ilie Minea, (ro) Informațiile românești ale cronicii lui Jan Długosz (« Informations roumaines des chroniques de Jan Długosz »), editura „Viața Românească”, Iași 1926, p. 43.