Il y a plusieurs hypothèses se rejoignant quant à l'origine et la signification de "Bastogne"[4]. Le nom du lieu est notamment pour la première fois mentionné dès 634 en tant que Bastoneco ou Bastonego. En 887 mentionné comme Bastonica. La signification serait: lieu aux (suffixe -acum) arbres (venant du bas latin bastos, bastonis qui donna en francique baston « bâton »), donc une « futaie » ou lieu aux bardeaux (germ. bast « écorce », cf franç. « bâtir »).
Antiquité
Bastogne est située sur la ligne de crête qui sépare les bassins versants du Rhin et de la Meuse. Cette ligne constitue une des voies utilisées dès la préhistoire par les populations non encore sédentarisées et reprise plus tard par les Romains. Elle est en effet situé à un endroit stratégique à la croisée de trois chaussées antiques : Reims - Cologne (qui suit la ligne de crête autour de la ville), Metz (Arlon) Tongres et Bavay - Trèves (qui se croisaient en fait entre Bastogne et Senonchamps, à l'ouest de la ville).
On retrouve aux alentours de Bastogne des traces qui remontent aux époques celte (territoire des Trévires) et romaine (territoire de Gaule Belgique). Mais ce n'est qu'en l'an 634 (période Franque) qu'un premier document écrit est attesté (jusqu'à présent). Ce document parle d'un don fait par le diacre Grimon, diacre austrasien de Verdun en Argonne, à l'abbaye Saint-Maximin de Trèves, qui le transmit à l'Abbaye de Prüm[4].
Une maison forte est également érigée durant cette période "hors les murs", au nord de ce qui deviendront les remparts quelques siècles plus tard. Cernée de 6 tours et entourée d'un fossé (probablement sec), elle est la demeure et la résidence de fonction des maires héréditaires et on y a frappé monnaie.
Au XXe siècle, le bâtiment sert encore de lieu de divertissement pour les mouvements de jeunesse mais sa vétusté et l'offensive des Ardennes ont raison de lui. L'emplacement est depuis occupé par l'ICET - Institut Communal d'Enseignement Technique.
La ville accueille plusieurs communautés religieuses :
les Trinitaires (qui fondèrent initialement un hôpital et une école, avant d'être victime des réformes « éclairées » de Joseph II à la fin du XIIXe siècle). L'essentiel de leur monastère a été récemment déconstruit et l'ancien cloitre forme une placette à hauteur du numéro 167 de la rue du sablon ;
les Récollets (Franciscains), avec leur maison de bienfaisance, qui devront s'effacer suite à la révolution française. Les bâtiments du couvent, constituant l'ilot situé entre les numéros 16 et 26, rue de Chanteraine, seront presque entièrement détruits dans l'entre-deux-guerres ;
Comme Ciney de l'autre côté du massif ardennais, la ville est réputée pour ses foires aux grains et aux bestiaux ou affluent des marchands des régions environnantes durant tout le moyen-âge. Mais ce n'est en fait qu'en 1332 que le comte de Luxembourg promeut Bastogne au statut de ville; pour peu que celle-ci se dota de remparts; La muraille de 6 à 7m de haut et 2m d'épaisseur, comportant deux portes (dont étonnamment aucune ne livre un accès direct vers la maison forte), environ 15 tours sera démantelée par Louis XIV en 1668. Il en subsiste aujourd'hui la porte basse, dite porte de Trèves, quelques fondations visibles notamment rue de la porte haute, ainsi que le tracés des rues qui suivaient ces remparts, notamment celle qui en porte le nom (rue des remparts) et les rues Delperdange, des jardins, du vieux Moulin, de Beaumont et Lamborelle.
A noter qu'avant 1332, la paveye (la rue principale) séparait deux entités dépendant de juridictions distinctes : au nord, les beaux quartiers du Sablon relevaient du chapitre impérial d'Aix-la-Chapelle (et donc du Saint Empire Germanique) alors qu'au sud s'étendaient le populaire quartier du vivier, autour de la rivière Wiltz, dépendait du Comté d'Ardenne méridionale, dit "de Bastogne", héritier de la Seigneurie de Chantraine. De cette spécificité reste la double dénomination de la rue selon le côté concerné.
L'autoritarisme du souverain batave conduit à une large coalition favorable à sa destitution voire à une indépendance. Les élites grand-ducales suivent ce mouvement et participent aux événements menant à l'indépendance de la Belgique en 1830 que Guillaume d'Orange finit par accepter à condition de conserver son pouvoir sur la ville de Luxembourg et les cantons germanophones ( à l'exception de ceux - situés au delà de la Moselle - réclamés par la Prusse), ce qu'il obtient au prix donc d'une scission entre province belge et grand-duché sur base de la langue parlée par la population des différents cantons. Une exception est cependant faite pour Arlon, Messancy, Aubange et une partie de Martelange, rattachées à la Belgique malgré qu'elles soient majoritairement germanophones - car les négociateurs français souhaitent qu'aucun tronçon de la route Liège - Thionville ne soit contrôlé par le roi des Pays-Bas. Bastogne devient donc enfin Belge en 1839, par la ratification du traité des XXIV articles.
Le siège de Bastogne durant la bataille des Ardennes peut être résumé comme suit.
Le , alors que la ville est encerclée depuis plusieurs jours, le général McAuliffe, commandant de la 101e division aéroportée américaine, est réveillé en sursaut quand on lui annonce qu'il est invité à se rendre aux Allemands. Sa réponse abrupte « Nuts » (littéralement : « des noix ») à cet ultimatum décide du siège de Bastogne.
Le 23, le ciel s'est dégagé, permettant à l'aviation de ravitailler les troupes. Néanmoins, le 25, l'avance allemande atteint sa pointe maximum. Les Alliés vont mettre tout en œuvre pour reprendre le dessus. La 3e armée, sous les ordres du général Patton, contre-attaque sur le flanc sud-est et pénètre dans Bastogne le 26. L'aviation alliée parvient à empêcher le ravitaillement en carburant des blindés allemands. Début janvier, c'est l'arrivée au nord de la 1re armée.
Enfin, le , le saillant de l'armée allemande en Ardenne est résorbé, alors qu'il s'était étendu jusqu'à quelques kilomètres de la Meuse.
Le mémorial du Mardasson, situé rue de Clervaux, commémore ces événements, et le Bastogne War Museum, installé sur le même site, est un musée dans lequel on peut trouver l'une des plus importantes collections en rapport avec la Seconde Guerre mondiale.
Sur la place McAuliffe, la place principale de la ville, on peut voir un buste du général McAuliffe, un char Sherman, ainsi que l'antépénultième borne de la « voie de la Liberté ».
Politique et administration
Fusion avec Bertogne
Le , les bourgmestres de Bastogne (Benoit Lutgen) et de Bertogne (Christian Glaude) annoncent par surprise la fusion des deux communes lors d'une conférence de presse[6]. La principale raison est financière : la région wallonne ayant voté un décret organisant la fusion de communes sur base volontaire, offrant une reprise de dettes des entités avec un montant de 500 euros maximum par habitant avec un plafond de 20 millions d'euros par entité fusionnée[7]. Le tout à condition que le dossier soit rentré avant le . L'accord de principe fut adopté le [8] et la décision finale fut votée au conseil communal de Bastogne le , sans attendre la consultation populaire demandée par l'opposition de Bertogne, qui s'étonne de la fusion si rapide d'une ville de 16 000 habitants avec une commune rurale de 3 500 habitants[9]. La population de Bertogne ayant, en effet, signé une pétition de 1 623 signatures, ce qui représente plus la moitié des habitants majeurs de la commune, réclamant une consultation populaire à ce sujet[10]. Entre-temps, le , le bourgmestre de Bertogne, Christian Glaude, annonça sa démission[11]. Le poste fut repris par Jean-Marc Franco, favorable au projet.
La fusion aura lieu le [12]. Elle créera la plus grande commune de Belgique avec une superficie de 263,7 km2, détrônant Tournai et ses 213,8 km2. En ce qui concerne la population, la nouvelle entité devrait approcher les 19 500 habitants, devenant la deuxième commune la plus peuplée de la province de Luxembourg, derrière Arlon (30 000 habitants) et dépassant alors Aubange (17 000 habitants) et Marche-en-Famenne (17 500 habitants).
Blasonnement :Parti de gueules et d’azur, et brochant sur la partition, la Sainte Vierge avec l’enfant Jésus de carnation, vêtus d’or et ceints d’une couronne à trois fleurons du même, la Vierge tenant de sa dextre un sceptre fleurdelisé aussi d’or.
Source du blasonnement :Lieve Viaene-Awouters et Ernest Warlop, Armoiries communales en Belgique, Communes wallonnes, bruxelloises et germanophones, t. 1 : Communes wallonnes A-L, Bruxelles, Dexia, .
Démographie
Évolution démographique avant la fusion de 1977
Source: DGS, 1831 à 1970=recensements population, 1976= habitants au 31 décembre
Évolution démographique de la commune fusionnée
En tenant compte des anciennes communes entraînées dans la fusion de communes de 1977, on peut dresser l'évolution suivante:
Les chiffres des années 1831 à 1970 tiennent compte des chiffres des anciennes communes fusionnées.
Source: DGS , de 1831 à 1981=recensements population; à partir de 1990 = nombre d'habitants chaque 1 janvier[13]
Le Petit Séminaire, faisant aujourd'hui partie de l'INDSé (Institut Notre-Dame Séminaire de Bastogne). Fondé en 1807 par Monseigneur Jauffret, l'évêque de Metz ;
La Grand Rue, qui a ceci de particulier que l'un et l'autre côté de la même rue portent un nom différent : rue du Sablon et rue du Vivier (si l'on se trouve Place McAuliffe et que l'on regarde la Grand Rue en direction de l'église Saint-Pierre, la « rue » du Sablon est à gauche et la « rue » du Vivier à droite) ;
Le monument aux morts de la Première Guerre mondiale, inauguré dans les années 1920, et qui se trouve aujourd'hui, du moins une partie du monument original – le bas-relief – contre le flanc de l'église Saint-Pierre ;
Le monument dit « L'Ardennaise », conçu par le sculpteur V. Demanet et l'architecte J. Theys, et commémorant les deux guerres mondiales ; il est constitué d'une stèle portant l'inscription « Passant, Souviens-toi que des Bastognards… » suivie des noms de victimes de guerre, et d'une statue représentant une vieille Ardennaise endeuillée ; ce monument sera déplacé depuis son érection et se trouve aujourd'hui au carrefour de le rue Pierre Thomas et de la rue Gustave Delperdange, près des musées d'histoire ;
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La foire aux noix a lieu chaque année en décembre. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle n'a rien à voir avec la fameuse réponse nuts (« noix » en français) du général Anthony McAuliffe pendant le siège de Bastogne. C'est une tradition bien plus ancienne qui remonte à plus de cent-cinquante ans. À l'époque, la foire aux noix était une foire où se louaient les domestiques. La tradition voulait que ces derniers, une fois réengagés, nouent autour de leur cou un mouchoir rouge à pois blancs pour montrer qu'ils n'étaient plus à louer et, à cette occasion, ils offraient des noix aux jeunes filles. Le hasard a voulu que le fameux nuts du général McAuliffe tombe le , à l'époque où traditionnellement Bastogne fêtait la foire aux noix. Après la guerre, le folklore et l'histoire militaire ont trouvé leur place dans cette manifestation où, aujourd'hui, les représentants de la ville lancent des noix aux habitants depuis le balcon de l'hôtel de ville.
La ville est également un nœud du réseau des bus des TEC, notamment avec une liaison express vers Namur en 1h22, parcourant la N4, ainsi qu'une liaison rapide historique, la ligne de bus 1011 (Athus-Arlon-Bastogne-Houffalize- Liège).
Sécurité et secours
La ville fait partie de la zone de police Centre Ardenne pour les services de police, ainsi que de la zone de secours Luxembourg pour les services de pompiers. Elle abrite d'ailleurs l'école provinciale de formation des sapeurs-pompiers. Elle disposera de nouveaux locaux adaptés dans la nouvelle caserne des pompiers de Bastogne qui a ouvert en 2017.
Un pacte d'amitié a été conclu avec la commune de Tulette en France le . Bastogne est jumelée à Périers en Normandie.
Références à la ville
Littérature et Bande dessinée
La trame principale du roman de Claude Raucy intitulé Un air de tsigane se déroule en partie à Bastogne, aux environs de l'actuel RaVel.
La ville et ses environs durant la Bataille des Ardennes sont utilisés comme décor pour la série de bande dessinée Airborne 44 de Philippe Jarbinet parue chez Casterman en cours de parution depuis 2009[15].
Bastogne est le titre d'une bande dessinée de Pierre Lepage et Willy Vassaux parue aux éditions du Lombard en 1984[16].
Bastogne est le nom d'un duché présent dans l'univers médiéval-fantastique de la franchise Warhammer. Il fait partie du Royaume de Bretonnie, dont l'identité visuelle et culturelle mêle des stéréotypes liés à la chevalerie française du Moyen Âge ainsi qu'aux légendes arthuriennes anglaises.
Musique
Bastogne est citée dans la chanson du groupe Sabaton dans le titre Screaming Eagles qui retrace l'encerclement de la ville à l'hiver 1944.
Produit
Bastogne est le nom commercial d'un biscuit à la cannelle et au sucre candi (proche du Spéculoos) fabriqué à l'origine en Alsace et fabriqué aujourd'hui industriellement par LU depuis le rachat. Aucune explication claire n'existe pour expliquer ce choix de nom pour ce biscuit[17].
Bibliographie
Auguste Neÿen, Histoire de la ville de Bastogne, depuis son origine celtique jusqu'à nos jours, Arlon, Everling-Luxembourg, Buck, , 473 p.
Louis Lefèbvre, Bastogne, cité militaire du XVIIe siècle, Arlon, Fasbender, , 107 p.
Paul Fécherolle, Contribution à l'histoire de Bastogne : Bastogne dans le temps, s.l.n.d., , 147 p.
Louis Lefèbvre, Histoire de Bastogne, t. 1, Arlon, Institut archéologique du Luxembourg, , 405 p.
Laeticia Demoulin, L'église Saint-Pierre de Bastogne, Agence wallonne du patrimoine, coll. « Carnets du patrimoine » (no 159), , 60 p. (ISBN978-2-39038-030-6)
Galerie de photographies
L'ancienne gare de Bastogne Sud.
L'ancienne gare de Bastogne Nord en 2009, aujourd'hui un restaurant.
↑Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne), p. 61.
↑Jean Germain, Les Noms officiels des communes de Wallonie, de Bruxelles-Capitale et de la Communauté germanophone : Évolution et fixation orthographique des toponymes majeures de 1795 à nos jours avec indication de la prononciation française (API), de la forme régionale wallonne et du gentilé, Louvain-Paris, Peeters, coll. « Mémoires de la Commission royale de toponymie et de dialectologie. Section wallonne » (no 27), , 410 p. (ISBN978-9-042944-01-5), p. 52.
↑Michel Margue, « Pouvoirs et espaces comtaux. Le cas des comtés ardennais (Xe – XIIIe siècle) », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 89, no 2, , p. 507-532 (lire en ligne, consulté le ).