Fondé en 1904 par le compositeur et chef d'orchestre Auguste Bosc[1], il est construit sur l'emplacement de baraques de fortune près d'un cabaret de chansonniers, Les Tréteaux de Tabarin. Ce nom de Tabarin provient d'un comédien et bateleur de foire, Antoine Girard, surnommé Tabarin, actif à Paris au début du XVIIe siècle.
Dès l'ouverture, le succès est immédiat. Le « Tout Paris » s'y précipite pour danser au rythme de partitions agrémentées de bruits divers : trompe d'auto, coups de revolver, participer à des bals costumés ou à des batailles de fleurs, ou encore assister à des concours fantaisistes. En 1915, alors que le Moulin-Rouge est ravagé par un incendie, Auguste Bosc accueille son French cancan, participant à l'essor du Bal Tabarin[1].
En 1928, Auguste Bosc cède l'établissement à Pierre Sandrini, directeur artistique du Moulin-Rouge, et à son associé Pierre Dubout[1]. Ils transforment la salle de fond en comble, détruisent la décoration Art nouveau existante pour en créer une nouvelle avec les artistes les plus en vogues comme Gir et Erté. Ils installent une machinerie permettant de faire monter, depuis les sous-sols, les décors pour les revues à grand spectacle (music-hall)[1]. De cette année 1928, date l'affiche publicitaire Tabarin, œuvre de Paul Colin. L'âge d'or du bal Tabarin de 1929 à 1949.
Durant l'occupation allemande, de 1940 à 1944, l'établissement est très fréquenté par les officiers de la Wehrmacht. Le Pariser Zeitung leur indique que se joue au Bal Tabarin l’un des meilleurs spectacles érotiques de Paris[1]. La fille de Pierre Sandrini, Anne-Marie Sandrini, précise à ce propos : « Ils n’interdisaient pas aux officiers allemands de venir, bien sûr. Mais ils n’ont pas demandé de faveur spéciale, comme de pouvoir rester ouvert au-delà de 23 heures. Et mon père a caché des danseuses juives. À la Libération, des résistants FFI sont montés un jour à Tabarin pour l’invectiver. Il leur a parlé, cela n’est pas allé plus loin. Il n’y avait rien à lui reprocher. »[1].
En 1949, l'établissement est racheté par les frères Clerico, propriétaires du Moulin-Rouge et qui s'en désintéressent. Il est fermé en 1953, adjugé[4], et finalement démoli en 1966 pour être remplacé par un immeuble et un supermarché (aujourd'hui un magasin d'instruments de musique)[1]. Depuis 2023, une plaque commémorative rappelle l'existence du Bal Tabarin au 36, rue Victor-Massé, dans le 9e arrondissement de Paris[5].
Le Tabarin est également cité au chapitre IV de l'ouvrage Le Chemin de Buenos Aires d'Albert Londres, ainsi que dans le poème de Paul Éluard, Au Bal Tabarin, in Les Mains libres (1937).
↑ abcdefgh et iDenis Cosnard, « Paris veut réveiller le souvenir du mythique cabaret bal Tabarin », Le Monde, (lire en ligne)
↑Dominique Chathuant, « Français de couleur contre métèques : les députés coloniaux contre le préjugé racial (1919-1939) », Outre-mers, revue d’histoire, t. 98, nos 366-367, , p. 253
↑J'ai fait la serpentine pendant 6 mois au Tabarin.
↑La duchessa del Bal Tabarin, livret d'Arturo Franci et musique de Carlo Lombardo(it) (sous le nom de « Léon Bard »), première représentation : Teatro Fossati, Milan,
↑D'ailleurs des beaux yeux, Y'en a tant qu'on veut, Y vont par deux. Et v'là qu'dans les coins, On est aussi bien qu'au Tabarin.