Aratus ou Aratos de Soles, en grec ancienἌρατος ὁ Σολεύς (Áratos ho Soleús), est un poète grec du IIIe siècle av. J.-C. Sans être lui-même versé en astronomie, il a composé un long poème qui servira de référence en la matière. Né à Soles en Cilicie, vers 315 av. J.-C., contemporain de Théocrite, il mourut à Pella (Macédoine) vers 245 av. J.-C.
Des œuvres d'Aratos, seuls les Phénomènes, un poème de 1 154 vers en grec sur l'astronomie, est parvenu jusqu'à nous. La première partie expose pour l'essentiel les idées d’Eudoxe sur les positions respectives des constellations, à quoi l'auteur ajoute des considérations sur la catastérisation, transformation des êtres en astres ou constellations. La seconde partie du poème provient d'une autre source, Des Signes du temps de Théophraste, premier ouvrage de prévisions météorologiques en Europe, et traite des signes météorologiques (en grec anciendiosemeiaΔιοσημεῖα : « Prévisions ») — parmi lesquels sont inclus les comportements des animaux. Le poème d'Aratos est réputé pour son obscurité, car l'auteur, emporté par la virtuosité poétique, a négligé la clarté de l'expression dans l'explication de la cosmologie.
Postérité
Devenu rapidement célèbre, ce poème aurait été le plus lu dans l'Antiquité, après l’Iliade et l’Odyssée, selon l’Oxford Classical Dictionary[2].
Les noms d'étoiles utilisés viennent pour la plupart du poème d'Aratos : Ptolémée les conserva dans son Almageste et la tradition arabe les a transmis. Le manuscrit des Aratea de Leyde[6], un codex enluminé carolingien contenant la traduction latine de Germanicus des « Phénomènes », composé vers 825 en Lotharingie, est aujourd'hui l'un des plus vieux manuscrits de cette œuvre.
L'apôtre saint Paul reprend une citation d'Aratos, comme lui originaire de Cilicie. D'après l'auteur du livre des Actes des Apôtres, Paul cite le poète Aratos dans son discours aux Athéniens : C'est ce qu'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : 'Car nous sommes aussi de sa [Dieu] race (Ac. 17:27-28). C'est une des cinq citations d'auteurs païens dans le Nouveau Testament.
Ronsard, dans Chansons épicuriennes, cite les Phénomènes d'Arate : "j'ai l'esprit tout ennuyé d'avoir trop étudié les Phénomènes d'Arate ...".
La tombe d'Aratos de Soles aurait été découverte en 2020 dans la ville de Mezitli (l'ancienne Pompeiopolis)[7].
↑Pierre-Jacques Dehon, « Aratos et ses traducteurs latins : de la simple transposition à l'adaptation inventive », Revue belge de philologie et d'histoire, Antiquité, t. 81 fasc. 1, 2003, p. 93-115lire en ligne
↑Achille Tatius, Introductio in Aratum, édi. par Ernst Maas, Commentarium in Aratum reliquiae, Berlin, 1898.
Phénomènes (vers 275 av. J.-C.), édi. et trad. par Jean Martin, 2 vol., éd. Les Belles Lettres, Paris, CLXXXVII-146 p. et 626 p., 1998.
Théon d'Alexandrie, Scholia in Aratum vetera (fin IVe s.), édi. par Jean Martin, K.G. Saur Verlag, Stuttgart, 1974.
Aratus : Phænomena (1997), édi. par Douglas Kidd, Cambridge University Press
Callimachus, Lycophron, Aratus, textum græcum cum translatione anglice (1921), éd. par A. W. Mair, Loeb Classical Library, Vol. 129.
Les Phénomènes d’Aratus de Soles et de Germanicus César, avec les Scholies de Théon, les Catastérismes d’Ératosthène, et la sphère de Léontius, édi. par l’Abbé Halma, Paris 1821. Texte numérisé, mis en ligne: remacle.org
Les poèmes astronomiques d'Aratus, éd. par Auguste Couat, Bordeaux, H. Duthu, 1881.
Adaptations latines des Phénomènes
Cicéron, Aratea. Fragments poétiques, édi. et trad. J. Soubiran, Les Belles Lettres, 1972.
Germanicus, Les Phénomènes d'Aratos (vers 19), édi. et trad. André Le Bœuffle, Les Belles Lettres, 1975.
Avienus, Les phénomènes d'Aratos (IVe s.), édi. et trad. J. Soubiran, Les Belles Lettres, 1981.
Nicolas Halma, Commentaire de Théon d'Alexandrie sur le premier livre de la 'Composition mathématique' de Ptolémée, et les 'Phénomènes' d’Aratus de Soles et de Germanicus César, avec les 'Scholies' de Théon, les 'Catastérismes' d'Ératosthène, et la Sphère de Leontius, Paris, Merlin, 1821, 2 vol., in-4°.
Pierre-Jacques Dehon, « Aratos et ses traducteurs latins : de la simple transposition à l'adaptation inventive », Revue belge de philologie et d'histoire , 81 (2003), p. 93-115 (en ligne).