5 CARBONATES (NITRATES) 5.A Carbonates without additional anions, without H2O 5.AB Alkali-earth (and other M2+) carbonates 5.AB.15 Cerussite PbCO3 Space Group Pmcn Point Group 2/m 2/m 2/m 5.AB.15 Aragonite CaCO3 Space Group Pmcn Point Group 2/m 2/m 2/m 5.AB.15 Strontianite SrCO3 Space Group Pmcn Point Group 2/m 2/m 2/m 5.AB.15 Witherite BaCO3 Space Group Pmcn Point Group 2/m 2/m 2/m
L'aragonite est le polymorphe stable à haute température et haute pression du carbonate de calcium, de formule CaCO3 ; le polymorphe stable en conditions ambiantes est la calcite. L'aragonite est néanmoins métastable en conditions ambiantes (il se transforme en calcite en plusieurs dizaines voire centaines de millions d’années).
Elle donne des cristaux en prismes allongés, très souvent maclés parallèlement à (110) formant alors des macles simples à deux cristaux ou des lamelles traversant le cristal, simulant un prisme hexagonal, ou des groupes de trois cristaux simulant un prisme hexagonal (macle mimétique). Aussi en masses fibreuses, oolithiques, columnaires, coralloïdes. Clivage (010) plus ou moins distinct. L'aragonite est souvent transparente à translucide.
Synonymie
arragonite : orthographe initiale donnée par Werner[7] et reprise par Haüy[8] ;
chimborazite (Clarke, 1821)[9] : l'étymologie dérive du topotype, le volcan Chimborazo en Équateur ;
Aragonite coralloïde : variété d'habitus essentiellement d'origine karstique qui rappelle les coraux. Elle est présente dans de très nombreuses grottes dans le monde.
Mossottite (Luca 1858) : variété strontifère d'aragonite[16] de formule idéale (Ca, Sr)CO3 connue dans une seule occurrence à Kraubath, Leoben, Styrie, Autriche.
Synonymie :
strontioaragonite.
Nicholsonite (Butler, 1913)[17] : variété zincifère d'aragonite, de formule idéale (Ca, Zn)CO3 connue surtout à Tsmeb Namibie.
tarnovicite, tarnowizite, tarnowitzite (variantes orthographiques pour la tarnovizite : dérive du topotype de cette variété, la localité de Tarnowitz (Haute-Silésie, Pologne)) ;
L’aragonite apparaît comme minéral primaire dans les roches métamorphiques de haute pression, mais la plupart des carbonates orthorhombiques apparaissent sous forme de minéraux de remplacement dans les roches sédimentaires, volcaniques et métamorphiques et de gisements, formés à basse température et pression de solutions aqueuses. On la retrouve aussi dans les stalactites.
Mine de Zelidja, Touissit, district de Touissit, préfecture d'Oujda-Angad pour la Tarnovizite.
Namibie
Mine de Tsumeb (Tsumcorp Mine), Tsumeb, région d’Otjikoto (Oshikoto). Pour la variété Tarnovizite[23].
Biologie
À basse température l'aragonite est légèrement moins stable que la calcite, et hors des organismes vivants elle ne se forme généralement pas. Elle est par contre fréquemment biosynthétisée, constituant notamment la nacre et les perles des huîtres, la coquille des moules et d'autres coquillages, ainsi qu'une partie du squelette de la plupart des coraux durs et donc des récifs coralliens.
Environ la moitié des coquilles de mollusque est formée d'aragonite (l'autre moitié étant constituée de calcite), certaines coquilles comprenant les deux formes comme celles des ormeaux (des gastéropodes). La coquille du lambi, un autre gastéropode, est formée exclusivement de microcristaux d'aragonite sur une matrice protéique[24]. L'« os » des seiches (des céphalopodes) est également composé principalement d'aragonite. Les chitons (polyplacophores) possèdent des yeux dont la lentille est constituée de cristaux d'aragonite.
Pour expliquer la biominéralisation de l'aragonite on invoque généralement la présence de protéines et d'autres molécules organiques qui modifieraient les processus de nucléation. En fait l'aragonite nuclée spontanément, sans aucun additif, dans les pores de diamètre inférieur au micron (indépendamment de leur longueur), dans des proportions qui ne dépendent que de ce diamètre[25],[26].
L'aragonite devient soluble dans l'océan au-delà d'une certaine acidité de l'eau (légèrement variable selon la température), c'est pourquoi elle est considérée comme un des traceurs et indicateurs de l'acidification des océans induite par les émissions anthropiques de CO2 notamment. Elle est à ce titre choisie comme variable de contrôle de l'acidification des océans par les auteurs du concept des limites planétaires en 2009[27].
Selon les espèces, la coquille ou l’exosquelette de nombreux organismes marins est fait d'aragonite ou de calcite ou d'une superposition ou mélange de ces deux formes cristallines.
Plus l'eau est acide, plus il y aura compétition entre la construction biochimique du calcaire et sa dissolution chimique dans l’eau de mer ambiante. Dans une eau trop acide, des coquilles déjà formées peuvent se déliter en tuant les animaux qu'elles protégeaient[28].
Selon les scénarios prospectifs retenus en 2013 et ayant fait consensus lors du 3e symposium de 2012 sur l'acidification des océans, la situation est déjà critique localement pour quelques espèces vulnérables, mais elle le sera dans une grande partie des océans en 2100[29].
↑Kenneth W. Bladh, Richard A. Bideaux, Elizabeth Anthony-Morton, Barbara G. Nichols, The Handbook of Mineralogy, volume IV, Mineralogical Society of America, 2000
↑ ab et c(es) Miguel Calvo Rebollar, Minerales y Minas de España. Vol. V. Carbonatos y Nitratos. Boratos., Madrid, Escuela Técnica Superior de Ingenieros de Minas de Madrid. Fundación Gómez Pardo, , 711 p. (ISBN978-84-95063-98-4), p. 314-398
↑Franz Joseph Anton Estner, Versuch einer Mineralogie für Anfänger und Liebhaber, etc., vol. 2, tome 2, Vienne, 1797, p. 1048
↑ a et bRené Just Haüy, Traité de minéralogie, vol. 2, Paris, 1801, première édition en 4 volumes avec atlas (1re distinction de la calcite)
↑Edward Daniel Clarke, "On the Chemical Examination, Characters, and Natural History, of Arragonite, explaining also the Causes of the different Specific Gravity of its different Sub-Varieties", art. x in The Annals of Philosophy, vol. 2, nouvelle série, no. 1, juillet 1821, p. 57–62 : "The specific gravity also of this mineral from Chimboraço is 2.7. As it differs from all the other sub-varieties of the hard carbonate of lime in the change of colour which it sustains by the action of heat, we may venture to give it a name, founded on its locality, and call it Chimboraçite, although, perhaps, it may be some time before any additional specimens of it can be procured."
↑Agnes Kelly, "Conchite, a New Form of Calcium Carbonate", in The Mineralogical Magazine and Journal of the Mineralogical Society, volume XII, 1900, p. 363–370
↑Alfred Lacroix, « Sur la ktypéite, nouvelle forme de carbonate de calcium, différente de la calcite et de l’aragonite », in Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 126, 1898, p. 602–605
↑Dictionnaire des sciences naturelles, volume 8, 1840, p. 261
↑Jens Esmark, « Extrait d’Un voyage minéralogique en Hongrie, Transylvanie, et dans le Bannat, par M. Jens Esmark, publié à Freyberg, en l’an VI » in Journal des mines, N° XLVII, Thermidor, quatrième trimestre, Imprimerie de la République, Paris, an VI (1798), p. 805–830 : De là [Poratsch, aujourd’hui Poráč, en Slovaquie] l’auteur se rend à Iglo ou Neudorf [Spišská Nová Ves en Slovaquie] […] Dans la vallée d’Iglo, l’auteur a trouvé un fossile qui lui paraît ne pouvoir être rapporté ni au spath calcaire, ni à la zéolithe, ni même à la tremolithe […] L’auteur voudrait qu’on lui donnât le nom d’Iglite.
↑Alfred Louis Olivier Legrand Des Cloizeaux, Manuel de minéralogie, 1874, p. 97
↑Johann Gottschalk Wallerius, Systema mineralogicum, vol. 2, Vienne, 1778, p. 388
↑Sebastiano de Luca, « Ricerche chimiche sull’arragonite di gerfalco (mossottite) », in Il Nuovo Cimento, no. 7, Pise, 1858, p. 453
↑Gurdon Montague Butler, "Some Recent Developments at Leadville. The Oxidized Zinc Ores", in Economic Geology, vol. 8, 1913, p. 1–18, nommée en l’honneur de S. D. Nicholson de la Western Mining Company
↑Johann August Friedrich Breithaupt, Vollständige Handbuch der Mineralogie, vol. 2, 1841, p. 252
↑Collie, Journal of the Chemical Society, no. 55, London, 1889, p. 95
↑Didier Descouens, « Les Minéraux de Salsigne (Aude) », in Monde et minéraux, no. 72, 1986, p. 20-22
↑G. Favreau, N. Meisser, P. J. Chiappero, « Saint-Maime (Alpes-de-Haute-Provence) : un exemple de pyrométamorphisme en région provençale », in Le Cahier des micromonteurs, no. 85, 2004, p. 59-92
↑(en) Charles Palache, Harry Berman et Clifford Frondel, The System of Mineralogy of James Dwight Dana and Edward Salisbury Dana, Yale University 1837–1892, vol. II : Halides, Nitrates, Borates, Carbonates, Sulfates, Phosphates, Arsenates, Tungstates, Molybdates, etc., New York (NY), John Wiley & Sons, , 7e éd., 1124 p., p. 190
↑R. Ballarini, A. Heuer, « Des secrets dans la coquille », in Pour la Science, octobre 2008, p. 86-92
↑(en) Muling Zeng, Yi-Yeoun Kim, Clara Anduix-Canto, Carlos Frontera, David Laundy et al., « Confinement generates single-crystal aragonite rods at room temperature », PNAS, (DOI10.1073/pnas.1718926115).
↑Aurélien Boutaud et Natacha Gondran, Les Limites planétaires, La Découverte, coll. « Repères », (ISBN9782348046230), p. 19-34.
↑J. C. Orr, V. J. Fabry, O. Aumont, Laurent Bopp, S. C. Doney, R. A. Feely, A. Gnanadesikan, N. Gruber, A. Ishida, F. Joos, R. M. Key, K. Lindsay, E. Maier-Reimer, R. Matear, P. Monfray, A. Mouchet, R. G. Najjar, G.-K. Plattner, K. B. Rodgers, C. L. Sabine, J. L. Sarmiento, R. Schlitzer, R. D. Slater, I. J. Totterdell, M.-F. Weirig, Y. Yamanaka, A. Yool, "Anthropogenic ocean acidification over the twenty-first century and its impact on calcifying organisms", Nature, vol. 437, 29 septembre 2005, p. 681–686, doi:10.1038/nature04095
Jean-Paul Loreau, Sédiments aragonitiques et leur genèse, Paris, Editions du Muséum, coll. « Mémoires du Muséum national d'histoire naturelle / Sciences de la terre » (no 47), , 312 p. (ISBN978-2-85653-118-1, OCLC21625698)