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Antonín Leopold Dvořák naît le à Nelahozeves, un village de Bohême (empire d'Autriche) situé au nord de Prague le long de la rivière Vltava, où ses parents tiennent une boucherie-auberge[1],[2]. Il est l'aîné d'une famille de neuf enfants[1].
Il découvre la musique dès son jeune âge à l'auberge familiale, et apprend rapidement le violon avec son instituteur, ce qui lui permet de jouer à l'orchestre du village et aux bals de l'auberge[1],[2]. Si son talent musical est manifeste et encouragé, son père le destine encore à prendre sa suite à la boucherie-auberge[1]. Vers l'âge de douze ans, ses parents l'envoient chez un oncle et une tante à Zlonice, où il étudie le piano, l'orgue et l'harmonie[1],[Note 1]. Il y apprend également l’allemand, la langue officielle de l’administration impériale autrichienne. Il compose ses premières polkas durant cette période[1].
À son retour vers l'âge de quinze ans, il travaille un temps à la boucherie familiale, jusqu'à ce que ses professeurs convainquent son père de l'envoyer à l'école d'orgue de Prague en 1857[2]. En parallèle des deux années de formation qu'il y suit, il joue dans diverses auberges et groupes, et donne des cours de musique pour subvenir à ses besoins[1]. Diplômé et lauréat d'un second prix, il rejoint la Prager Kapelle de Karl Komzak, un orchestre de variétés, où il tient la partie d’alto. En 1862, la Prager Kapelle est intégrée au nouvel orchestre du Théâtre provisoire de Prague, ainsi nommé dans l’attente de la fondation d'un véritable opéra — le Théâtre national de Prague verra le jour en 1881, mais il devra être une nouvelle fois inauguré en 1883 à la suite d’un incendie.
Son expérience de musicien d’orchestre lui permet de découvrir de l'intérieur un vaste répertoire classique et contemporain. Il joue sous la baguette de Bedřich Smetana, Richard Wagner, Mili Balakirev… et trouve le temps de composer des œuvres ambitieuses, dont deux premières symphonies en 1865.
Dvořák démissionne de l’orchestre en 1871 pour se consacrer à la composition. Il vit de leçons particulières, avant d’obtenir un poste d’organiste à l’église Saint-Adalbert (1874).
Dvořák tombe amoureux d'une de ses élèves, Josefina Čermáková. Il écrit un cycle de chansons, « Les Cyprès », pour tenter de conquérir son cœur. Cependant, elle épouse un autre homme, et en 1873 Dvořák épouse Anna, la sœur de Josefina. De cette union naissent neuf enfants.
Alors qu’il obtient ses premiers succès locaux (cantateHymnus en 1873 sous la direction de son ami Karel Bendl), un jury viennois reconnaît la qualité de ses compositions et lui octroie une bourse, qui sera renouvelée cinq années consécutives. Cela lui permet d’entrer en contact avec Johannes Brahms, qui deviendra son ami et le présentera à son éditeur Fritz Simrock. D’autres musiciens illustres comme les chefs d’orchestre Hans von Bülow et Hans Richter, les violonistes Joseph Joachim et Joseph Hellmesberger, et plus tard le Quatuor tchèque, auront fait beaucoup pour la diffusion de sa musique.
Célèbre dans tout le monde musical, il est nommé de 1892 à 1895 directeur du Conservatoire national de New York. Il y tient une classe de composition. Sa première œuvre composée aux États-Unis est la 9e symphonie, dite « Du Nouveau Monde ». Son succès est foudroyant et ne s'est jamais démenti depuis la première audition. Une juste reconnaissance qui masque pourtant la beauté et l’originalité des autres symphonies de maturité. Son intérêt pour la musique noire soulève une très vive controverse, dont on perçoit l’écho sur le Vieux Continent. Son séjour en Amérique du Nord voit naître d’autres compositions très populaires, comme le 12e Quatuor (dans lequel il emploie des procédés caractéristiques du blues) et le célèbre 2eConcerto pour violoncelle, qui sera terminé sur le sol européen.
De retour en Bohême, où il retrouve sa douce vie à la campagne, il compose plusieurs poèmes symphoniques : L’Ondin, La Sorcière de midi, Le Rouet d’or, Le Pigeon des bois, inspirés par les légendes mises en vers par Karel Jaromír Erben. Dvořák renouvelle le genre en inventant un procédé de narration musicale fondé sur la prosodie de la langue parlée. Ce procédé dit des « intonations » sera repris par Leoš Janáček.
La fin de sa vie est surtout consacrée à la composition d’opéras dont le plus célèbre reste Rusalka, créé en 1901. Pendant cette période, il dirige également le Conservatoire de Prague.
Antonín Dvořák est enterré au cimetière historique de Vyšehrad, sur une colline dominant la ville de Prague (le même cimetière que Bedřich Smetana).
Sa musique est colorée et rythmée, inspirée à la fois par l’héritage savant européen et par l'influence du folklore national tchèque mais aussi américain (negro spirituals ou chansons populaires). Dvořák est l'un des rares exemples de compositeur romantique ayant abordé avec succès tous les genres, à la seule exception du ballet. Bien que sa musique ait eu du mal à s'imposer en France, Dvořák était considéré de son vivant comme un personnage de stature internationale. En 1904, quelques semaines avant sa disparition, des émissaires de la mairie de Paris firent un voyage en Bohême pour lui remettre une médaille d'or décernée par le conseil municipal[4].
Plusieurs thèmes de Dvořák ont été repris dans la musique populaire. La chanson Initials B.B. de Serge Gainsbourg rappelle un thème de la symphonie Du Nouveau Monde (symphonie no 9 en mi mineur).
Le catalogue des œuvres de Dvořák par numéro d'opus est passablement confus. Certaines œuvres ont porté deux voire trois numéros différents, l'ordre chronologique n'est pas toujours respecté et des œuvres ne portent pas de numéro. Il est donc préférable d'adopter la nomenclature proposée par Jarmil Burghauser. Dans cette dernière, la lettre B est utilisée, suivie d'un chiffre correspondant à l'ordre chronologique réel des compositions. Ce système va de B. 1 (une polka pour piano composée vers 1856 et qui est la plus ancienne œuvre conservée) jusqu'à B. 206 pour son opéra Armide, sa dernière œuvre achevée.
Musique symphonique
Pendant longtemps, seules cinq symphonies du compositeur étaient connues, numérotées de 1 à 5, dans l'ordre de leur publication (qui ne correspond pas entièrement à l'ordre de leur composition). Ainsi, la Symphonie du Nouveau Monde porte alors le numéro 5, et le dictionnaire Robert des noms propres affirmait encore dans les années 1990 que Dvořák était l'auteur de cinq symphonies. Quelques rares spécialistes connaissaient l'existence du cycle complet, mais il faut attendre les années 1960 pour que paraisse la première édition critique des neuf symphonies dans leur numérotation actuelle. Du jour au lendemain, pas moins de quatre « nouvelles » symphonies de Dvořák étaient offertes au monde musical. Aussitôt plusieurs chefs s'y consacrèrent, enregistrant de véritables intégrales discographiques des neuf symphonies : le Polonais Witold Rowicki (Philips), le Hongrois István Kertész (Decca London) et les Tchèques Rafael Kubelík (DG) et Václav Neumann (Supraphon). D'autres intégrales s'ajoutèrent au fil des ans : notamment celles d'Otmar Suitner (Edel Classics), de Neeme Järvi (Chandos) et de Stephen Gunzenhauser (Naxos). Neumann refit une intégrale à l'ère numérique (Supraphon).
3 rhapsodies slaves (op. 45) et rhapsodie en la mineur (op.14)
Les Variations symphoniques (Symfonické variace z písně „Já jsem huslař“), B. 70 (op. 78, 1877)
Ma patrie, ouverture, B. 125a (extraite de la musique de scène pour la pièce de F. F. Samberka : “ Josef Kajetán Tyl ”, B. 125 (Op. 62, 1882)
Un triptyque d'ouvertures intitulé Nature, Vie et Amour (au départ sous le seul op.91, puis le compositeur décida de donner à chacune des œuvres un numéro) :
Quintette pour cordes en sol majeur, B. 49 (opus 77), pour quatuor à cordes et contrebasse; la version d'origine, de 1875, désignée comme op. 18, était en cinq mouvements, puis Dvořák l'a révisée en 1888 en supprimant le deuxième mouvement, un intermezzo marqué Andante religioso. Molto adagio;
Quintette pour piano et cordes en la majeur Op. 5 (œuvre de jeunesse)
Dans les années 50, le guitariste américain Chet Atkins interprete le titre Humoresque en live au Grand Ole Opry[réf. nécessaire].
Notes et références
Notes
↑Si des biographies du XXe siècle affirment qu'il a été envoyé à Zlonice pour apprendre les métiers de ses parents, il a été prouvé que le certificat d'apprentissage était un faux[3].
Alain Chotil-Fani et Éric Baude, Antonín Dvořák : un musicien par-delà les frontières, Paris, éditions Buchet-Chastel, coll. « Musique », 2007 (ISBN978-2-2830-2010-4), 432 pages
Philippe Simon, Antonín Dvořák, Drize-Genève, éditions Papillon, coll. "Mélophiles", 2004, (ISBN2-940310-19-X), 142 pages (avec illustrations).