Alois Alzheimer est le deuxième fils d'Eduard Alzheimer (Kassel, - Aschaffenbourg / Bavière,10 décembre 1891), notaire royal de Bavière à Marktbreit, et de Theresia Barbara Busch (Gemünden, - ?), sœur de sa première épouse défunte (Eva-Maria Busch)[1],[2],[3].
Il se marie en avec Cecille Simonette Nathalie Geisenheimer, née Wallerstein ( - ), qui lui a été présentée par Wilhelm Erb lors d'un séjour en Algérie[3]. Ils ont trois enfants : Gertrud (1895), Hans (1896) et Maria (1900)[1].
Années à Francfort-sur-le-Main (1888-1902)
En , il est nommé médecin à l’Asile municipal pour les maladies mentales et les épileptiques (Städtische Heilanstalt für Irre und Epileptische) de Francfort-sur-le-Main[3]. Il y côtoie notamment le psychiatre Emil Sioli(de) (directeur de l'établissement) et le neurologue Franz Nissl[3]. Ensemble, ils étudient l'anatomie normale et pathologique du cortex cérébral, et publient six volumes de 1904 à 1918[3],[7].
Il rencontre également Emil Kraepelin, qui devient un de ses mentors.
Il fonde l'école de neuropathologie de Munich et est nommé professeur assistant de psychiatrie au Ludwig Maximilian University en 1908, puis professeur de psychiatrie et directeur du Neurologic and Psychiatric Institute of the Silesian Friederich-Wilhelm University à Breslau en [4].
Années à Breslau (1912-1915)
Durant un trajet à Breslau en , il tombe malade et développe une endocardite sub-aiguë[3]. Hospitalisé en , sa santé se détériore et il décède à l'âge de 51 ans des suites des complications rénales et cardiaques d'un rhumatisme articulaire aigu. Il est enterré au cimetière principal de Francfort, auprès de sa femme.
Le cas Auguste Deter
Auguste Deter(en) ( - )[3],[9], est admise à l'hôpital de Francfort le , atteinte d'une démence. Elle est suivie par le Dr Alzheimer jusqu'à sa mort.
En raison du coût de l'hôpital de Francfort, le mari d'Auguste Deter envisage de la transférer vers un centre moins coûteux ; Alois Alzheimer négocie le maintien à Francfort en échange de la possibilité de réaliser l'autopsie cérébrale à Munich après son décès[10]. L'autopsie permet d'y découvrir les anomalies qui deviendront caractéristiques de la maladie : plaques amyloïdes et dégénérescence neurofibrillaire.
Il décrit pour la première fois les symptômes de la dégénérescence corticale et l'analyse histologique du cerveau le , lors de la 37e conférence des psychiatres allemands du Sud-Ouest à Tübingen[3].
Par la suite, plusieurs autres médecins (Fisher en 1907, Bonfiglio en 1908, Perusini en 1909 qui réétudie le cerveau d'Auguste Deter) vont confirmer sa découverte. Alzheimer publie un deuxième cas identique en 1911 (Johann F.)[11].
C'est le psychiatre renommé Emil Kraepelin, qui est à l'époque responsable de la chaire de psychiatrie de Munich, qui propose en 1910 de désigner ce type de démence par le nom de son collègue[12].
Alzheimer a fini par concevoir « sa » maladie comme étant principalement caractérisée cliniquement par une démence sévère avec des symptômes instrumentaux, et anatomo-pathologiquement par des dégénérescences neurofibrillaires étendues[13]. Il a eu un débat acharné avec Oskar Fischer, un anatomopathologiste germanophone de Prague, qui a plutôt insisté sur l'importance des plaques neuritiques et de la presbyophrénie en tant que phénotype[13]. Enfin, il faut souligner que les considérations nosologiques de Fischer et Alzheimer ont eu moins d'impact que le manuel de psychiatrie de Kraepelin de 1910, qui faisait la distinction entre la « maladie d'Alzheimer » et la démence sénile, y compris la presbyophrénie. Ce manuel a fortement influencé la recherche sur la démence sénile au début du 20e siècle et a joué un rôle important dans la classification de la démence au cours des décennies suivantes[13].
Le cas Auguste Deter : une authentique maladie d'Alzheimer ?
Dans les années 1990, des critiques sur le cas Auguste Deter ont été formulées ; une nouvelle analyse publiée en 1998 a confirmé qu'Auguste Deter a bien eu ce qui est maintenant appelé une maladie d'Alzheimer[15]. Le deuxième cas de Johann F. (1911) a été confirmé par la même équipe[11].
Notes et références
Notes
↑Le prénom Alois, diminutif d'Aloysius, est parfois francisé en Aloïs.
↑ ab et c(de) Georg Stertz, « Alzheimer, Alois », sur www.deutsche-biographie.de Neue Deutsche Biographie (NDB). Band 1, Duncker & Humblot, Berlin, (ISBN3-428-00182-6), p. 236.
↑(en) G. Devi et W. Quitschke, « Alois Alzheimer, neuroscientist (1864-1915) », Alzheimer Disease and Associated Disorders, vol. 13, , p. 132–137 (ISSN0893-0341, PMID10485571, lire en ligne, consulté le ).
↑(de) Alois Alzheimer, Über die Ohrenschmalzdrüsen, Wurtzbourg, Stahel, (lire en ligne).
↑(de) Franz Nissl et Alois Alzheimer, Histologische und histopathologische Arbeiten über die Grosshirnrinde mit besonderer Berücksichtigung der pathologischen Anatomie der Geisteskrankheiten, Jena, G. Fischer, (lire en ligne).
↑(en) Eric J. Engstrom, « Researching Dementia in Imperial Germany: Alois Alzheimer and the Economies of Psychiatric Practice », Culture, Medicine and Psychiatry, vol. 31, , p. 405–413 (ISSN0165-005X et 1573-076X, DOI10.1007/s11013-007-9060-4, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bM. B. Graeber, S. Kösel, R. Egensperger et R. B. Banati, « Rediscovery of the case described by Alois Alzheimer in 1911: historical, histological and molecular genetic analysis », Neurogenetics, vol. 1, , p. 73–80 (ISSN1364-6745, PMID10735278, lire en ligne, consulté le ).
↑(de) Emil Kraepelin et Walter E. Fernald State School. Howe Library, Psychiatrie : ein Lehrbuch für Studierende und Ärzte, Leipzig : Barth, (lire en ligne).
↑(en) M. B. Graeber et Parviz Mehraein, « Reanalysis of the first case of Alzheimer’s disease », European Archives of Psychiatry and Clinical Neuroscience, vol. 249, , S10–S13 (ISSN0940-1334 et 1433-8491, DOI10.1007/PL00014167, lire en ligne, consulté le ).
Wolf Lübbers, Christian Lübbers(de): Gegen das Vergessen. Alois Alzheimers Dissertation über Ohrenschmalzdrüsen von 1888, in: HNO-Nachrichten, 47. Jg. 2017, Heft 5, S. 66–68 (online)
Konrad und Ulrike Maurer: Alzheimer – Das Leben eines Arztes und die Karriere einer Krankheit; Piper, München 1998 (ISBN3-492-04061-6); Piper Taschenbuch 2000 (ISBN3-492-23220-5)