Aimable Pluchart naît à Trith-Saint-Léger le [2]. Il est le fils de Louis Alexandre Pluchart (1897-1980) et d'Angèle Augusta Rooms (1897-1981). Son père travaille à la mine et encourage son fils[3] à entrer, à l'âge de sept ans, dans la fanfare du village comme trompettiste. Mais, ayant des lèvres trop fragiles, Aimable opte pour le saxophone soprano.
Un accordéoniste jouant d'oreille l'initie à son instrument en collant des timbres-poste de différentes couleurs sur les touches. Au bout d'un an d'étude, Émile Larchanché, père de Maurice Larcange, devient le professeur d'Aimable et reprend les choses en main. La méthode d'enseignement de Larchanché donne des résultats qui ne tardent pas à se faire sentir[4]. À l'âge de 11 ans, accompagné par son père à la batterie, Aimable se produit dans une brasserie. Il doit apprendre le métier d'ajusteur tout en travaillant son instrument[5].
Le jour de ses 18 ans, le , les Allemands envahissent la Belgique. Aimable fuit à vélo vers Paris, où il partage une chambre avec deux étudiants des Arts et Métiers. Il fait la quête sur les marches du Sacré-Cœur, au cabaret Chez Ma Cousine, place du Tertre, ou encore au Poulailler. Il joue les succès du moment, puis trouve un boulot de vernisseur de piano et, par la suite, se fait engager au Tonneau, sur les Grands Boulevards. Le soir, le patron, satisfait, l'invite à revenir le lendemain. Il lui propose de trouver un deuxième musicien, en l'occurrence un banjo ; par la suite viennent un batteur puis un saxophoniste : le premier orchestre d'Aimable vient de naître[5].
En 1942, sa popularité grandissante l'entraîne au Floréal, où se retrouvent tous les musiciens de jazz. Il y rencontre ainsi des vedettes comme Albert Nicholas, André Persiani, Django Reinhardt, etc. Les improvisations sur les thèmes de Louis Armstrong, Duke Ellington… lui donnent rapidement l'idée d'apprendre les rythmes de jazz, mais il restera attaché au genre musette[5].
Il s'engage en 1944 dans la 2e DB. Avec son accordéon, il est engagé par un orchestre philippin, dans lequel il est le seul Occidental. Il joue pendant cinq années en Indochine, en Inde, à Singapour, à Hong Kong, à Ceylan… Après quoi, ayant acquis une solide technique, il est de retour en France[5].
En France, il enregistre fidèlement aux studios de la firme Vogue à Villetaneuse, qui annonce publiquement le chiffre de 8 millions de disques. Il obtient, en 1953 et en 1956, la consécration de l'Académie Charles-Cros et celle du Grand prix du disque français. Il se dit dans le milieu des accordéonistes qu'il a « usé » 37 accordéons dont 30 Fratelli Crosio. Parmi ses musiciens, on compte le trompettiste Bertrand Dujardin (1947-2024).
Sa production dépasse les 400 pièces, dont des collaborations, L'Italienne à Paris, Si tu veux pardonner, Madison City et Sans respirer avec Maurice Larcange, L'Âme des accordéons, Calamar, Musette boy, Vive les mineurs, Bidule-musette, Escapade, Quand tu reviendras avec André Verchuren. En 1963, il collabore avec Eddie Barclay à la réalisation d'un disque de l'accordéoniste Lulu Charleu.
↑« On a tous été malheureux dans la famille, moi compris. Faut que ça cesse. La mine, c'est l'enfer et je ne veux pas que tu y crèves à petit feu… J'avais pensé à une carrière dans l'instruction publique mais… puisque la musique te rentre si facilement dans la tête et que ça te sort par la bouche, ça pourrait aussi bien te sortir par les doigts », phrase rapportée par Aimable dans son portrait-interview fait par Christine Descateaux, publié dans Télé 7 joursno 1144, semaine du 1er au , p. 104-106.